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Égypte : il se travestit pour vivre « en vrai » le harcèlement sexuel

Walid Hammam après maquillage. Photo YouTube

Voilée ou pas, si vous êtes une femme et que vous sortez dans les rues d’Égypte, vous serez très probablement victime de harcèlement sexuel. À en croire un rapport des Nations unies, publié en avril dernier, 99,3 % des femmes, égyptiennes ou étrangères, ont été verbalement ou physiquement harcelées en Égypte. Le reste, 0,7 % des femmes, affirme ne pas sortir de la maison...


Pour dénoncer ce fléau, une chaîne privée égyptienne décide d’aborder le sujet sous un angle inédit : ONTV invite Walid Hammam, un jeune acteur égyptien, à se travestir et à déambuler dans les rues du Caire pour « expérimenter en vrai » le harcèlement sexuel. Déguisé en femme, le jeune homme de 24 ans tente l’expérience à deux reprises (question de briser les mythes qui entourent le sujet) : la première fois, il sort la tête découverte, la seconde fois, voilée. Le constat est édifiant : « voilé », Walid subi un harcèlement plus agressif, des remarques plus obscènes et des gestes encore plus déplacés...


L’expérience, filmée dans son intégralité, est disponible sur le site de l’émission Awal el-Kheit, ainsi que sur YouTube. Sur la vidéo, le jeune acteur affirme avoir vécu des moments « très angoissants ».

 

 

« Des hommes conduisant de très jolies voitures et portant une veste m’ont invité à faire un tour avec eux, un autre m’a suivi pendant près d’une demi-heure pour me convaincre de rejoindre un “client” qui était prêt à me payer entre 400 et 500 dollars pour trois nuitées dans un hôtel, et un troisième a attrapé mon bras pour me demander de sortir avec lui... » raconte Walid. Selon lui, être une femme et marcher dans les rues du Caire est un vrai acte de courage. « Déguisé en femme, j’ai senti que je devais calculer tous mes mouvements, tous mes regards, mes vêtements, ma manière de marcher, dit-il. D’habitude, quand je marche dans la rue, je ne prête attention à rien. Mais, en tant que femme, j’ai dû faire un effort monumental aussi bien physique que moral... C’est comme si les femmes étaient toujours entourées. Il y a des yeux partout : devant, derrière, à gauche, à droite... Il faut faire attention à beaucoup de choses. Personne n’est capable de rester aussi attentif, tout le temps, surtout si c’est pour une petite promenade dans la rue. »


Depuis la révolution de janvier 2011 qui a mené à la chute du régime de Hosni Moubarak, plusieurs femmes, égyptiennes ou étrangères, journalistes, activistes ou simples citoyennes, ont rapporté avoir été victimes de véritables agressions sexuelles, voire de viols.
En juin, un groupe d’hommes a attaqué et agressé sexuellement plusieurs manifestantes lors d'une marche visant à dénoncer le « terrorisme sexuel » en Égypte.


Ces attaques ont été particulièrement médiatisées après l’agression, place Tahrir, de la journaliste américaine Lara Logan le 11 février 2011, et de la correspondante en Égypte de France 24, Sonia Dridi, fin octobre. Cette dernière a raconté avoir été encerclée par une foule de jeunes gens, qui ont commencé à la toucher alors qu’elle intervenait en direct sur la chaîne d’information en continu. L’agression a duré plusieurs minutes, avant qu’un ami ne parvienne à la sauver.


Au lendemain de cet incident, le Premier ministre égyptien, Hicham Kandil, avait affirmé que le gouvernement, en collaboration avec le Conseil national de la femme, travaillait sur un projet de loi visant à combattre le harcèlement dans la rue en imposant de lourdes peines aux coupables.


Depuis, sept mois sont passés et toujours rien...

 

 

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