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À La Une - L’éditorial de Issa GORAIEB

Mourir pour Qousseir

Pour qui meurent-ils ? Pour quelle obscure cause sacrifient-ils, par dizaines entières, leurs vies, dans une non moins obscure bourgade de Syrie, ces combattants libanais du Hezbollah dont on nous a longtemps assuré qu’ils étaient voués à la lutte contre l’occupant israélien ?

 

D’une considérable portée est, à plus d’un titre, l’actuelle bataille de Qousseir. Au plan strictement stratégique, le contrôle de cette localité est vital pour le régime baassiste, car elle assure la liaison terrestre entre Damas et le littoral alaouite. Pour cette même raison, il en va de même pour les insurgés : la ville se trouvant être, en outre, un des principaux points de passage pour leurs renforts en armes et combattants en provenance du Liban.


Plus déterminantes encore cependant sont les implications et retombées politiques du chaudron de Qousseir où les considérables pertes du Hezbollah sont venues illustrer en effet, avec plus de clarté que jamais, le rôle croissant que jouent les unités d’élite du Hezbollah dans la répression de la rébellion. Par l’importance de ses enjeux et l’ampleur des moyens militaires mis en œuvre, mais aussi par les atrocités qui l’ont émaillé, cet épisode n’a pas manqué de susciter un vif émoi international.


À l’initiative du Royaume-Uni, l’Union européenne songe ainsi à placer la branche armée du Hezbollah sur la liste des organisations terroristes. Pour sa part, et dans un entretien téléphonique lundi avec Michel Sleiman, Barack Obama n’a pas tari d’éloges sur la sage gestion de ce dernier. En revanche (et ce détail a été de puérile façon censuré dans le communiqué publié par la présidence de la République), il n’a pas manqué de s’étonner de la profonde contradiction entre la présence active du Hezbollah en Syrie et la politique de distanciation que s’est officiellement assignée l’État libanais.


De cette même et flagrante contradiction, les Libanais – tous les Libanais, y compris les partisans ou alliés du Hezbollah, tel le général Michel Aoun – ont bien davantage de raisons de s’alarmer que le chef de la Maison-Blanche. Car non seulement la frénésie guerrière de la milice répond à des impératifs qui, à l’évidence, n’ont rien de libanais, et va jusqu’à menacer gravement la sécurité et l’intégrité de notre pays, dans le contexte explosif qui règne sur la région. Mais elle est aussi, et surtout, un coup des plus sévères porté au tissu national. En effet, le Hezbollah ne se bat pas seulement pour la survie d’une odieuse dictature, pas seulement non plus parce que tels sont les ordres des mollahs d’Iran, mais, chaque jour de manière plus visible, parce qu’il s’est embrigadé à fond dans la grande confrontation entre les deux branches de l’islam.


Il n’est pas seul hélas à le faire, objectera-t-on. C’est vrai, du moment que ce sont en réalité deux islamismes libanais, le sunnite et le chiite, qui guerroient actuellement en Syrie. Face toutefois aux groupuscules originaires pour la plupart du Liban-Nord et qui prêtent main forte aux rebelles, écrasante demeure la responsabilité d’un parti aussi structuré, aussi formidablement armé, aussi substantiellement représenté au Parlement comme au gouvernement que le parti qui s’est arrogé le parrainage de Dieu.


Issa GORAIEB
igor@lorient-lejour.com.lb

Pour qui meurent-ils ? Pour quelle obscure cause sacrifient-ils, par dizaines entières, leurs vies, dans une non moins obscure bourgade de Syrie, ces combattants libanais du Hezbollah dont on nous a longtemps assuré qu’ils étaient voués à la lutte contre l’occupant israélien ?
 
D’une considérable portée est, à plus d’un titre, l’actuelle bataille de Qousseir. Au plan...

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