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À La Une - Liban - Conjoncture

En pleine stagflation, le Liban devient le 3e pays le plus cher de la région

Tous les éléments nécessaires semblent réunis pour une révolution sociale, et pourtant...

La cherté de vie est due au fait que le Liban importe 80 % de ses besoins alimentaires.

Le Liban est le 3e pays le plus cher de la région, selon le dernier classement du site Xpatulator sur le coût de la vie. Avec un taux de chômage de 11 % de la population active (selon le dernier rapport de la Banque mondiale), une inflation galopante et un pouvoir d’achat en berne, la situation peut paraître des plus paradoxales dans une conjoncture économique des plus moroses. Et pourtant, le Liban vit bien une situation de « stagflation », comme l’explique Nicolas Chammas, président de l’Association des commerçants (ACB) de Beyrouth.


« Traditionnellement, la hausse des prix est le propre d’une économie en plein essor et en état de surchauffe, explique-t-il, ce qui n’est absolument pas le cas du Liban, pays qui vit aujourd’hui une de ses pires périodes économiques, ponctuée d’une sous-production conjoncturelle. » Selon le président de l’ACB, l’inflation est essentiellement importée par le biais des matières premières et les achats massifs effectués dans la zone euro.
C’est également l’avis partagé par l’économiste Louis Hobeika. Selon lui, plusieurs éléments peuvent expliquer ce décalage entre quasi-stagnation économique et la cherté de la vie. « Le manque de compétitivité sur le marché libanais est le premier facteur à devoir être pointé du doigt », souligne-t-il. En effet, dans un contexte où le pays importe 80 % de ses besoins alimentaires, le monopole des importateurs rend les prix fulgurants, ces derniers pouvant s’attribuer de larges marges. « À cela s’ajoute la force de l’euro par rapport au dollar, poursuit-il, du fait que nous importons essentiellement des produits européens, dont les coûts sont 30 % plus élevés pour une économie dollarisée comme la nôtre. » Enfin, la hausse des prix est également encouragée par l’absence de contrôle de la part de l’État, selon le spécialiste.

Les monopoles, obstacles à l’adhésion du Liban à l’OMC
Mais pour Louis Hobeika, ce qui est plus inquiétant encore est l’augmentation du coût de la vie en comparaison avec le salaire moyen libanais, lequel oscille entre 1 000 et 1 500 dollars par mois. « La meilleure solution serait d’élargir le marché en jouant sur la concurrence, et ce par le biais de la hausse des importations », relève-t-il. La présence de monopoles est d’ailleurs un obstacle majeur à l’entrée du Liban à l’Organisation mondiale du commerce. (OMC). En libérant les importations, les prix diminueraient de 30 à 40 %, estime le spécialiste.
Pour Nicolas Chammas, seule une reprise économique saine serait à même de créer des emplois valorisants et d’assurer des revenus stables. « La hausse des salaires, comme celle intervenue en 2012, constitue au mieux un palliatif et un soulagement social provisoire. Au pire, si elle n’est pas économiquement justifiée, elle pourrait être juxtaposée à une cherté de vie interne à l’inflation importée précitée. Cela est d’ailleurs l’argument central soulevé par le patronat dans le débat sur la grille des salaires. »


Ainsi, selon le classement du fournisseur de données Xpatulator, le pays du Cèdre a été considéré comme le 82e pays le plus cher au monde parmi 217 économies incluses dans l’étude. À titre de comparaison, le Liban était arrivé à la 89e place du classement mondial durant le premier trimestre de 2012 et à la 7e place parmi les pays de la région, ce qui reflète une nette augmentation du coût de la vie de 2012 à 2013. Seuls le Qatar et les Émirats arabes unis sont aujourd’hui plus chers que le Liban dans la région.
« Je suis toujours surpris quand je me rends à Dubaï de m’apercevoir que les biens de consommation sont moins chers qu’ici alors que les salaires sont cinq à six fois supérieurs ! ajoute Louis Hobeika, le Koweït a de son côté établi le salaire minimum à 5 000 dollars par mois. »

L’absence de prolétariat libanais
Chômage, faible pouvoir d’achat, crise politique et inflation : tous les ingrédients nécessaires à une révolution semblent réunis... et pourtant. Comment expliquer l’absence de mouvement social ? Pour l’économiste, la réponse se trouve dans le système confessionnel libanais. Il n’existe pas de majorité religieuse. Pas de classe moyenne, pas de prolétariat libanais. « Au Liban, il n’existe pas de liens entre les différentes communautés les plus pauvres de la société, explique-t-il, chaque communauté suivant son chef politique et/ou religieux. » Sans prolétariat, aucune révolution ne pourra voir le jour. La révolution sociale et industrielle n’est encore pas pour demain.

 

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