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À La Une - Syrie - Liban

L’ASL rejette l’appel au jihad en Syrie lancé par deux cheikhs libanais

Les rebelles établissent, preuve à l'appui, la participation du Hezbollah aux combats de Qousseir.

Une carte de membre du Hezbollah exhibée hier par les rebelles, pour prouver la participation des miliciens du parti chiite aux combats en Syrie. Photo Facebook

L’Armée syrienne libre (ASL) a rejeté hier les appels des cheikhs salafistes Ahmad el-Assir et Sélim el-Raféi en faveur du jihad en Syrie contre le régime Assad et les miliciens du Hezbollah, qui l’épaulent sur le terrain.


« Nous apprécions beaucoup l’aide que vous souhaiteriez nous apporter. Cependant, nous soulignons sans laisser aucune place au moindre doute que nous n’avons pas besoin de combattants de l’extérieur de la Syrie. Nous avons suffisamment de combattants vaillants et déterminés (...) », a indiqué l’état-major de l’ASL dans un communiqué publié hier matin. « Nous appelons nos frères au Liban de cesser de lancer des appels à la mobilisation à l’heure actuelle pour ouvrir la voie aux efforts politiques et empêcher le régime agresseur et les milices du Hezbollah d’entraîner la Syrie et la région dans une guerre latérale, ainsi que pour leur ôter tout prétexte leur permettant de commettre davantage de crimes et de massacres contre nos frères en Syrie », a noté le communiqué de l’ASL, appelant à « la fin de l’ingérence étrangère de toute part ». « Nous remercions nos proches au Liban : la liberté à laquelle aspirent vos frères en Syrie mettra certainement fin à l’occupation par Assad et sa clientèle de votre pays le Liban, et nous vivrons ensemble libres au sein de deux pays frères », note enfin le communiqué.


De son côté, le coordinateur politique et pour les médias de l’ASL, Louaï Moqdad, a appelé les Libanais « à ne pas se laisser entraîner par des appels grandiloquents et suspects à la mobilisation pour se battre en Syrie ». « Cela ne sert que le régime criminel et la milice du Hezbollah dans leur objectif de semer la discorde, a-t-il souligné. Cela donne aussi aux mercenaires du régime des prétextes supplémentaires pour nous massacrer. En tant que commandement militaire suprême de l’ASL, nous les remercions mais nous rejetons tout appel au jihad en Syrie et nous rejetons toute présence de combattants étrangers, quelle que soit leur provenance, a également déclaré M. Moqdad dans un entretien à l’AFP. Nous avons dit à plusieurs reprises que nous manquons en Syrie d’armes et non d’hommes », a-t-il ajouté.

 

(Pour mémoire : Le Liban dans le piège syrien, l'éclairage de Scarlett Haddad)

Réactions
Au plan interne, les efforts politiques sont déployés pour minimiser l’impact de l’appel des deux cheikhs salafistes. Outre l’appel du président de la République Michel Sleiman et les « conseils » du Premier ministre sortant Nagib Mikati, certains cheikhs sunnites ont relativisé la portée de la fatwa des cheikhs Assir et Raféi. De son côté, le ministre sortant de l’Intérieur, Marwan Charbel, s’est dit confiant que « les fatwas appelant au jihad, qui sont pour leurs auteurs une manière de prouver qu’ils existent, vont bientôt s’arrêter », appelant, dans un entretien à la MTV, tous les Libanais à « suivre la politique de distanciation ». Il s’est cependant montré fort évasif concernant la participation du Hezbollah aux combats en Syrie, en se contentant de dire : « Il n’est pas le seul à le faire. »


Du côté du 8 Mars, outre l’ancien président Émile Lahoud et ses hôtes Fayez Chokr (Baas) et Hassan Yaacoub (Amal), qui ont abondé dans la rhétorique du régime syrien, le député Hussein Moussawi (Hezbollah) est monté au créneau hier pour accuser « les alliés de l’Amérique et de l’Europe d’empêcher tout dialogue et de provoquer la poursuite des massacres en Syrie, dans l’intérêt de l’entité sioniste ». « Pourquoi ne demandez-vous pas à vos amis, les Américains, de donner des ordres aux mercenaires pour qu’ils cessent de bombarder al-Qasr et le Hermel, où femmes, enfants et hommes se sacrifient pour l’honneur de la oumma et son caractère sacré dans la lutte ouverte contre les sionistes occupants et les amis exceptionnels de vos amis américains ? s’est-il interrogé. Pourquoi ne demandez-vous pas à vos chers Américains de lancer un ordre du jour immédiat en faveur de la libération des pèlerins et croyants enlevés entre la Syrie et la Turquie, en dépit de toutes les valeurs humaines et des droits de l’hommes ? » a ajouté Hussein Moussawi dans le cadre d’une diatribe contre le 14 Mars et les rebelles syriens.


Du côté du 14 Mars, l’ancien député Misbah Ahdab a déploré la participation du Hezbollah aux combats en Syrie, qui rend difficile la possibilité d’empêcher un autre camp de s’ingérer directement dans les affaires syriennes. M. Ahdab a mis en garde contre une déstabilisation générale du pays si la politique de distanciation n’est pas appliquée. « L’utilisation des institutions de l’État au service du régime syrien provoquera des réactions. Nous appelons le Hezbollah à revoir sa politique d’ingérence et souhaitons que la frontière soit bien contrôlée dans les deux sens », a souligné M. Ahdab.


D’autres députés et courants du 14 Mars ont eux aussi condamné le comportement du Hezbollah, notamment les députés Assem Araji (Zahlé), Imad el-Hout (Jamaa islamiya) et la Gauche démocratique. M. Araji a notamment appelé les tribus chiites de Baalbeck à faire pression sur le Hezbollah pour qu’il renonce à son aventure syrienne.
Mais le véritable réquisitoire contre l’ingérence militaire du Hezbollah en Syrie est venu hier soir de l’ancien secrétaire général du Hezbollah, cheikh Soubhi Toufayli.


Sur le terrain syrien, les combats se poursuivent à Qousseir, où les rebelles ont réussi hier à établir, preuves à l’appui, la participation de miliciens du Hezbollah. À la suite d’une opération qui aurait visé un cadre supérieur du parti chiite, les rebelles ont exhibé la carte de membre du parti et la carte d’identité d’un combattant du Hezbollah, Mohammad Hassan Moqdad, originaire de la Békaa. Par ailleurs, quatre familles et pas moins de 450 Syriens ont fui la région de Qousseir vers Ersal et Wadi Khaled, tandis que cinq obus sont tombés sur des villages du Akkar sans faire de victimes.

 

 

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