Rechercher
Rechercher

À La Une - L’éditorial de Issa GORAIEB

Pension pas complète

Recevant Recep Teyip Erdogan, jeudi à la Maison-Blanche, Barack Obama n’a pas eu trop de mots pour vanter l’extraordinaire générosité de la Turquie, qui a accueilli un peu moins de 400 000 réfugiés syriens sur son territoire. Hommage mérité, bien sûr ; mais au fond, un tel coup de chapeau n’est-il pas naturellement dû à tout bon Samaritain ?

Or il en existe plus d’un, fort heureusement d’ailleurs pour les malheureux Syriens fuyant leur pays en flammes. Maints de ces pays d’accueil sont loin cependant de détenir les moyens de la Turquie, pas plus que leur sens de l’hospitalité ne répond aux mêmes motivations. Car après tout, et face au grand schisme entre sunnites et chiites au Proche et Moyen-Orient, ce n’est pas seulement en voisin compatissant que se comporte en réalité Ankara : c’est aussi et surtout en partie prenante, légitimement et activement concernée. Ainsi, et dès le premier instant de l’insurrection syrienne, le gouvernement islamiste modéré d’Erdogan a apporté à celle-ci un soutien qui n’a fait qu’aller crescendo, en fait de financement, d’armement et d’entraînement des rebelles.

En revanche, et à la différence d’une Turquie volontariste, engagée, voire impliquée, une Turquie 78 fois plus vaste et 15 fois plus peuplée, c’est d’une générosité on ne peut plus désintéressée qu’a fait preuve notre pays envers les réfugiés, accueillant en effet un nombre plus considérable encore. Générosité forcée, à vrai dire, car obéissant exclusivement à des considérations humanitaires, loin bien évidemment de toute velléité de politique de grandeur. Car si des Libanais combattent bel et bien aux côtés de l’un ou l’autre des protagonistes de Syrie, le Liban officiel, lui, s’efforce, tant bien que mal, de se garder du brasier syrien, ce qui lui a valu, au demeurant, la compréhension et l’appui de la communauté internationale.

Le président des États-Unis n’y a peut-être pas songé, mais toutes proportions gardées, la masse de réfugiés syriens venus au Liban équivaut à plus d’une vingtaine de millions de sans-abri qui débarqueraient sans crier gare sur le sol américain. Que l’on ajoute à ces hôtes par nécessité les centaines de milliers d’ouvriers syriens travaillant au Liban, que l’on y ajoute encore le demi-million ou presque de Palestiniens réfugiés de longue date, et le Liban se retrouve avec un bon quart de sa population constitué d’étrangers répondant difficilement au statut de paisibles touristes.

Parlant de statut, c’est celui de pays-refuge, de havre pour les opprimés de cette région, que l’histoire a conféré (imposé ?) au Liban. Or il s’en trouve bien mal récompensé. Et cela pas seulement parce que les Puissances, si promptes pourtant à dénoncer les horreurs de Syrie, ne lui octroient qu’au compte-gouttes les contributions financières qui lui permettraient de gérer dans la dignité le douloureux dossier des réfugiés. C’est d’engagements crédibles dans cette partie tourmentée du globe, lesquels seront déterminants pour son propre devenir, qu’attend surtout de ces puissances le Liban plus que millénaire. Otage du conflit de Palestine, notre pays l’est aussi désormais de la crise de Syrie. Faute de mieux et de plus consistant, il mériterait lui aussi une reconnaissance effective et durable de sa magnifique et néanmoins hasardeuse générosité.

Can you, Mister President ?

Issa GORAIEB

igor@lorient-lejour.com.lb

Recevant Recep Teyip Erdogan, jeudi à la Maison-Blanche, Barack Obama n’a pas eu trop de mots pour vanter l’extraordinaire générosité de la Turquie, qui a accueilli un peu moins de 400 000 réfugiés syriens sur son territoire. Hommage mérité, bien sûr ; mais au fond, un tel coup de chapeau n’est-il pas naturellement dû à tout bon Samaritain ? Or il en existe plus d’un, fort...

commentaires (1)

C'est bien de demander une reconnaissance et de s'apesantir sur les moyens de faire face à cette hémorragie, mais au président yanky et à tous les autres conseilleurs il faudra leur dire basta, on ne veut plus rien acceuillir chez nous.Se goinfrer de refugiés est plus nocif que de les recevoir avec tout l'or du monde.

Jaber Kamel

11 h 54, le 19 mai 2013

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • C'est bien de demander une reconnaissance et de s'apesantir sur les moyens de faire face à cette hémorragie, mais au président yanky et à tous les autres conseilleurs il faudra leur dire basta, on ne veut plus rien acceuillir chez nous.Se goinfrer de refugiés est plus nocif que de les recevoir avec tout l'or du monde.

    Jaber Kamel

    11 h 54, le 19 mai 2013

Retour en haut