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À La Une - Conférence

Aïntoura : belle forêt privée cherche formule de protection

Un des grands espaces verts restants du Kesrouan est menacé par les remblais, l’urbanisation anarchique, les risques de feux de forêt...

De gauche à droite : Claude Jamati, maire de Bailly, Labib Akiki, président de la municipalité de Aïntoura, et Michel Colin, maire de Noisy-le-Roi, signent un accord d’entente au cours de la conférence. Photo Émile Eid

Aïntoura est un village du Kesrouan dont le nom est lié à un collège historique célèbre et à des espaces verts encore abondants. Ce sont ces espaces verts que le président du conseil municipal, Labib Akiki, veut préserver pour garder au village son identité naturelle bien particulière. Une conférence a été donnée mardi dernier dans le centre paroissial du village pour mettre en valeur son patrimoine naturel et les menaces qui pèsent sur ces espaces verts.
C’est une biodiversité considérable que Marc Beyrouthi, ethnobotaniste et professeur à l’Université Saint-Esprit de Kaslik, a révélée dans son exposé sur les forêts de Aïntoura. Il a commencé par préciser que cette forêt couvre plus ou moins 50 % de la superficie du village, dont 35 % appartiennent à un couvent, et 15 % répartis sur deux collèges. Elle est principalement composée de pins, mais il y existe aussi d’autres espèces d’arbres, notamment des chênes, des pistachiers, des cyprès... Les arbres ne forment qu’une partie de cette biodiversité puisqu’on y trouve de multiples espèces de fleurs tels les lavandes sauvages, les iris, etc. L’expert, qui reconnaît qu’aucune étude exaustive de la flore de la forêt n’a encore été effectuée, dit avoir observé plus de dix espèces d’orchidées magnifiques, dont il a montré des photos prises par lui-même.
Outre la flore, la forêt compte de nombreuses espèces de papillons, d’oiseaux, d’insectes, de mammifères (comme le blaireau par exemple) ainsi que des champignons.


Le tableau est pourtant loin d’être idyllique : de nombreuses menaces pèsent sur ce grand espace vert, qu’elles soient urbanistiques et démographiques (avancée du béton), culturelles (non respect de l’environnement) ou autres.
Marc Beyrouthi rappelle que ces menaces, qui sévissent partout au Liban, sont l’abattage massif et souvent illégal des arbres, l’exploitation de carrières, les constructions anarchiques, les feux de forêt. En ce qui concerne Aïntoura, l’expert a particulièrement évoqué les déchets de chantier, notamment les remblais et le béton (provenant d’une bétonnière située dans une municipalité voisine), qui se retrouvent à des kilomètres plus bas dans les vallées, endommageant toute la nature qu’ils traversent. « Si nous continuons comme cela, nous n’aurons bientôt plus de forêt », a-t-il dit, alarmiste.
Or le scientifique n’était pas venu les mains vides. Il a proposé, au cours de son exposé, un plan pour la préservation de la forêt de Aïntoura qui se fonde sur l’organisation d’activités écologiques pour les visiteurs, ainsi que la mise en place de mesures de lutte rapide contre les feux de forêt. « La forêt n’a pas été taillée ni élaguée depuis quarante ans », a-t-il déploré.
Selon le plan élaboré par Marc Beyrouthi et Nabil Nemr, entomologiste forestier, professeur à l’USEK également, ce plan devrait permettre d’aménager la forêt pour la rendre plus accessible aux visiteurs et aux randonneurs, notamment les élèves, nombreux dans ce village en raison des grands collèges qui s’y trouvent : sentiers éducatifs, activités d’écotourisme... Le plan prévoit également la création d’une pépinière de plants d’espèces indigènes, à l’intention des élèves, qui auront ainsi la possibilité de reboiser les environs et d’être sensibilisés, par la même occasion, à l’importance de préserver la nature. Le plan lance également l’idée d’un parc municipal en plein espace vert.

Signature d’un protocole libano-français
Dans le public qui a assisté à cette conférence se trouvaient notamment tous les présidents des conseils municipaux des villages voisins, ainsi que le président de la Fédération des municipalités du Kesrouan-Ftouh, Nouhad Naufal. Labib Akiki s’est adressé à eux pour afficher sa volonté de créer des projets d’intérêt commun entre plus d’une localité.
Les responsables municipaux libanais n’étaient pas les seuls présents : plusieurs élus français étaient là, notamment Michel Colin, maire de Noisy-le-Roi, et Claude Jamati, maire de Bailly, toutes deux des communes situées dans les Yvelines. Les deux maires étaient venus signer un accord de coopération avec M. Akiki, visant à bâtir un « partenariat constructif autour d’intérêts réciproques », et à œuvrer pour des projets qui améliorent la qualité de vie des citoyens des trois communes.
Au-delà des titres un peu vagues, les trois responsables municipaux, dans leurs mots, ont donné deux grandes indications qui orienteront de toute évidence leur collaboration : la protection de la forêt et l’assainissement des eaux usées (étant donné que la population du village a considérablement augmenté ces dernières décennies sans que l’infrastructure ne se soit développée en conséquence).
Pour ce qui est de la protection de la forêt, des idées ont été mises sur le tapis au cours d’une discussion en marge de la conférence : donner la priorité à l’installation d’un système de détection précoce des feux de forêt, amener les trois grands propriétaires terriens à trouver une formule pour protéger la forêt dans l’intérêt du public, envisager des activités récréatives pour les enfants, réhabiliter les zones dégradées...

 

S. B.


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