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À La Une - Exposition

L'Autriche face à son passé nazi dans le nouveau musée du camp de concentration de Mauthausen

"Au milieu du plus beau paysage que vous puissiez imaginer, il y avait cet enfer".

Quelque 200.000 personnes, originaires de 40 pays et juives pour un quart d'entre elles, ont été détenues à Mauthausen. AFP/DIETER NAGL

"Nous pouvions sentir (le camp) de loin" : l'infirmière américaine Mae Lopatin Herman résume l'horreur de Mauthausen en décrivant son arrivée dans ce camp de concentration nazi après sa libération, il y a 68 ans, dimanche.

"Au milieu du plus beau paysage que vous puissiez imaginer, il y avait cet enfer", se souvient cet ancien membre d'une équipe médicale américaine.

 

Son témoignage est l'un des 48 à écouter dans le nouveau musée de Mauthausen qui ouvre ses portes au public lundi. Il retrace la sombre histoire du principal camp de concentration d'Autriche et de ses camps annexes, entre 1938 et 1945.

 

La ministre israélienne de la Justice, Tzipi Livni, accompagnée de son beau-père, Moshe Spitzer, un survivant de Mauthausen, ainsi que les présidents autrichien, Heinz Fischer, polonais, Bronislaw Komorowski, et hongrois, Janos Ader, doivent participer dimanche à son inauguration.

 

Quelque 200.000 personnes, originaires de 40 pays et juives pour un quart d'entre elles, ont été détenues à Mauthausen, situé sur les collines de la rive nord du Danube près de Linz, où Adolf Hitler alla à l'école.

 

En 1939, le camp de Mauthausen comptait 1.500 prisonniers allemands et autrichiens. En 1942, ils étaient dix fois plus nombreux, parmi eux des civils soviétiques ou encore 7.000 républicains espagnols qui avaient fui l'Espagne après la victoire de Franco lors de la guerre civile.

 

Environ 90.000 détenus sont morts dans le camp, succombant au travail épuisant dans les mines de granit, à la malnutrition, aux maladies, ou bien abattus par les gardes, pendus, étranglés, battus, gazés.

 

Les deux nouvelles expositions permanentes, situées dans les anciens baraquements, exposent le quotidien du camp, avec des entretiens avec des témoins mais aussi des dizaines d'objets qui en disent long sur la vie -- et la mort -- à Mauthausen.

 

Parmi eux, un fouet utilisé par les gardes, la trappe d'un échafaud, des bracelets d'identification retrouvés dans une fosse commune ou encore une boîte rouillée de gaz mortel Zyklon-B.

 

D'autres objets racontent des épisodes plus heureux, comme les vêtements de bébé confectionnés par des prisonniers pour Hana Bergar-Moran, née en captivité, ou bien le vélo donné par une religieuse à Stanislav Kudlinski et avec lequel il avait regagné la Pologne après la libération.

Des croquis du dessinateur Bernard Aldebert, l'un des détenus français à Mauthausen, font partie de l'exposition.

 

Dans l'ancienne morgue du camp, la "Salle des noms" abrite des panneaux en verre, placés à l'horizontale et portant les noms des 81.007 personnes identifiées mortes à Mauthausen. "Nous voulions redonner leur identité à ces gens", a expliqué la directrice du mémorial, Barbara Glück. Un espace a été laissé vierge sur les plaques, pour les 10.000 autres victimes "dont nous ne connaîtrons jamais l'identité", a-t-elle ajouté.

-- L'Autriche, "première victime" d'Hitler? --

 

Ce nouveau musée, qui a coûté 1,7 million d'euros, a mis huit ans à prendre forme, avec la participation d'une centaine d'institutions du monde entier, notamment juives.

 

Les salles rénovées remplacent une exposition plus rudimentaire montée par un survivant du camp, Hans Marselek (1914-2011), qui avait été ouverte en 1970 et était, selon les organisateurs, dépassée.

 

De nombreux sites en Allemagne ont été restaurés après la réunification en 1990. Le camp de concentration de Dachau, en Bavière, accueille par exemple 800.000 visiteurs par an, soit quatre fois plus que Mauthausen.

"La recherche sur les camps de concentration n'a pas commencé en Autriche avant les années 1980", a expliqué Barbara Glück à l'AFP. "Cela a peut-être à voir avec la manière dont l'Autriche aborde son passé."

 

Pendant une longue période après la guerre, l'Autriche a éludé sa complicité dans les crimes nazis contre l'humanité, se présentant comme "annexée" par l'Allemagne en 1938 et la "première victime" d'Hitler.

 

Cette attitude a évolué à la fin des années 1980 avec l'affaire Waldheim -- la révélation du passé nazi de Kurt Waldheim, ancien secrétaire général de l'ONU et alors président autrichien (1986-1992).

"Ce site a désormais plusieurs fonctions - un mémorial, un cimetière, un avertissement pour les générations futures, un centre de documentation et un centre d'éducation", a déclaré à Mauthausen la ministre autrichienne de l'Intérieur, Johanna Mikl-Leitner.

"Nous pouvions sentir (le camp) de loin" : l'infirmière américaine Mae Lopatin Herman résume l'horreur de Mauthausen en décrivant son arrivée dans ce camp de concentration nazi après sa libération, il y a 68 ans, dimanche.
"Au milieu du plus beau paysage que vous puissiez imaginer, il y avait cet enfer", se souvient cet ancien membre d'une équipe médicale américaine.
 
Son témoignage...

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