En ciblant en Syrie des armes apparemment destinées au Hezbollah, Israël a lancé un signal à Téhéran et Damas pour les avertir qu'il n'accepterait pas un transfert d'armements au puissant mouvement chiite libanais, estiment les commentateurs israéliens.
"Chaque fois que des informations parviendront à Israël sur le transfert de missiles ou d'armements de Syrie au Liban (à destination du Hezbollah), ils seront attaqués", a affirmé à l'AFP un responsable israélien sous couvert de l'anonymat, confirmant des raids israéliens en 48 heures en Syrie.
La dernière attaque, dimanche avant l'aube, a visé des missiles iraniens destinés au Hezbollah, au nord de Damas, tout près du site d'une frappe aérienne israélienne que l'Etat hébreu avait implicitement confirmée en janvier, a précisé ce responsable. Lors d'un autre raid, tôt vendredi matin, l'aviation israélienne a aussi visé à proximité de l'aéroport de Damas des missiles à destination du Hezbollah, un allié du régime de Bachar al-Assad et de l'Iran, selon des sources concordantes. Les attaques n'ont pas été confirmées officiellement par Israël.
"Nous voulons nous assurer que le Hezbollah ne profite pas du chaos syrien pour se renforcer et tenter de nous entraîner dans un conflit dans lequel nous enregistrerions des pertes comme cela a été le cas dans le passé car nous n'avions pas agi à temps pour contrer ses capacités", a toutefois expliqué le député Tzahi Hanegbi.
Ce proche du Premier ministre Benjamin Netanyahu faisait allusion notamment à la guerre en 2006 entre le Hezbollah et Israël qui n'avait pas alors réussi à vaincre la résistance du mouvement chiite.
Le 30 avril, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a prévenu que son mouvement et l'Iran ne permettraient pas la chute du régime Assad. Et dimanche, un commandant iranien a dit que l'Iran était prêt à "entraîner" l'armée syrienne même si "celle-ci n'a pas besoin d'aide étrangère pour se défendre".
Pour les commentateurs israéliens, les frappes israéliennes en Syrie signalent clairement au Hezbollah que "les règles du jeu ont changé".
"Avec ses frappes Israël ne s'attaque pas à Assad mais au Hezbollah et à l'Iran (...) Israël change l'équation et dit: 'A partir de maintenant nous ne tolérerons plus ce qui a été toléré depuis 20 ans: le transfert d'armes au Hezbollah'", analyse Eyal Zisser, professeur d'histoire et spécialiste de la Syrie, à l'Université de Tel-Aviv.
"Israël profite de la situation créée par la faiblesse d'Assad, qui a vraiment les mains liées en raison de la guerre civile en Syrie, pour empêcher dès qu'il le peut le transfert d'armes au Hezbollah", explique-t-il.
Pour l'allié américain, Israël a le droit de se défendre face à un tel transfert d'armes. "Les Israéliens, de manière justifiée, doivent se protéger contre le transfert d'armes sophistiquées à des organisations terroristes comme le Hezbollah (...) qui a dit de nombreuses fois qu'ils seraient prêts à attaquer (Israël) aussi loin que Tel-Aviv", a dit le président Barack Obama.
(Pour mémoire : Le Liban dans le piège syrien)
Mais la nouvelle ligne dure israélienne comprend un risque de dérapage vers un conflit régional, même si ce risque est limité, avertissent les experts.
L'armée israélienne a d'ailleurs déployé deux batteries antimissiles Iron Dome "dans le nord d'Israël", à la frontière avec le Liban et "l'armée de l'air est en état d'alerte très élevé", inédit depuis des années, "afin de répondre à toute éventualité", selon des responsables. Et M. Netanyahu a retardé son départ prévu pour la Chine dimanche soir en raison d'une réunion de son cabinet de sécurité, selon les médias.
Pour le général Giora Eiland, ex-chef de l'Agence de sécurité nationale, même si "nous ne sommes pas à la veille d'une guerre", la situation pourrait déraper rapidement.
"Assad avec tous ses problèmes ne peut pas entrer en guerre, mais il peut lancer des missiles vers Israël. Que se passera-t-il ensuite ? Peut-être tirons-nous un peu trop sur la corde", a-t-il dit.
Et d'ajouter: "Il est maintenant dans l'intérêt d'Israël d’accélérer la chute d'Assad, qui est soumis au chantage du Hezbollah et de l'Iran qui lui demandent de continuer à transférer des armes (au Hezbollah) en échange de leur soutien à son régime".
Lire aussi
Les rebelles syriens auraient utilisé du gaz sarin, selon Carla Del Ponte
Reportage
En plein pays alaouite, les rebelles prêts pour une guerre d'usure
Pour mémoire
Nasrallah affirme que l’Iran et le Hezbollah pourraient intervenir directement en Syrie
"Chaque fois que des informations parviendront à Israël sur le transfert de missiles ou d'armements de Syrie au Liban (à destination...
commentaires (6)
Etant donné que les évènements se succèdent à des vitesses vertigineuses, de plus en plus, et que ce qu'on analyse et commente aujourd'hui, se basant sur ce qu'on entend et lit, est, peut-être, juste pour aujourd'hui mais faux pour demain, j'ai pris la décision de me donner des vacances indéfinies, ne voulant pas participer à exciter les sentiments et ou exacerber les instincts. Ma devise restant : DIALOGUE ! ENTENTE ! UNITÉ ! pour le LIBAN ET LA RÉGION EN GÉNÉRAL... ET SOLUTION POLITIQUE ET EN DOUCEUR POUR LA SYRIE ! __ Je prie L'OLJ de publier Merci.
SAKR LOUBNAN
14 h 54, le 07 mai 2013