Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Syrie

La Belgique et la Turquie en guerre contre les recruteurs de salafistes

Assad annonce une amnistie partielle ; 31 corps ont été découverts à Alep.

Une maman et ses enfants tentent de traverser des débris à Deir ez-Zor.   Khalil Ashawi/Reuters

La Belgique est passée hier à l’offensive contre les filières de recrutement de combattants pour la Syrie en procédant à plusieurs dizaines de perquisitions et à des interpellations dans les milieux islamistes, alors que les cas de jeunes Belges rejoignant les rebelles se multiplient.
Quarante-huit perquisitions ont ainsi été menées à l’aube, principalement dans les régions d’Anvers et de Bruxelles, a indiqué le parquet fédéral. Six personnes ont été interpellées et présentées à un juge d’instruction, qui doit décider de les placer ou non en détention préventive. Le parquet a requis leur inculpation pour « participation à un groupe terroriste », punissable de dix années de prison, a précisé un magistrat du parquet, Éric Van der Sypt. Les enquêteurs ont aussi saisi des ordinateurs, des téléphones portables et plus de 30 000 euros, mais n’ont découvert ni arme ni explosif. Ce coup de filet est le fruit de plus d’une année d’enquête visant Sharia4Belgium, un groupuscule radical qui prône l’instauration de la loi islamique en Belgique et le jihad armé international.

 

(Pour mémoire : Armes, jihadistes, chaos : l’infernale équation syrienne)


Dans le même temps en Turquie, la police a arrêté dix personnes soupçonnées d’être liées au réseau el-Qaëda et de recruter, d’entraîner et d’armer des combattants pour la rébellion hostile au président syrien Bachar el-Assad. Ce coup de filet a été réalisé dans la province de Konya, ont précisé les quotidiens Hürriyet et Radikal sur leurs sites Internet, ajoutant que les suspects avaient nié les accusations portées contre eux.

Doha
Par ailleurs, le Qatar a rejeté les accusations de Bachar el-Assad selon lequel le soutien de Doha aux rebelles syriens et plus largement aux Frères musulmans serait un facteur de déstabilisation régionale. « M. Assad n’a pas totalement raison », a répondu le Premier ministre qatari, cheikh Hamad ben Jassem al-Thani, lors d’une conférence de presse commune avec la chancelière allemande Angela Merkel à Berlin. Le Qatar a essayé de convaincre le régime de Damas d’adopter des réformes politiques au début du soulèvement, a déclaré le cheikh, mais il s’est heurté à « l’obstruction d’Assad et à sa conviction qu’il ne pouvait y avoir d’autre solution que militaire. Notre but est d’aider le peuple syrien à réaliser ses vœux et ses aspirations ». « Nous cherchons tous une solution et espérons des pourparlers politiques. Nous avons discuté de la façon dont nous pourrions réunir les conditions nécessaires. Ces questions sont tout sauf simples », a jugé de son côté la chancelière allemande, soulignant que « l’éventualité d’une déstabilisation de toute la région est réelle ».

« Manœuvre dilatoire »
Par ailleurs, le président syrien a occupé le devant de la scène en annonçant une amnistie partielle avant d’intervenir aujourd’hui à la télévision. À la veille de l’anniversaire de l’indépendance de la Syrie, le 17 avril 1946, le chef de l’État a ainsi décrété une amnistie pour certains crimes et des réductions de peine, a annoncé l’agence officielle SANA. « Le président Assad a promulgué le décret 23, accordant une amnistie générale pour des crimes commis avant le 16 avril 2013 », a ainsi affirmé l’agence, mais en fait, il s’agit d’une amnistie sélective car seuls ceux qui ont eu vent « d’actes terroristes » et n’ont pas informé les autorités sont totalement amnistiés. « À la peine de mort seront substitués les travaux forcés à perpétuité pour les crimes de sang (n’ayant pas un caractère terroriste), mais ceux qui ont financé des groupes terroristes ou commis des actes terroristes ayant entraîné mort et destruction ne sont pas graciés » et risquent la peine capitale. En revanche, « ceux qui ont comploté pour mener un acte terroriste sans toutefois l’accomplir voient leur peine réduite d’un quart », précise le décret.

 

(Lire aussi : Frontières : Mansour défend l’armée syrienne et accuse la Ligue arabe...)


« Les déserteurs de l’armée, se trouvant à l’intérieur du pays, peuvent bénéficier d’une grâce totale s’ils se rendent aux autorités dans un délai de 30 jours, et de 90 jours s’ils sont à l’extérieur, mais ceux qui ont volé des armes dans les armureries ne bénéficient d’aucune indulgence. » Selon la télévision, ce décret devrait conduire à la libération de 7 000 détenus, mais le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) s’est montré sceptique sur son ampleur. « Ce n’est pas la première fois que Bachar décrète une amnistie, et cela ne conduira pas à la libération des dizaines de milliers de prisonniers. Une véritable amnistie, c’est la libération de tous les prisonniers d’opinion, de conscience, et des révolutionnaires », a martelé Rami Abdel Rahmane.
L’amnistie « n’exonère pas » M. Assad de faire cesser les violences, a indiqué de son côté le ministère français des Affaires étrangères qui craint une nouvelle « manœuvre dilatoire » du régime syrien. « Tant que Bachar el-Assad n’aura pas écouté ce que demande la communauté internationale et ce que dit son peuple, il sera difficile de se réjouir », a réagi Philippe Lalliot, porte-parole du Quai d’Orsay.

Voiture piégée
Sur le terrain, plusieurs passants ont été blessés hier par l’explosion d’une voiture piégée à Baramké, dans le centre de Damas, a affirmé l’OSDH tandis que l’agence officielle SANA a fait état uniquement de dégâts matériels. Par ailleurs, des bombardements ont visé Jobar, un quartier de l’est de la capitale, et des raids aériens ont frappé Zamalka. Pour sa part, SANA a indiqué que l’armée avait mené des opérations à Otaybé et Atra, deux localités stratégiques qui contrôlent l’entrée de la région située à l’est de Damas.
Au sud de la ville d’Alep, des combats ont par ailleurs eu lieu à Nairab et autour de deux barrages sur la route entre Ariha et Saraqeb. Des combats ont également eu lieu à Babouline, où l’armée a réussi à prendre deux collines et approvisionner ainsi deux camps militaires assiégés depuis six mois.
À Alep même, 31 corps ont été découverts sur l’axe reliant Sahour et Midane, une ligne de démarcation entre l’armée et les rebelles. La majorité des victimes ont péri sous les balles des tireurs embusqués, selon l’OSDH.
La violence a fait hier, selon un bilan provisoire, 49 tués.

 


Lire aussi

L'opposition syrienne demande l'arrêt des "opérations" du Hezbollah en Syrie



La Belgique est passée hier à l’offensive contre les filières de recrutement de combattants pour la Syrie en procédant à plusieurs dizaines de perquisitions et à des interpellations dans les milieux islamistes, alors que les cas de jeunes Belges rejoignant les rebelles se multiplient.Quarante-huit perquisitions ont ainsi été menées à l’aube, principalement dans les régions...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut