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À La Une - Liban

Nasrallah, entre inconscience et culot

Le Hezbollah aidera la Syrie à libérer le Golan.

Hassan Nasrallah prononçant son discours, retransmis par vidéo, le 9 mai 2013.  REUTERS/Sharif Karim

L’occasion était le 25e anniversaire de la fondation de Radio al-Nour, mais le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, en a profité pour parler de la situation régionale, d’autant, comme il l’a dit lui-même, qu’il ne se passe pas grand-chose sur la scène locale. Et comme dans son précédent discours, il a parlé de stratégie, adoptant des positions sans détour. « Comme la Syrie s’est tenue aux côtés des résistances libanaise et palestinienne, nous nous tenons aujourd’hui aux côtés de la résistance syrienne dans le Golan », a-t-il martelé, ajoutant que « la résistance libanaise est prête à recevoir des armes qui peuvent briser l’équation en vigueur », comme a proposé d’en envoyer le président syrien.


À ces messages forts, Nasrallah a encore ajouté un autre : « Empêcher la Syrie de basculer entre les mains des États-Unis, d’Israël ou des takfiristes fait désormais partie de la bataille pour la Palestine. » Hassan Nasrallah a affirmé dans ce cadre que le Hezbollah aidera la Syrie à libérer le Golan. « Nous annonçons que nous sommes aux côtés de la résistance populaire syrienne et proposons notre soutien matériel et moral, ainsi qu’une coordination, en vue de libérer le Golan syrien », a-t-il affirmé sur ce plan.


Au niveau interne, il s’est contenté de quelques phrases, rappelant qu’avec ses alliés, le Hezbollah n’a pas voulu rééditer l’expérience du 14 Mars avec Mikati, en refusant de le nommer et de coopérer avec lui, avant de lui mener une guerre sans merci, au Liban et à l’étranger, pour le pousser à la démission. Le Hezbollah et ses alliés ont donc nommé Tammam Salam, « sachant qu’il a été choisi par le 14 Mars dont il est d’ailleurs une des figures ». « Mais le Hezbollah et ses alliés ont vu en lui une personne calme, modérée avec laquelle ils peuvent coopérer. Toutefois, si nous voulons participer, nous devons nous sentir présents », a précisé Hassan Nasrallah. C’est pourquoi il réclame avec son camp une représentation au gouvernement proportionnelle à leur poids au Parlement. Selon lui, l’intérêt national exige la formation d’un gouvernement de partenariat national, et il a souligné le fait qu’il ne faut pas perdre de temps. Au sujet des élections, il a rappelé que le Hezbollah votera en faveur du projet orthodoxe si celui-ci est soumis au vote le 15 mai. Mais si ce projet tombe, il reconnaît que son camp n’a pas de projet de rechange et il est prêt à tout discuter, car le pire pour lui, c’est le vide institutionnel.

Au sujet des pèlerins retenus à Aazaz, il a affirmé que le Hezbollah a fait tout ce qu’il devait faire, la balle étant maintenant dans le camp de Aazaz. Au sujet des obus qui tombent régulièrement au Hermel, il a annoncé d’un ton sibyllin qu’il y aura sans doute bientôt une solution.


Mais c’est surtout sur les dossiers palestinien et syrien que Nasrallah s’est étendu.


Au sujet de la situation en Palestine, il a précisé que « la menace ne porte plus seulement sur la terre et le peuple, mais sur l’identité et les symboles sacrés ». Tout en reconnaissant que « l’ennemi israélien sait saisir les chances qui s’offrent à lui », il a affirmé qu’Israël estime que « c’est un bon moment pour soutirer de nouvelles concessions aux Arabes, avec une Syrie neutralisée, une situation interne au Liban confuse, l’Iran encerclé... ». « Alors que beaucoup misaient sur le printemps arabe pour aboutir à une position plus ferme et plus noble en faveur des droits arabes, certains pays du printemps arabe, en plus de pays du Golfe, sont au contraire prêts à plus de concessions, a affirmé Nasrallah. Ceux-là considèrent la mosquée al-Aqsa comme un poids historique, non comme une cause, et ils attendent l’occasion de faire de nouvelles concessions... »


C’est pourquoi, selon lui, « on a vu des ministres arabes – dont certains des pays où le printemps a eu lieu – entourant le secrétaire d’État américain pour annoncer une nouvelle initiative arabe qui repose sur l’échange de terres ». « En dépit de son importance, Netanyahu a considéré que cette concession était insuffisante, a souligné Nasrallah. Ce qu’il faut pour le Premier ministre israélien, c’est reconnaître la judaïté de l’État d’Israël. Des dirigeants arabes sont prêts à accepter cette condition, mais ils ne sont pas prêts à aider des milliers de musulmans sunnites qui meurent de faim au Soudan, à aider les habitants de Jérusalem, s’est écrié Nasrallah. Ce qui pourrait donc se passer, c’est qu’Israël craigne un fait accompli et finisse par imposer la division de la mosquée al-Aqsa en deux, une pour les musulmans, l’autre pour les juifs. »

La crise syrienne
L’agression israélienne contre la Syrie a occupé une grande place dans le discours de Nasrallah. Selon lui, cette attaque avait plusieurs objectifs : d’abord, « sortir la Syrie du conflit arabo-israélien, d’autant que ce pays n’a pas signé de paix avec Israël, mais, au contraire, a aidé les résistances libanaise et palestinienne ». « Ensuite, le bombardement des alentours de Damas visait à faire plier le commandement syrien en lui disant que s’il continue à aider la résistance, Israël lui mènera une guerre véritable puisque Netanyahu avait affirmé que cette attaque vise à empêcher le renforcement des moyens du Hezbollah au Liban », a déclaré le chef du Hezbollah.

 

(Reportage : Ces Libanais prêts à mourir pour le Hezbollah en Syrie...)

Et d’ajouter : « La riposte syrienne ne s’est pas fait attendre. Certains voulaient une action directe, soit par souci du moral des populations arabes, soit pour entraîner le régime dans une guerre avec Israël qui l’enfoncerait encore plus. Mais le régime a préféré une autre façon de riposter. Il a d’abord déclaré que la Syrie va donner encore plus d’armes à la résistance, et même plus, des armes nouvelles qui remettent en question l’équation actuelle. En d’autres termes, la Syrie ne sera plus un passage pour les armes, mais leur origine. Et la deuxième riposte est l’ouverture du front du Golan. Alors qu’Israël veut sortir la Syrie du conflit arabo-israélien, le commandement syrien a décidé d’y entrer directement. Ce sont donc là des ripostes stratégiques. La troisième riposte a consisté dans l’installation de batteries de missiles et dans diverses autres mesures militaires qui ont poussé les Israéliens à multiplier les messages d’apaisement. »


(Pour mémoire : Les Israéliens de Haïfa sur le qui-vive face à d'éventuelles représailles du Hezbollah)


Nasrallah a encore rendu hommage au commandement syrien « qui a des nerfs solides, des convictions et une grande sagesse, doublée d’un cerveau stratégique ». Il faut, selon lui, « préserver cet axe qui a déjà remporté des victoires et mis en échec de nombreux projets préparés pour la région ». « Nous serons aux côtés de ceux qui se sont tenus à nos côtés depuis des dizaines d’années », a déclaré Nasrallah, qui a consacré une partie de son discours, occasion oblige, au rôle des médias, « qui peuvent faire partie intégrante de la résistance, tout en se souciant d’abord d’informer ». « C’est d’ailleurs, selon lui, ce qui rend crédibles les médias de la résistance. »

 

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