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À La Une - La situation

Les « conseils » de Bogdanov au Hezbollah parviendraient-ils à débloquer la crise ?

La formation du cabinet aussi bien que l’élaboration de la nouvelle loi électorale, jusque-là bloquées, relèvent en partie de la décision du Hezbollah de se retirer ou pas de Syrie.


La possibilité pour le parti de Dieu de se retirer des combats en Syrie est renforcée par les réserves exprimées par la base populaire du parti sur l’engagement de ses fils dans une guerre fratricide syrienne. Des réserves confirmées par plusieurs sources entre autres par des habitants de villages chiites au Liban-Sud, qui expriment leur étonnement du nombre restreint de personnes prenant part aux cortèges funèbres des combattants morts en Syrie. Réserves rapportées également par l’ancien secrétaire général du Hezbollah, Sobhi Toufeyli, qui avait déjà mis en garde contre « la volonté du régime iranien de diviser les chiites ». À cette impression d’absurde que dégage, pour certains, l’intervention en Syrie, épuisante pour le Hezbollah, s’est ajouté cette semaine un élément de poids : le ministre adjoint russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, qui clôturait hier sa visite de trois jours au Liban par un entretien avec le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah, aurait exprimé, selon nos sources qui citent les milieux qui ont suivi de près la visite, la nécessité pour le Hezbollah de retirer ses combattants de Syrie, par crainte de l’émergence de groupes armés salafistes, en réponse à l’intervention du parti chiite, et qui menaceraient la sécurité du Liban, mais aussi de la Russie, en ravivant notamment la menace tchétchène.


Cet appel au retrait du Hezbollah, confirmé par les participants aux réunions avec le responsable russe, soit près d’une vingtaine de personnalités libanaises, rejoint les points de la déclaration de Baabda, ainsi que la politique de distanciation, sur lesquels il a d’ailleurs insisté. C’est pour évoquer ce sujet que le président de la République convoquera aujourd’hui à Baabda le chef du bloc du Hezbollah Mohammad Raad.
Pour les milieux de Baabda, d’autre part, et dans la lignée de cette démarche, « toute initiative se rapportant aux frontières avec la Syrie nécessite une concertation entre toutes les parties ».


Pour l’instant, le Hezbollah continue de participer, avec le 8 Mars, aux concertations pour la formation du prochain cabinet. Ainsi, le ministre démissionnaire de la Santé Ali Hassan Khalil (Amal) a transmis au Premier ministre désigné Tammam Salam la formule du 8 Mars : une répartition sur la base de neuf ministres pour le 14 Mars d’une part et le 8 Mars d’autre part, avec six ministres centristes, c’est-à-dire relevant du président de la République Michel Sleiman et du chef du Front de lutte nationale de Walid Joumblatt. Ce qui en réalité accorderait au 8 Mars et avec lui au 14 Mars le tiers de blocage.


Toute formule incluant le tiers de blocage est catégoriquement rejetée par le chef de l’État et le Premier ministre démissionnaire. Les milieux de Baabda affirment que « le tiers de blocage ne sera accordé ni au 14 ni au 8 Mars ». Le président Salam n’aurait pas l’intention de lâcher les constantes qu’il s’est fixé, après l’échec de la tentative de formation d’un cabinet de 16 technocrates : 24 ministres, non partisans, non candidats aux prochaines élections, et dont la nomination ne provoquerait pas une partie ou une autre. Le Premier ministre désigné, attaché au principe de l’alternance dans les différents ministères, procéderait à une répartition de sept portefeuilles chacun au 8 Mars et au 14 Mars, et dix portefeuilles aux centristes (notamment les portefeuilles sécuritaires ; les services télécommunications, énergie... ; et les affaires étrangères).

 

(Lire aussi : Sleiman souhaite que « toutes les parties » se conforment à la déclaration de Baabda)


Les milieux de Baabda démentent par ailleurs les informations selon lesquelles le Premier ministre désigné aurait concédé au 8 Mars la formation d’un cabinet à caractère politique. Ces milieux affirment que le prochain cabinet sera formé de personnalités « indépendantes », malgré leurs affinités politiques. Alors que la formation du cabinet gravitait autour des demandes du 8 Mars, le 14 Mars compterait poser aujourd’hui à son tour ses conditions pour le prochain gouvernement, afin de contrebalancer celles du 8 Mars.


Du surplace également au niveau de la loi électorale. Même si un développement est à suivre cette semaine, d’abord pour sa symbolique, celui des suites à donner à la saisine vendredi dernier du Conseil constitutionnel, par dix députés du Front de lutte nationale, d’un recours en invalidation de la loi relative à la suspension des délais électoraux.
Aujourd’hui, les membres du Conseil constitutionnel tiendront leur première réunion, afin d’examiner le recours présenté et nommer un rapporteur, qui devra établir un rapport dans un délai de dix jours, que le Conseil constitutionnel examinera ensuite avant de rendre son verdict. Le délai avant ce jugement est d’un mois, à partir du dépôt du recours. Il est fort probable, selon certains juristes, que le Conseil constitutionnel prononce l’inconstitutionnalité de la loi, ce qui devrait remettre un peu d’ordre au niveau du débat électoral, où l’on évoque sans scrupules « l’enterrement de la loi de 1960 », quand bien même aucune nouvelle loi électorale n’a été approuvée. L’invalidation de la suspension des délais renforcerait en outre la position du Front de lutte nationale de Joumblatt, le seul bloc à avoir défendu jusqu’au bout son attachement à la loi de 1960, en boycottant la séance parlementaire consacrée au vote de la loi sur la suspension des délais.


Notons enfin que le président de la Chambre Nabih Berry a proposé en fin de semaine au bloc joumblattiste une formule remaniée de sa proposition initiale sur le scrutin mixte, qui prévoyait une proportion de 50 % pour le majoritaire-50 % proportionnelle. La nouvelle formule serait basée sur une répartition de 55 % pour la majoritaire et de 45 % pour la proportionnelle, avec un régime spécial pour les cazas de Aley et du Chouf. La proposition de Nabih Berry inclurait également curieusement le mode de scrutin « one man, one vote » (circonscription restreinte, dont les électeurs éliraient un représentant). Alors que le Front de lutte nationale avait annoncé hier qu’il répondrait aujourd’hui à cette initiative, les observateurs prévoient un refus de cette proposition... Il semblerait que la solidarité centriste (Baabda-PSP), voulue par le président de la République au sein du prochain cabinet pour garantir la marche des institutions, se confirme déjà sur le dossier électoral.

 

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