Rechercher
Rechercher

À La Une - Rapport 1559

L’ONU condamne les agissements du régime syrien aux frontières libanaises

Ban Ki-moon lance un cri d’alarme au Conseil de sécurité et appelle Beyrouth à interdire au Hezbollah de se procurer des armes.

Ban : Le fait que le Hezbollah continue de disposer d’importants moyens militaires de pointe échappant au contrôle du gouvernement libanais reste extrêmement préoccupant. Larry Downing / Reuters

Dans son dernier rapport semestriel sur l’application de la résolution 1559 du Conseil de sécurité, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon « invite tous les dirigeants libanais à s’entendre sur des questions-clés, telles que la formation d’un nouveau gouvernement, la loi électorale et les nominations aux postes de sécurité, pour empêcher le pays d’être aspiré dans la tourmente régionale ». Il « condamne » les incidents répétés au cours desquels des civils ont été tués, blessés ou mis en danger du côté libanais de la frontière en raison des mesures prises par les autorités syriennes, et « appelle » toutes les parties, en particulier le gouvernement syrien, à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale du Liban, conformément à la résolution 1559.
Le chef de l’ONU s’est dit également « préoccupé » par l’implication présumée d’éléments libanais dans le conflit en Syrie, ce qui présente des risques très réels pour la sécurité et la stabilité du Liban. Tout en notant la déclaration du Conseil de sécurité du 14 mars à cet égard, il « salue » les efforts du président Sleiman pour faire respecter la politique de distanciation du Liban qui reste essentielle pour préserver le Liban de tout autre impact du conflit en Syrie. Il en profite pour réitérer son appel à tous les dirigeants politiques libanais pour assurer le plein respect de cette politique afin que le Liban reste neutre en ce qui concerne les conflits externes, conformément à leur engagement dans la déclaration de Baabda.

 

(Lire aussi: Sleiman : La Ligue arabe et l’ONU doivent protéger le Liban )


Le dix-septième rapport semestriel du secrétaire général au Conseil de sécurité qui examine le processus de la mise en œuvre de la résolution depuis le dernier rapport publié le 17 octobre 2012 dresse un bilan sombre de la stabilité du Liban. Il exprime « sa déception » de l’absence de progrès tangibles sur les principales dispositions de la résolution 1559 et met en évidence les « préoccupations qui continuent de menacer la souveraineté du Liban, son intégrité territoriale et l’indépendance politique, malgré la politique prudente du Liban de distanciation de la crise syrienne ».

406 000 réfugiés syriens au 4 avril
Le rapport fait état de « l’inquiétude » du secrétaire général face à l’impact persistant de la crise en Syrie qui continue de poser de sérieux défis à la sécurité, à la dynamique politique du pays, et à l’autorité de l’État libanais. L’approfondissement des tensions sectaires internes au Liban ayant des positions divergentes sur la crise syrienne occasionne des affrontements armés. D’un autre côté, la polarisation politique et l’absence d’accord sur la loi électorale et les nominations aux postes sécuritaires ont rendu le Liban encore plus vulnérable et moins capable de relever les défis auxquels il se trouve confronté, constate le rapport. Ban Ki-moon « prend aussi note » de la nomination le 6 avril de Tammam Salam comme Premier ministre désigné et « engage » tous les dirigeants politiques à travailler de manière positive pour la formation rapide d’un gouvernement afin de préserver la stabilité, et à faciliter le déroulement rapide des élections législatives conformément aux exigences constitutionnelles. Il est « essentiel », pour lui, que les dirigeants libanais saisissent cette occasion pour renforcer les institutions du Liban et agissent de concert de manière à protéger le Liban de l’impact de la crise syrienne et à assurer la sécurité et la stabilité du pays. Le consensus sur le processus électoral, conformément à la Constitution, sera un test-clé, compte tenu de la nécessité de la tenue d’élections en temps opportun, indique-t-il.
De plus, le Liban a continué d’accueillir un grand nombre de Syriens fuyant la violence dans leur pays, plus de 406 000 réfugiés au 4 avril, ainsi que des réfugiés palestiniens installés en Syrie. C’est le plus grand nombre de réfugiés dans les pays voisins de la Syrie. Le pays du Cèdre se trouve « confronté à d’énormes défis humanitaires, socio-économiques et politiques », estime le secrétaire général.

