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Culture - Concert

Deux pianos pour un chant obstiné

« Canto ostinato », une partition insolite signée du Hollandais Siméon ten Holt, avec deux pianos, a résonné sous les voûtes de l’Assembly Hall.

Le duo de pianistes présentant une musique expérimentale. Photo Hassan Assal

D’une traite, quatre-vingt-dix minutes de notes répétitives. Malgré leur talent, les deux pianistes Andreas Henkel et Stefan Eder n’ont pu sauver le public d’une certaine lassitude et irritation.
Avec un public clairsemé, dans une salle frigorifiée par les climatiseurs et sous les auspices du Kulturzentrum, un concert pour deux pianos a été organisé à l’Assembly Hall (AUB). Au menu, se voulant pointu et révélateur d’un compositeur peu connu du public, Canto ostinato (Un chant obstiné), une œuvre du Hollandais Siméon ten Holt, élève d’Arthur Honneger et de Darius Milhaud, décédé à 89 ans en novembre de l’année dernière.
Une œuvre de musique contemporaine, iconoclaste et originale qui, sans dissonance totale et stridence outrancière, lâche, en une quête sonore obsessionnelle et obsédante, les anneaux de son interminable phrase aux véhémences
soutenues.
À découvert, le premier piano fait résonner les premières tonalités, vite rejoint par le second clavier qui emboîte le pas à une mélodie aux cercles fermés. Cercles concentriques qui s’élargissent et se répandent à l’infini sur la surface de l’eau quand une pierre est jetée dans une mare. Comme une chaconne tonitruante qui aurait perdu sa clef de sortie, comme une fugue emprisonnée dans des cadences sans issue.
Jeu des tonalités et variations entre pianissimos et fortissimos aux contrastes peu marqués, comme une torrentielle et intempestive chill out music, sirupeuse, ronflante tels des orgues déchaînés vide de sentiments, d’émotions, aseptisée.
Accélération pour une phrase interminable aux «cellules» placées sous le signe de la répétition, de la persistance, de l’insistance, d’un tournis de toupie, d’un mouvement giratoire de derviche... Sans paroxysme ni extase final. Ampleur et résonances vaines pour une partition qui se prévaut de toutes les libertés. Aussi bien d’instruments que d’interprétation.
Deux ou cinq pianos (d’ailleurs, ce même opus, qui a fait la popularité de Holt, a été donné pour cinq claviers à la gare d’Utrecht en 2007, ainsi que des versions avec harpe et percussions électroniques) pour cette narration hors norme, à l’équilibre nerveux, aux harmonies tendues. Un appel tenace pour une rêverie qui ne viendra jamais dans cette houle de notes se multipliant comme des flots qui grondent et menacent. Pour les jeux des pianistes, liberté aussi, certes, mais sans compter la fatigue des doigts qui ne peuvent s’empêcher d’écrabouiller certaines touches tant la longueur et les répétitions sont exigeantes et fastidieuses.
Pour un public déjà maigre au départ, la salle s’est progressivement vidée avec la sortie en douce, à la pointe des pieds, de nombreux auditeurs excédés.
Quatre-vingt-dix minutes sans arrêt, c’est bien long pour un concert de musique expérimentale, exploratoire. Par-delà le louable effort des deux pianistes à défendre cette œuvre ardue, raccourcir le supplice de cette tautologie sonore aurait été salué avec intérêt.
Pour conclure, on aimerait citer le sage Molière: «À vouloir se montrer par trop original, on joue au vieux bon sens un tour bien infernal.»
D’une traite, quatre-vingt-dix minutes de notes répétitives. Malgré leur talent, les deux pianistes Andreas Henkel et Stefan Eder n’ont pu sauver le public d’une certaine lassitude et irritation.Avec un public clairsemé, dans une salle frigorifiée par les climatiseurs et sous les auspices du Kulturzentrum, un concert pour deux pianos a été organisé à l’Assembly Hall (AUB). Au...

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