L’Arabie saoudite vient de lancer une campagne dénonçant la violence domestique, dont les femmes sont les principales victimes. "Tout ne peut être caché", peut-on lire sur l’affiche représentant une femme portant une burqa, mais dont le voile laisse entrevoir un œil au beurre noir.
Lancée à l’initiative de la King Khalid Charitable Foundation, cette campagne est la première du genre dans le royaume ultraconservateur, où les femmes se battent chaque jour pour obtenir leurs droits les plus élémentaires.
Cette campagne de sensibilisation intervient quelques semaines après l’affaire de la petite Lama, dont l’histoire avait ému l’opinion publique saoudienne en février dernier.
Violée par son père, la jeune fille de cinq ans, a été hospitalisée le 25 décembre 2011 avec le crâne fracassé, des côtes cassées, des traces de brûlures et un ongle arraché. Elle a succombé à ses blessures le 22 octobre.
La mère, qui était divorcée et n'avait pas pu voir sa fille dans les mois précédant l'hospitalisation, et une assistante sociale ont aussi évoqué des séquelles de viols particulièrement cruels.
Le père, un prédicateur saoudien qui participait régulièrement à des émissions de télévision sur les préceptes islamiques, a reconnu être l'auteur de ces atrocités.
Le 26 janvier, il a été condamné à verser une compensation financière à la mère, appelée "prix du sang" dans la jurisprudence saoudienne basée sur la charia (loi islamique), et à une peine de prison correspondant à la durée de sa détention préventive.
En Arabie saoudite, qui procède chaque année à des dizaines d'exécutions, le viol et le meurtre sont passibles de la peine capitale, mais un homme ne peut pas être condamné à mort pour le meurtre de son enfant ou de son épouse, qui valent en général entre 5 et 12 ans de prison à leurs auteurs.
Dans un communiqué, trois militantes saoudiennes des droits de l’Homme ont dénoncé la mansuétude du jugement à l'égard du père, l'estimant révélatrice du statut des femmes en Arabie saoudite, où une interprétation rigoriste de l'islam les place sous le tutorat des hommes.
Les Saoudiennes sont interdites de volant, doivent sortir couvertes et ne peuvent voyager à l'étranger qu'accompagnées d'un proche parent. La mixité reste interdite sur les lieux de travail et à l'école.
Pour mémoire
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commentaires (3)
Ou, de la FANTASMAGORIE !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
14 h 52, le 28 avril 2013