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Culture - Souvenir

Deuil du qanun avec la disparition de sa reine, Imane Homsy

À quarante-six ans, Imane Homsy, virtuose du qanun, la harpe orientale, disparaît subitement du paysage musical libanais, arabe et international. Un talent immense qui avait donné à cet instrument aux coulées cristallines une gloire nouvelle et de vraies lettres de noblesse.

Elle avait une grâce, une gentillesse et une élégance uniques et discrètes. Le qanun sagement posé au-devant des genoux, ses doigts d’or courant telles d’insaisissables tarentules sur un clavier aux cordes pincées, Mélusine à la complainte orientale et inspirée, Imane Homsy ensorcelait ses auditeurs avec ses notes qui s’échappaient en bulles luisantes et légères. Avec dix doigts, quand la tradition intimait l’ordre de s’exécuter avec deux seulement!
Une technique qu’elle perfectionne et qui la propulse au-devant de la scène. En faisant de son interprétation, de ses improvisations et de ses compositions des moments de bonheur, d’une richesse sonore encore inégalée, dans leur brio et célérité. Ainsi le qanun ne reste plus le partenaire fidèle et asservi du oud ou du chant, mais se libère et accède, avec éclat et originalité, à un solo de concertiste.
Dès l’âge de sept ans, elle répudie poupée et autres bricoles pour l’amusement des petites filles modèles et plonge dans les délices sonores du qanun, sa lumière et l’unique élu de son cœur. Très vite, sous la direction de Mohammad al-Sabsaby, elle perce le mystère des harmonies et des contrepointes d’un instrument aux délicatesses de libellules rayonnantes dans leur vol lumineux et aérien.
C’est au Conservatoire national supérieur de musique de Beyrouth qu’elle fraye son chemin, aussi bien pour sa formation académique qu’ensuite en tant qu’émérite enseignante pour les générations montantes. À qui elle inculque la passion de pincer les cordes et de réinventer les sonorités, aussi bien orientales
qu’occidentales.
Infatigable travailleuse et redoutable perfectionniste, son talent ne se limitait pas au monde de la musique. Car, en 1994, elle est aussi diplômée en architecture de l’Université libanaise. Tout en menant de front une carrière de musicienne dont les tournées touchent aussi bien l’Europe que l’Asie et l’Afrique. Les festivaliers du Bustan, à Beit-Méry, se souviennent de sa prestation tout aussi bien que le public nombreux venu l’ovationner à l’Institut du monde arabe à Paris. Sans oublier de mentionner sa remarquable réplique à l’ensemble Chordais en Grèce.
Plusieurs années de lutte pour une douloureuse maladie des os ont fini par avoir raison de son combat pour la vie et l’amour de la musique.
En souvenir de cette musicienne aussi douce que ses accords conjugués ou ses
notes qui avaient la solitude des chants des fontaines dans des cours dardées de soleil, on écoute l’unique CD qui reste d’elle dans les bacs: Seigneur qanun. Un titre éloquent et explicite.
Elle avait une grâce, une gentillesse et une élégance uniques et discrètes. Le qanun sagement posé au-devant des genoux, ses doigts d’or courant telles d’insaisissables tarentules sur un clavier aux cordes pincées, Mélusine à la complainte orientale et inspirée, Imane Homsy ensorcelait ses auditeurs avec ses notes qui s’échappaient en bulles luisantes et légères. Avec dix...

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