 

(Lire aussi: L’appétit vorace du 8 Mars et les limites de l’ouverture de Salam)

 

 

Le Hezbollah et la pression des armes
Par ailleurs, le secrétaire général attire une fois de plus l’attention sur la prolifération généralisée des armes échappant au contrôle de l’État. Le fait que le Hezbollah continue de disposer d’importants moyens militaires de pointe échappant au contrôle du gouvernement libanais reste extrêmement préoccupant, tout particulièrement parce que cela crée un climat d’intimidation dans le pays, compromet la sécurité des civils libanais, et contrarie le pouvoir exclusif du gouvernement d’avoir légitimement recours à la force. Le responsable onusien « exhorte » le Hezbollah à s’abstenir de toute activité militaire à l’intérieur comme à l’extérieur du Liban, conformément aux exigences de l’accord de Taëf et à la résolution 1559. Il « exhorte » aussi le gouvernement libanais et l’armée libanaise à prendre toutes les mesures nécessaires afin d’interdire au Hezbollah de se procurer des armes et de renforcer ses capacités militaires en dehors de l’autorité de l’État, en violation de cette résolution.

 

(Lire aussi: Nasrallah n’a pas été en Iran...)

La démarcation des frontières
Concernant le tracé et la démarcation de la frontière avec la Syrie, le responsable de l’ONU « déplore » une fois de plus qu’aucun progrès n’ait été effectué. La gestion intégrée des frontières contribuera de manière significative, à long terme, à un meilleur contrôle des frontières internationales du Liban et à prévenir les transferts illicites d’armes dans les deux sens. Le secrétaire général « déplore » aussi qu’Israël continue de porter atteinte à l’intégrité territoriale du Liban et l’empêche d’exercer pleinement sa souveraineté, et appelle à respecter les obligations qui lui incombent en vertu des résolutions du Conseil de sécurité, à retirer ses forces armées de la partie nord du village de Ghajar et à mettre fin à ses survols de l’espace aérien libanais, qui minent la crédibilité des services de sécurité libanais.

Fragilité et justice
Parallèlement, Ban Ki-moon « réitère » l’appel du Conseil de sécurité pour que les auteurs, instigateurs, organisateurs et commanditaires de l’assassinat du général Wissam el-Hassan soient traduits en justice, ainsi que ceux qui sont impliqués dans les tentatives d’assassinat de personnalités politiques l’année dernière. Il invite les autorités libanaises à faire avancer le processus judiciaire pour l’ancien ministre Michel Samaha d’une manière équitable et transparente afin de traduire en justice toutes les personnes impliquées dans l’affaire.
En cette période particulièrement difficile et délicate au Liban, le secrétaire général de l’ONU reste résolument attaché à l’application de la résolution 1559 dans l’intérêt de la paix et de la sécurité. Il « invite » donc toutes les parties et tous les acteurs à respecter scrupuleusement les dispositions des résolutions 1559, 1680 (2006), et 1701 (2006). Car il y va de l’intérêt du Liban et des Libanais de progresser vers la pleine application de la résolution pour la stabilité à long terme du pays et de la région.

 

Lire aussi

Un Salam sur deux, le billet de Ziyad Makhoul


Syrie : « Au nom de tous ceux qui souffrent, je vous dis : stop ! »

 

Pour mémoire

Frontières : Mansour défend l’armée syrienne et accuse la Ligue arabe...

Dans son dernier rapport semestriel sur l’application de la résolution 1559 du Conseil de sécurité, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon « invite tous les dirigeants libanais à s’entendre sur des questions-clés, telles que la formation d’un nouveau gouvernement, la loi électorale et les nominations aux postes de sécurité, pour empêcher le pays d’être aspiré dans la...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut