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Moyen Orient et Monde - syrie

L’adhésion d’el-Nosra à el-Qaëda, un « cadeau » pour le régime

L’adhésion publique à el-Qaëda du Front el-Nosra, le groupe rebelle le plus combatif en Syrie, est une aubaine pour le régime qui pourrait intensifier ses opérations contre les insurgés en profitant de la gêne des pays occidentaux après cette annonce. Le Front el-Nosra, composé de jihadistes et étrangers, avait annoncé mercredi avoir prêté allégeance au chef d’el-Qaëda, Ayman el-Zawahiri, qui avait appelé quatre jours plus tôt les rebelles à lutter pour l’instauration d’un « État islamique jihadiste ». « C’est un point en faveur du régime car cela conforte la version officielle qui parlait de groupes terroristes et de forces étrangères qui les soutiennent », estime donc Bassam Abou Abdallah, directeur du Centre de Damas pour les études stratégiques. « Tout ce qui contribue à associer l’opposition à el-Qaëda est une aubaine pour le régime. Il lui suffit de regarder l’emballement médiatique occidental et savourer le moment », assure Thomas Pierret, un expert de l’islam en Syrie. « Assad peut logiquement en conclure que les débordements idéologiques de ses opposants préoccupent plus les Occidentaux que les tonnes d’explosifs qu’il déverse quotidiennement sur sa population », ajoute ce maître de conférences sur l’Islam contemporain à l’université d’Édimbourg.
L’annonce d’el-Nosra a embarrassé aussi bien l’opposition syrienne que la communauté internationale. « La position de l’opposition se trouve affaiblie devant l’opinion syrienne et internationale », affirme M. Abou Abdallah, qui est un ancien conseiller culturel à l’ambassade de Syrie à Ankara. « L’opposition syrienne ne peut pas justifier la présence de jihadistes en Syrie devant les Européens. Que va-t-elle faire après cette annonce ? C’est embarrassant pour la communauté occidentale qui appelle à un changement démocratique en Syrie », a-t-il ajouté. Les insurgés sont divisés globalement en trois courants : l’Armée syrienne libre (ASL), principale composante de la rébellion qui dit combattre pour un changement démocratique et est soutenue par les Occidentaux, les salafistes du Front islamique syrien et les jihadistes d’el-Nosra. Selon des chiffres non vérifiables avancés par les experts, l’ASL compte 140 000 membres contre 8 000 combattants d’el-Nosra, mais ces derniers sont les plus audacieux au combat et bénéficient d’une réelle aura dans la population. Toujours pour M. Abou Abdallah, le régime va en profiter pour frapper plus fort. « C’est un feu vert pour les autorités », assure-t-il. « La situation est devenue plus claire. Nous allons voir un grand changement sur le terrain et une intensification des opérations militaires pour en finir avec ce groupe », poursuit l’analyste. Sur le terrain, les lignes de front semblent s’être stabilisées, sauf dans le Sud où la rébellion progresse. Le régime tient le littoral et les grandes villes, à l’exception de Raqa à l’est et d’une grande partie d’Alep, alors que les insurgés sont solidement installés dans l’Est et le Nord.
Mais c’est principalement au niveau international que l’opposition risque de pâtir de l’annonce. « Cela met les pays occidentaux dans un grand embarras ; d’autant plus que la coopération entre les rebelles et ces jihadistes rend quasiment impossible d’armer » l’ASL, selon Charles Lister, analyste du Jane’s Terrorism and Insurgency Centre (JTIC), à Londres. Pour ce chef du département Moyen-Orient et Afrique du Nord, les pays occidentaux « se doutaient depuis longtemps d’un lien entre el-Nosra et el-Qaëda, et c’est probablement la principale raison derrière leur refus d’armer les rebelles ». Réunis jeudi à Londres, les ministres du G8 n’ont en effet pas répondu à l’appel de l’opposition à armer la rébellion et la France a annoncé vouloir discuter avec ses partenaires européens et au Conseil de sécurité d’un éventuel classement du Front el-Nosra comme « organisation terroriste ». Mais pour M. Pierret, en fait tout cela arrange bien l’Occident. « Un embarras pour les pays occidentaux ? Non, au contraire : un nouveau prétexte bien commode pour justifier leur immobilisme puisque, contrairement à ce qu’ils affirment de manière peu convaincante, ils ne souhaitent pas réellement aider l’opposition », regrette-t-il.
(Source : AFP)
L’adhésion publique à el-Qaëda du Front el-Nosra, le groupe rebelle le plus combatif en Syrie, est une aubaine pour le régime qui pourrait intensifier ses opérations contre les insurgés en profitant de la gêne des pays occidentaux après cette annonce. Le Front el-Nosra, composé de jihadistes et étrangers, avait annoncé mercredi avoir prêté allégeance au chef d’el-Qaëda, Ayman...

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