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Le PKK entame son retrait historique de Turquie

"Ils ont tué, pillé, menacé, mis la Turquie à feu et à sang, maintenant ils s'en vont librement avec leurs armes", s'insurge un journal d'opposition.

Des rebelles du PKK passent des montagnes de Turquie vers la frontière avec l'Irak, le 8 mai 2013.. AFP PHOTO/FIRAT NEWS AGENCY/STR

Les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ont entamé leur retrait de Turquie vers le nord de l'Irak, une opération qui s'inscrit dans le cadre d'un processus de paix pour mettre fin à près de 30 ans de conflit sanglant mais qui s'annonce délicate.


"Nous savons que le mouvement (de repli) des combattants a commencé", a affirmé mercredi à l'AFP Selahattin Demirtas, coprésident de la principale formation pro-kurde de Turquie, le Parti pour la paix et la démocratie (BDP).
M. Demirtas n'était toutefois pas en mesure de dire si le retrait avait débuté mercredi ou plus tôt. De l'avis de nombreux observateurs, le repli des combattants a commencé avant la date du 8 mai, qui n'a qu'une importance symbolique. "Les combattants doivent sans doute profiter de la nuit pour se replier" vers les bases arrières du PKK dans le Kurdistan irakien, a indiqué le député kurde.


L'aile militaire du PKK, le HPG, a confirmé mardi que son retrait commencerait bien mercredi, comme annoncé, tout en mettant en garde Ankara contre toute "provocation" qui pourrait faire dérailler l'opération.
Les mouvements de troupes armées dans le sud-est anatolien, théâtre d'action du PKK, "préparent le terrain pour des provocations et des affrontements", a souligné le HPG. Malgré tout, les premiers groupes de rebelles doivent parvenir "en l'espace d'une semaine" à leurs bases du nord de l'Irak, souligne le texte. Le PKK a ajouté qu'il resterait fidèle à son engagement de se retirer du sol turc dès lors qu'il n'était pas attaqué par les forces turques.


M. Demirtas s'est lui aussi inquiété de l'intervention possible de "forces obscures" durant ce repli. "Nous ne nous attendons pas à une attaque de l'armée mais des forces obscures, des militants paramilitaires, qui ne sont pas sous le contrôle des forces gouvernementales, peuvent tenter de saboter l'opération", a-t-il estimé.

 

 

La balle est dans le camp d'Ankara
Dans le passé, l'armée turque avait profité de trêves unilatérales du PKK pour infliger de lourdes pertes à ses troupes.
Mais cette fois, tout laisse présager que cela ne sera pas le cas.
Interrogé par des journalistes à Ankara, le vice-Premier ministre et porte-parole du gouvernement turc, Bülent Arinç, a déclaré que "le processus de repli est suivi" par les autorités. "Ce qui compte pour nous, c'est le résultat, nous avons l'impression que nous sommes proches du but", a dit M. Arinç, sans dévoiler non plus les modalités de l'opération.


Le nombre de rebelles kurdes présents en Turquie est estimé à 2.000, auxquels s'ajoutent 2.500 autres dans les bases arrières du mouvement en Irak. Le retrait constituera la deuxième phase concrète du processus de paix engagé entre le PKK et Ankara, après l'annonce d'un cessez-le-feu unilatéral fin mars.

 

Le chef emprisonné à vie du PKK, Abdullah Öcalan, avait appelé le 21 mars ses troupes à un cessez-le-feu et au retrait, dans le cadre de négociations de paix qu'il mène depuis la fin de l'année dernière avec les autorités turques.

Le numéro deux du PKK, Murat Karayilan, a immédiatement confirmé la trêve, puis annoncé, le 25 avril, que le retrait débuterait le 8 mai. Dans un entretien à un journal turc, Karayilan a précisé que le retrait prendrait du temps et s'achèverait à l'automne. Il en a profité pour dire que la balle est dans le camp d'Ankara, exigeant des réformes en faveur de la minorité kurde.
Les Kurdes de Turquie réclament la reconnaissance de droits spécifiques, notamment le droit à l'éducation en langue kurde, pour leur communauté de 12 à 15 millions de membres, ainsi qu'une autonomie régionale.


Une frange de l'opinion turque reste toutefois catégoriquement opposée aux discussions engagées par le gouvernement avec le chef du PKK, largement considéré comme un "terroriste".
Le journal d'opposition Sözcü critiquait avec véhémence le gouvernement islamo-conservateur turc mercredi, l'accusant de "rester simple spectateur face aux tueurs", les rebelles. "Ils ont tué, pillé, menacé, mis la Turquie à feu et à sang, maintenant ils s'en vont librement avec leurs armes", titrait le quotidien.
Le conflit kurde en Turquie a fait plus de 45.000 morts, selon l'armée turque, depuis le début de l'insurrection du PKK, en 1984.

 

 

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