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Moyen Orient et Monde - Révolte

Washington reste prudent sur les armes chimiques syriennes

Un nouvel attentat ensanglante Damas.

Badauds, policiers et secouristes ont accouru sur les lieux de l’attentat hier à Damas. Photo SANA/AFP

Alors que le débat sur l’utilisation par le régime d’armes chimiques contre la population agite les chancelleries occidentales, le président américain Barack Obama a adopté hier un ton prudent. Sur cette question brûlante, M. Obama avait exprimé la veille à son homologue russe Vladimir Poutine « l’inquiétude » des États-Unis, lors d’une conversation téléphonique. Et lors d’une conférence de presse hier, il a déclaré que son pays reverra sa position si l’usage d’armes est avéré. Il a cependant mis en garde contre la prise de décisions hâtives sur ce dossier en l’absence de faits précis et concrets. « Si je peux établir que non seulement les États-Unis mais aussi la communauté internationale sont sûrs que des armes chimiques ont été utilisées par le régime Assad, alors cela changera les règles du jeu », a-t-il encore dit.

 

(Repère :  Armes chimiques : les défis de l’enquête de l’ONU)

 

Jeudi, les États-Unis ont admis pour la première fois que le régime Assad avait probablement utilisé des armes chimiques dans sa guerre contre les rebelles, tout en soulignant que leurs renseignements n’étaient pas suffisants en l’état. Hier, l’ambassadeur syrien auprès de l’ONU, Bachar Jaafari, a accusé l’opposition d’avoir utilisé un « produit chimique » contre la population près d’Idleb afin de faire croire à l’utilisation d’armes chimiques par l’armée syrienne. Les victimes de cet « acte haineux et irresponsable » ont été transportées et traitées en Turquie « selon un scénario préétabli » visant à incriminer l’armée syrienne, a-t-il ajouté. Damas a demandé une enquête de l’ONU à ce propos, mais refuse que l’équipe d’experts mise en place par l’ONU se penche aussi sur des accusations similaires portées contre l’armée syrienne par Londres et Paris, et concernant des incidents à Homs et dans les environs d’Alep et de Damas.


Sur le terrain, un nouvel attentat a ensanglanté hier à une heure de grande affluence la capitale syrienne, tuant au moins 13 personnes, au lendemain d’une attaque ayant visé en vain le Premier ministre Waël al-Halaqi. Une voiture piégée a explosé à Marjé, un quartier commercial au cœur de Damas, où se presse chaque jour une foule dense dans les boutiques de vêtements et de nourriture. « Le lâche attentat terroriste, qui a visé le centre commercial et historique de Damas, a fait selon un bilan provisoire 13 martyrs et plus de 70 blessés, dont certains dans un état critique », a affirmé sur place le ministre de l’Intérieur Mohammad al-Chaar, qui a été grièvement blessé à deux reprises dans des attentats. « Il s’agit de la réponse aux victoires remportées par les forces syriennes sur le terrain contre le terrorisme », a ajouté ce ministre, cité par la télévision officielle. Le régime qualifie de « terroristes » les rebelles. Dans une lettre, le ministère syrien des Affaires étrangères a « demandé une nouvelle fois au Conseil de sécurité de l’ONU de prendre une position ferme contre le terrorisme ».


Pour sa part, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui bénéficie d’un large réseau de militants, médecins et avocats sur le terrain, a fait état de « 14 tués – neuf civils et cinq membres des forces de l’ordre – dans un attentat à la voiture piégée près de l’ancien siège du ministère de l’Intérieur ». « Quelle faute avons-nous commise ? J’allais à mon travail. Regardez les cadavres. Est-ce cela la liberté qu’ils réclament ? » a déclaré un homme d’une quarantaine d’années interrogé par la télévision syrienne. Plusieurs voitures étaient calcinées. Les vitres du bâtiment du ministère de l’Intérieur ont été soufflées, et un ensemble commercial, dénommé Bourj Dismshiq, a été dévasté.
L’armée de l’air a également bombardé le quartier de Jobar à Damas, les provinces de Homs (centre), Raqqa (Nord), Lattaquié (Nord-Ouest), de Damas et d’Idleb (Nord-Ouest), et la périphérie de l’aéroport de Mennegh, au nord d’Alep, que les rebelles tentent de prendre, tuant 15 insurgés.

La Russie interdit les vols civils au-dessus de la Syrie
Par ailleurs, la Russie, principal allié du régime de Bachar el-Assad, a interdit pour une durée indéterminée tous les vols civils au-dessus de la Syrie, au lendemain d’un incident impliquant un appareil russe transportant 159 passagers, qui aurait été visé par deux tirs de missiles sol-air.


Par ailleurs, la couverture de la guerre reste toujours aussi périlleuse pour la presse, un journaliste italien étant porté disparu depuis une vingtaine de jours. Domenico Quirico, qui travaille pour le quotidien italien La Stampa, était entré en Syrie clandestinement en provenance du Liban le 6 avril. Tout contact avec lui a été perdu depuis un message téléphonique remontant au 9 avril. En outre, l’organisation humanitaire Oxfam a appelé le Conseil de sécurité de l’ONU à aider à améliorer l’accès humanitaire à la Syrie, ajoutant que plus de fonds sont nécessaires alors que la « catastrophe empire ». Enfin, de son côté, la Jordanie a demandé au Conseil de sécurité une aide accrue de la communauté internationale pour soulager le « poids écrasant » que représentent des centaines de milliers de réfugiés syriens, a indiqué l’ambassadeur jordanien à l’ONU, le prince Zeid al-Hussein.

 

Eclairage

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Reportage

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