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Moyen Orient et Monde - Révolte

L’Europe lève partiellement l’embargo sur le pétrole syrien

L’UE introduit des dérogations aux sanctions pour « aider la population civile ».

L’Armée syrienne libre (ALS) poursuit ses opérations à Alep contre les troupes du régime. Au niveau diplomatique, Georges Sabra a été élu hier président par intérim de la Coalition de l’opposition. L’Union européenne enfin a partiellement levé l’embargo pétrolier pesant sur la Syrie « pour venir en aide à la population ». Malek el-Shemali/Reuters

L’Union européenne a envoyé hier un signe de soutien à l’opposition syrienne en levant partiellement l’embargo pétrolier appliqué depuis septembre 2011 à l’encontre de la Syrie, alors que les ministres européens des Affaires étrangères étaient réunis à Luxembourg. Les ministres ont ainsi jugé « nécessaire » d’« introduire des dérogations » aux sanctions dans le but d’« aider la population civile syrienne, en particulier en réponse aux problèmes humanitaires (...) et pour rétablir une activité économique normale », ont-ils indiqué dans les conclusions de leur réunion. « Nous voulons aider à la reconstruction économique » des zones contrôlées par l’opposition « afin que la population se rende compte qu’il existe une véritable solution alternative au régime d’Assad », a souligné le chef de la diplomatie allemande, Guido Westerwelle. « Il ne faut pas s’attendre à ce que les nouvelles mesures aient un impact rapide », a néanmoins prévenu un responsable de l’UE, reconnaissant la « complexité » de leur mise en œuvre.

... Mais pas d’armes lourdes
Les sociétés intéressées par l’importation de brut ou par des investissements devront demander l’autorisation de leur gouvernement, qui tentera de son côté d’obtenir des garanties de la Coalition de l’opposition. Car les Européens s’inquiètent aussi de la réalité du contrôle des champs pétrolifères les plus importants par les différents mouvements rebelles. Ceux de Deir ez-Zor et de Hassaka seraient en majorité aux mains des insurgés, en particulier du Front el-Nosra, affilié à el-Qaëda, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).


Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a pour sa part mis en garde l’UE hier contre ces décisions, faisant valoir que l’armement des mouvements rebelles et des acteurs non gouvernementaux est prohibé par les lois internationales. Le ministre russe des Affaires étrangères a ajouté qu’il discuterait avec le secrétaire d’État américain John Kerry, en marge d’une réunion entre la Russie et l’OTAN, aujourd’hui à Bruxelles, de la mise en œuvre d’un processus de transition politique en Syrie.


Avec les mesures décidées hier, les Européens suivent donc la même ligne prudente que les États-Unis, qui ont annoncé samedi un doublement de leur aide directe à l’opposition. Mais malgré les appels insistants de la coalition, Européens comme Américains hésitent à fournir des armes lourdes qui permettraient aux rebelles de lutter contre les attaques aériennes de Damas. Au sein de l’UE, Londres et Paris restent isolés sur cette question, qui doit être réglée d’ici au 1er juin, date à laquelle doit être reconduit, ou amendé, le régime de sanctions visant la Syrie. Toutefois, si « un ou deux pays veulent livrer des armes », l’Allemagne semble désormais disposée à « ne pas s’y opposer », a déclaré hier M. Westerwelle, tout en soulignant de nouveau le risque qu’elles « tombent entre de mauvaises mains ». Aux yeux de plusieurs ministres européens, ces craintes sont renforcées par l’état de division de l’opposition. Le chef de la diplomatie belge Didier Reynders a d’ailleurs jugé « très inquiétante » la démission annoncée dimanche de son chef, Ahmad Moaz el-Khatib. Il faut « continuer à demander à l’opposition d’être plus organisée, plus inclusive », a-t-il ajouté.

 « Meilleur scénario »
Toujours sur le plan diplomatique, l’Iran estime que le « meilleur scénario » en Syrie est que Bachar el-Assad reste président jusqu’à la tenue de la présidentielle en 2014, a affirmé hier un responsable iranien en visite à Damas. « Après, des élections libres se tiendront et le peuple syrien pourra s’exprimer et décider de son avenir », a affirmé le président de la commission de la Sécurité nationale et des Affaires étrangères du Parlement iranien, Allaeddine Boroujerdi, en visite jusqu’aujourd’hui dans la capitale syrienne et qui a rencontré hier le président Assad.
Sur le terrain, l’armée syrienne a marqué des points ces derniers jours sur deux fronts stratégiques : dans la région de Homs, qui relie la capitale au littoral, et dans celle de Damas, les troupes du régime cherchant à tout prix à empêcher l’entrée des rebelles dans la capitale. L’armée avait pris dimanche le « contrôle total » du village de Jdeidet el-Fadl, où l’OSDH a pu identifier 101 morts, parmi lesquels trois enfants, 10 femmes et 88 hommes dont 24 rebelles. Ces morts feraient partie de ceux trouvés dans cette région, selon plusieurs médias, militants et groupuscules, qui font état depuis deux jours d’un massacre qui aurait eu pour conséquence, entre bombardements, combats et exécutions sommaires, la mort de plus de 400 autres après plusieurs jours d’offensive des forces loyales au président Assad. Le Comité de coordination locale (LCC), composé d’activistes, a avancé le chiffre de 450 morts ; l’OSDH celui de 500.

 

Selon ce dernier, l’offensive a notamment été menée par la garde républicaine, par plusieurs autres régiments d’élite, dont le 100e, et par des milices alaouites sous le contrôle des services de renseignements de l’armée de l’air, une des branches les plus redoutées de la police secrète. Toutefois, ces affirmations sont impossibles à vérifier de manière indépendante. Les médias officiels syriens n’ont quant à eux pas fourni de bilan, mais ont fait état de combats à Jdeidet el-Fadel, où l’armée régulière a selon eux « sauvé la ville » des groupes terroristes en tuant et blessant nombre d’entre eux. Les États-Unis se sont dit « atterrés » par ces informations faisant état d’un nouveau « massacre » attribué aux forces prorégime, selon le porte-parole de la Maison-Blanche Jay Carney.

 

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