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À La Une - Crise politique

Remaniement ministériel en Egypte, les islamistes renforcés

L'opposition dénonce "un changement de pure forme".

Baignade dans le Nil, le 6 mai 2013. Neuf nouveaux ministres, dont au moins deux font partie des Frères musulmans du président Mohamed Morsi, ont été nommés mardi en Egypte dans le cadre d'un remaniement qui ne répond pas aux demandes répétées de l'opposition d'un gouvernement d'union nationale. REUTERS/Asmaa Waguih

Le chef gouvernement égyptien a procédé mardi au remaniement annoncé il y a près de trois semaines, qui s'est traduit par le départ de deux ministres impliqués dans des négociations cruciales avec le FMI et un renforcement de la présence des Frères musulmans.

 

L'opposition réclamait le remplacement de tout le gouvernement dirigé par Hicham Kandil par une équipe indépendante chargée de préparer les élections législatives d'octobre.

Ce remaniement, qui porte sur neuf portefeuilles, ne devrait donc guère favoriser le consensus politique souhaité par le Fonds monétaire international (FMI). Ses difficiles négociations avec Le Caire portent sur un prêt de 4,8 milliards de dollars jugé essentiel à l'économie égyptienne mais dont l'octroi est subordonné à un plan d'austérité douloureux.

 

Parmi les neuf nouveaux venus désignés par Hicham Kandil, un technocrate aux affaires depuis juillet 2012, figure Amr Darrag, membre du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), vitrine politique des Frères musulmans dont est issu le chef de l'Etat, le président Mohamed Morsi. Il a été nommé ministre du Plan. Son prédécesseur, Achraf al Arabi, a joué un rôle central dans les négociations avec le FMI.

 

Yehya Hamed, également issu de la confrérie islamiste, devient quant à lui ministre de l'Investissement.

Ahmed el Gezaoui, autre membre du PLJ, a pris les rênes de l'Agriculture, ce qui porte de huit à onze le nombre de représentants des Frères au sein d'une équipe comprenant au total 35 membres.

 

Fayyad Abdel Moneïm, spécialiste de l'économie islamique, obtient par ailleurs le ministère des Finances où il succède à Al Morsi al Saïed Hegazy, autre expert en la matière, nommé en janvier lors du dernier remaniement.

 

A la Justice, Ahmed Souleiman relève Ahmed Mekky, qui a démissionné le mois dernier pour protester contre la purge que les islamistes auraient entreprise au sein de l'appareil judiciaire. Ancien adjoint d'Ahmed Mekky, le nouveau garde des Sceaux s'en est déjà pris aux plus virulents détracteurs du chef de l'Etat dans la magistrature.

 

Chérif Haddara, président de la compagnie nationale des hydrocarbures EGPCE, prend, lui, les commandes du ministère du Pétrole.

 

 

Rien de significatif

"Le remaniement a peu de chance de signifier un réel changement de politique, en particulier du point de vue économique. Il porte même un coup aux demandes de consensus politique que le gouvernement semble avoir ignorées", a commenté Said Hirsh, un économiste londonien.

 

Mohamed Morsi, au pouvoir depuis neuf mois, avait annoncé le 20 avril son intention de remanier un gouvernement largement mis en cause pour son incapacité à relancer l'économie et à venir à bout des profondes divergences entre islamistes et laïques qui polarisent la société égyptienne deux ans après la "révolution du Nil".

Les Etats-Unis, qui fournissent une aide militaire de 1,3 milliard de dollars par an à l'Egypte, se montrent de plus en plus critiques à l'égard du chef de l'Etat, qu'ils souhaiteraient voir ouvrir plus largement son gouvernement aux autres courants politiques.

 

Le remaniement de mardi a pour but de "faire face à la crise économique et de conclure l'accord avec le FMI dans un nouvel esprit et avec une nouvelle vision, ainsi que de combattre la crise de l'énergie", a déclaré Essam el Erian, numéro deux du PLJ, sur l'antenne égyptienne d'Al Djazira.

 

Pour Khaled Dawoud, porte-parole du Front de salut national, coalition disparate formée par les principaux partis d'opposition, "il s'agit d'un changement de pure forme". "Ils ont peut-être choisi des gens qui seront plus efficaces, mais cela n'apporte rien de significatif en ce qui concerne le règlement de la crise politique et je ne suis pas sûr que ce soit l'objectif", a quant à lui jugé Yasser el Chimi, membre égyptien de l'ONG International Crisis Group. "Ils sont absolument convaincus qu'ils sauront surmonter cette vague d'instabilité", a-t-il ajouté.

 

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L'opposition réclamait le remplacement de tout le gouvernement dirigé par Hicham Kandil par une équipe indépendante...

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