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Moyen Orient et Monde - Reportage

Là où le journalisme est le plus dangereux du monde...

Couvrir la guerre qui ravage la Syrie depuis deux ans est devenu le métier le plus périlleux de la planète car les reporters sont non seulement exposés aux dangers des combats mais aussi la cible d’enlèvements politiques ou crapuleux de la part du régime et des rebelles.
Alors que l’ONU célèbre aujourd’hui la Journée mondiale de la liberté de la presse, au moins sept journalistes sont portés disparus, dont le journaliste américain James Foley, qui avait fourni durant des mois des reportages vidéo à l’AFP et dont on est sans nouvelles depuis novembre. Le dernier reporter à être porté disparu est Domenico Quirico du quotidien italien La Stampa qui, après être entré clandestinement, n’a pas donné signe depuis vingt jours. En raison de la distribution au compte-gouttes de visas par le régime, beaucoup n’ont d’autre choix que de pénétrer clandestinement à travers la frontière poreuse, notamment par la Turquie, avec les insurgés.
Mais, en raison de la multiplication des groupes rebelles, le chemin est semé d’embûches. Certains insurgés sont accusés d’avoir kidnappé des journalistes ou d’avoir réclamé des rançons et les jihadistes, plus radicaux encore, considèrent tous les reporters comme des espions à la solde de leur ennemi. Le régime est lui aussi d’une rare brutalité. Il existe de sérieux soupçons que plusieurs reporters disparus seraient aux mains des services de renseignements syriens, comme Austin Tice, disparu le 13 août à Daraya, dans la région de Damas, où l’armée avait mené une opération de ratissage.
Le nombre de morts dans les rangs des journalistes est impressionnant : en deux ans, 23 d’entre eux ont été tués et 58 journalistes-citoyens ont subi le même sort. Ces derniers, favorables à la rébellion, avaient décidé d’écrire et de filmer le quotidien des villes assiégées et bombardées qu’aucun journaliste étranger ne peut atteindre. « Le travail des journalistes pour couvrir le conflit en Syrie devient chaque jour plus compliqué et leurs conditions de travail ne cessent de se détériorer », assure Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF). « Si au début du soulèvement en mars 2011 le danger ne venait que de l’armée gouvernementale et si les journalistes continuent à être la cible d’attaques de la part du régime de Bachar el-Assad, aujourd’hui les groupes armés de l’opposition sont également responsables de nombreuses exactions, notamment à l’encontre de journalistes étrangers. Les enlèvements deviennent monnaie courante. Tout ceci, sans compter le caractère intrinsèquement biaisé de la couverture du conflit : du fait de l’absence de délivrance de visa de la part des autorités de Damas, très rares sont ceux qui peuvent se rendre dans les zones toujours sous contrôle du régime. Les journalistes se trouvent contraints d’entrer en Syrie de manière illégale, par les zones libérées, et ne peuvent se déplacer de part et d’autre des lignes de front. Ce qui nuit gravement à la couverture de ce conflit », ajoute M. Deloire.
L’AFP par exemple est ainsi contrainte d’avoir des journalistes de part et d’autre des lignes de démarcation comme à Alep pour tenter d’obtenir l’image la plus claire et la plus honnête possible dans un pays où chacun défend « sa vérité ».
À la veille de la Journée mondiale de la liberté de la presse, l’agence française a ainsi réaffirmé sa détermination à continuer à couvrir le conflit sur le terrain, comme elle le fait depuis le début, et a publié une actualisation de ses procédures de couverture avec comme objectif principal la sécurité de tous ses collaborateurs, y compris ses pigistes. Dans ce cadre, un stage de formation sur le travail en zone de guerre sera dispensé aux stringers réguliers comme c’est déjà le cas pour les journalistes de l’agence envoyés sur le terrain. Mais le journalisme est devenu aussi un métier de détective pour tenter d’informer face à la multiplication des annonces fallacieuses. Jamais dans l’histoire de ce métier, il n’y a eu un tel déluge de « nouvelles » relayées par les réseaux sociaux, ce qui nécessite de véritables « enquêtes » quotidiennes principalement quand il s’agit de défections de dignitaires, de massacres, de combats, de bombardements, de rapts.
(Source : AFP)
Couvrir la guerre qui ravage la Syrie depuis deux ans est devenu le métier le plus périlleux de la planète car les reporters sont non seulement exposés aux dangers des combats mais aussi la cible d’enlèvements politiques ou crapuleux de la part du régime et des rebelles.Alors que l’ONU célèbre aujourd’hui la Journée mondiale de la liberté de la presse, au moins sept journalistes...

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