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À La Une - Violences

L'Irak suspend dix chaînes TV, dont Al-Jazeera, pour "incitation au confessionnalisme"

"Nous couvrons toutes les parties et nous appelons les autorités à maintenir la liberté des médias", réagit un porte-parole de la chaîne qatarie.

Funérailles, dimanche, de cinq soldats irakiens tués samedi près d'un sit-in de manifestants sunnites appuyés par des hommes armés, à Ramadi. AFP PHOTO/AHMAD AL-RUBAYE

L'Irak a suspendu dimanche les licences de dix chaînes accusées d'inciter au confessionnalisme, dont Al-Jazeera du Qatar, dans une tentative de réduire les plus fortes tensions entre sunnites et chiites depuis six ans.

Les violences qui secouent le pays depuis mardi ont fait plus de 215 morts et 300 blessés, selon des responsables.
Elles ont été déclenchées par un assaut des forces de sécurité sur des manifestants sunnites dans le nord du pays hostiles au Premier ministre chiite Nouri el-Maliki, suivi par plusieurs attaques de représailles contre les forces irakiennes.


"Nous avons pris la décision de suspendre les licences de certaines chaînes satellitaires qui ont adopté une ligne incitant à la violence et au confessionnalisme", a déclaré à l'AFP un responsable de l'Autorité des médias et des communications, Moujahed Aboulheil.
Parmi elles figure l'influente télévision Al-Jazeera du Qatar, qui accorde souvent l'antenne aux détracteurs de M. Maliki, et des stations locales comme Bagdad, Alsharqiya et Al-Fallujah, dont les équipes ne pourront désormais plus "couvrir les événements en Irak ou circuler" dans le pays selon le responsable.
"Nous sommes étonnés (...) nous couvrons toutes les parties en Irak, et nous appelons les autorités à maintenir la liberté des médias", a réagi un porte-parole de la chaîne du Qatar.


Cette décision est intervenue alors que l'Irak craint un retour au sanglant conflit confessionnel qui avait suivi l'invasion américaine en 2003. Les violences intercommunautaires, avec notamment le pic de 2006-2007, avaient fait plusieurs dizaines de milliers de morts.
Depuis décembre 2012, des milliers d'Irakiens manifestent dans les régions à majorité sunnite pour réclamer le départ de M. Maliki, accusé de marginaliser leur communauté. Ce dernier est aussi accusé par des membres de sa coalition gouvernementale et ses détracteurs d'accaparer le pouvoir.

 

Le lien avec la Syrie

M. Maliki a lié samedi les violences au conflit en Syrie voisine.
Ces heurts ont "commencé ailleurs dans la région", a dit le Premier ministre, en allusion à la guerre en Syrie qui oppose des rebelles, en majorité sunnites, au régime du président Bachar el-Assad, membre de la minorité alaouite, assimilée au chiisme. 


Il a demandé aux manifestants de livrer "les criminels" qui ont tué cinq soldats samedi. Le meurtre s'est produit près d'un sit-in à Ramadi (chef-lieu d'Al-Anbar) de manifestants sunnites appuyés par des hommes armés.
Ces meurtres n'ont pas été revendiqués. Des images de la chaîne publique Al-Iraqiya ont montré les corps des soldats portant des traces de torture.

Organisées par le ministère de la Défense, leurs funérailles se sont déroulées dimanche en présence de Nouri el-Maliki, du ministre de Défense par intérim Saadoun al-Douleïmi et des officiers supérieurs ainsi que les familles des soldats.


Les milices sunnites pro-gouvernementales Al Sahwa, qui avaient été au cours des dernières années le fer de lance de la lutte contre el-Qaëda, avaient menacé samedi les protestataires et leur avaient fixé un ultimatum de 24 heures pour remettre les assassins.
"Nous ne travaillons pas pour le gouvernement et nous ne sommes pas des forces de police pour qu'on nous demande d'arrêter" les criminels. "Nous avons fait ce que nous pouvons en remettant leurs noms", a affirmé Abdel Razzak Al Chammari, l'un des meneurs du sit-in.


Selon le porte-parole des autorités provinciales d'Al-Anbar, Mohammad Fathi, "les auteurs (du crime) n'ont pas été livrés, mais la police a reçu les noms de trois personnes, faisant partie d'el-Qaëda et qui sont recherchées".


Compliquant encore la situation, des forces de sécurité kurdes se sont déployées samedi près de la ville disputée de Kirkouk dans le nord du pays, que les Kurdes veulent inclure dans la région autonome du Kurdistan, au grand dam du gouvernement fédéral à Bagdad. Un haut responsable militaire irakien, le général Ali Ghaidan, a qualifié ce déploiement de "développement dangereux".

 

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