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Nos Lecteurs ont la Parole - Courrier des lecteurs

À tous les réfugiés syriens au Liban

Il y a quelques jours, un article paru dans les colonnes de L’Orient-Le Jour concernant « Les rapports complexes et fiévreux entre Libanais et réfugiés syriens » m’a poussée à prendre la plume, écrire ces mots et « vider » ce trop-plein qui me hante depuis des années.


Je ne viens ni juger ni condamner. Je viens me libérer d’un poids que je supporte depuis trop longtemps. Je viens surtout expliquer mon inertie et mon indifférence envers ce flux de réfugiés qui envahit mon pays. Aujourd’hui, il est temps de remettre les pendules à l’heure, ces pendules qui se sont arrêtées un 13 avril 1975 et qui continuent de tourner à l’envers. Il est temps d’arrêter de faire comme si ces trente années de guerre et d’occupation n’avaient jamais existé. Certes, ces gens sont là malgré eux et ces enfants n’ont pas choisi de vivre dans ces conditions. Certes, leur vie est un cauchemar au quotidien et les Libanais ne sont pas toujours accueillants. Je l’admets, je l’avoue.


Mais aujourd’hui, je voudrais que la vérité éclate. Je voudrais raconter à ces réfugiés syriens nos trente années de cauchemars vécues sous l’occupation de leur armée. Je voudrais leur décrire notre peur, notre angoisse, notre humiliation face à leur armée qui a envahi nos vies un 13 avril et qui continue de le faire jusqu’à nos jours. Je voudrais leur dire que nous avons côtoyé la mort, comme eux, vécu les enlèvements, les tortures, les vols, et ce sous la botte de leurs soldats. Je voudrais leur décrire nos villes assiégées par les bombardements de leur armée, nos quartiers détruits par leur artillerie lourde, nos immeubles éventrés et le désespoir de ceux qui ont tout perdu. Je voudrais leur rappeler que nous aussi, nous avons connu l’humiliation du réfugié dans un pays hostile, que nous avons vu nos familles disloquées, nos jeunes partir et nos enfants ne jamais revenir. Je voudrais leur raconter les hurlements et les cris de ces gens qui ont succombé sous les coups et les tortures de leurs soldats dans ce fameux et sinistre Beau Rivage. Leur montrer l’image de nos jeunes, canardés en défendant leurs terres, écrasés sous les chars syriens à Zahlé, Souk el-Gharb, Achrafieh. Je voudrais leur décrire le désespoir des mères qui pleurent encore leurs enfants qui croupissent dans les geôles de leur pays depuis vingt ans. Je voudrais leur dire que leur plaie ne s’est pas encore refermée et qu’elles ne sont pas prêtes à pardonner.


Le passé est trop présent. Nous continuons à payer le prix de cette tutelle et nos souffrances ne sont pas près d’être oubliées.


Il y a quelques jours, un article paru dans les colonnes de L’Orient-Le Jour concernant « Les rapports complexes et fiévreux entre Libanais et réfugiés syriens » m’a poussée à prendre la plume, écrire ces mots et « vider » ce trop-plein qui me hante depuis des années.
Je ne viens ni juger ni condamner. Je viens me libérer d’un poids que je supporte depuis trop longtemps. Je...

commentaires (1)

Excellent article Lamia !! Joumana Sabbagh

Association Philippe Jabre

14 h 27, le 14 mai 2013

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Commentaires (1)

  • Excellent article Lamia !! Joumana Sabbagh

    Association Philippe Jabre

    14 h 27, le 14 mai 2013

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