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Armes chimiques : les défis de l’enquête de l’ONU

Pendant que l’ONU attend le feu vert de Damas pour enquêter sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie et que la communauté internationale est incapable de se mettre d’accord sur la question, un analyste néerlandais évoque les enjeux et les défis de cette mission composée principalement d’experts de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, dont le siège est à La Haye : ne négliger aucune piste et se méfier des faux témoignages. Sico Van der Meer est un analyste en matière d’armes chimiques à l’institut Clingendael de La Haye, centre de réflexion spécialisé dans les relations internationales.

Quel est le profil des enquêteurs qui composent l’équipe et que cherchent-ils exactement ?
Généralement, ce genre d’équipe est composée, d’une part, d’enquêteurs qui ont une très grande connaissance technique, qui connaissent les spécificités des armes chimiques et sont capables de déceler les signes de leur utilisation, et, d’autre part, d’enquêteurs qui maîtrisent mieux le côté humain de l’enquête, qui savent comment trouver et interroger des témoins, savoir s’ils disent la vérité ou mentent. Il est intéressant de noter que l’objet de l’enquête actuelle n’est pas de prouver que des armes chimiques ont été produites, car, pour cela, la Syrie a déjà reconnu implicitement qu’elle en fabriquait. Il s’agit de prouver que des armes ont été utilisées. Il faudra donc trouver des témoins, c’est-à-dire des victimes si elles sont encore en vie ou des médecins qui se sont occupés des victimes. Il faudrait également pratiquer des autopsies sur des corps, mais cela risque d’être difficile vu que les événements allégués remontent déjà à un certain temps.

Quel est le principal obstacle auquel les enquêteurs pourraient devoir faire face ?
Il est possible que le régime syrien engage des acteurs pour faire de faux témoignages aux enquêteurs. Il a déjà fait cela pour des interviews à la télévision sur des bombardements. Il faudra également ne négliger aucune piste : on a vite tendance à montrer du doigt le régime syrien, mais il se peut également que les rebelles aient trouvé une réserve d’armes chimiques du régime et les aient utilisées pour ensuite accuser le régime. Il se peut également que ce ne soient pas des armes chimiques traditionnelles comme le gaz sarin et le gaz moutarde qui aient été utilisées, mais aussi des armes chimiques improvisées.

Quelles mesures pourraient être prises par la communauté internationale s’il est prouvé que des armes chimiques ont été utilisées ?
La Syrie fait partie des rares pays qui n’ont pas signé les traités internationaux sur les armes chimiques, elle n’a donc en théorie aucune obligation juridique à ce sujet. Le rapport sera un outil qui permettra à un jeu diplomatique de s’engager à plusieurs niveaux et dont la grande question sera de déterminer si la Syrie a franchi la ligne rouge. La communauté internationale devra débattre pour se mettre d’accord : la ligne rouge a-t-elle été franchie et si oui, que faisons-nous ? D’autres sanctions ? Une action militaire ? Mais d’un autre côté, certains pays pourraient décider individuellement, ou en collaboration avec d’autres, de prendre des sanctions contre la Syrie.

Pendant que l’ONU attend le feu vert de Damas pour enquêter sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie et que la communauté internationale est incapable de se mettre d’accord sur la question, un analyste néerlandais évoque les enjeux et les défis de cette mission composée principalement d’experts de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, dont le siège est...

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