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À La Une - Révolte

Les enfants, premières victimes du conflit en Syrie

Une ONG estime à entre 10 000 et 15 000 le nombre d’enfants tués depuis mars 2011 ; des brigades islamistes rebelles rejettent la tutelle d’el-Qaëda.

Des manifestants à Alep ont exprimé hier leur mécontentement concernant l’allégeance d’al-Nosra à el-Qaëda. Dimitar Dilkoff/AFP

Les combats et les bombardements en Syrie ont coûté la vie à 10 000 à 15 000 enfants depuis le début de la guerre, selon un responsable de la Chaîne de l’espoir, une ONG française spécialisée dans les soins aux enfants démunis. Sur les plus de 70 000 morts recensés par l’ONU dans le conflit syrien, « environ la moitié sont des civils. Parmi ces civils, il y a 30 à 40 % d’enfants », a précisé lors d’un point de presse le vice-président de l’association, Philippe Valenti, de retour d’une mission en Jordanie. Dans ce pays limitrophe de la Syrie qui accueille quelque 400 000 réfugiés syriens, « j’ai examiné 65 enfants (syriens), dont les deux tiers étaient des blessés de guerre : ils avaient soit sauté sur une mine, soit été touchés par un sniper », a ajouté le médecin. « Dans les guerres récentes, les armes ont changé. Les plaies et traumatismes touchent souvent les membres. Les membres inférieurs, ce sont les mines. Les membres supérieurs, c’est souvent les kalachnikovs » ou des balles de snipers, a-t-il expliqué. Selon lui, « les snipers ont deux objectifs » : soit « paralyser, c’est-à-dire laisser en vie mais la personne ne pourra plus marcher », soit « tirer dans la tête ». M. Valenti a ainsi indiqué avoir vu de nombreux blessés par balles à la colonne vertébrale. L’association a demandé l’autorisation d’intervenir en Jordanie, où elle espère envoyer des chirurgiens à partir de juin. D’après M. Valenti, l’association va également s’installer en Turquie, sur la frontière syrienne.

Presque 300 réfugiés par jour rentrent en Syrie
Parallèlement, l’organisation onusienne pour les réfugiés UNHCR s’est inquiétée hier du fait que de plus en plus de Syriens réfugiés en Jordanie rentrent dans leur pays ravagé par la guerre, notamment au cours des derniers jours. Ils seraient maintenant 300 à retraverser la frontière en sens inverse, selon la porte-parole de l’organisation Melissa Flemming. Selon elle, beaucoup rentrent en Syrie afin de retrouver leurs proches et/ou les ramener en Jordanie.

 

(Pour mémoire: Les réfugiés syriens opprimés dans la banlieue-sud de Beyrouth : l'Etat atermoie)


En attendant, sur le terrain, les violences se poursuivaient. Des combats meurtriers entre l’armée syrienne et le Front jihadiste d’el-Nosra se déroulaient hier aux entrées de la ville de Qamechli à l’extrême nord-est de la Syrie, faisant des morts des deux côtés, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), précisant que ces combats faisaient suite à une offensive des rebelles contre les forces gouvernementales.
En outre, les forces gouvernementales ont bombardé les localités de Toq Melh et Tal Hamis dans la province de Hassaké, plus à l’ouest. À Damas, des obus de mortier sont tombés sur le Souk al-Hal, grand marché de légumes et fruits dans le quartier de Zablatani, faisant un mort et des blessés, indique l’OSDH qui s’appuie sur un large réseau de militants et de sources médicales. Et à l’est de la capitale, le quartier de Joubar a été violemment bombardé par les forces du régime, faisant sept morts au moins. Une cinquantaine de personnes au moins ont donc péri hier dans des violences à travers le pays, selon l’organisation.


Par ailleurs, des soldats israéliens ont fait usage de l’artillerie en direction de la Syrie hier soir, après avoir été visés par des tirs sur la partie du plateau du Golan occupée par Israël, a annoncé l’armée dans un communiqué.
Comme chaque vendredi, jour hebdomadaire de prière, des manifestations antirégime ont eu lieu dans plusieurs régions du pays. Hier, le sujet était principalement l’adhésion d’el-Nosra à el-Qaëda. À Kafr Nabel, dans le Nord-Est, des manifestants brandissaient une banderole proclamant : « Notre révolution n’est pas contre le régime en tant que tel, elle est contre les attaques contre la raison et l’oppression (...) quelles que soient les formes qu’elles prennent. » À Alep, des manifestants ont défilé dans le quartier de Boustan al-Qasr tenu par les rebelles avec des pancartes disant : « C’est le peuple syrien qui décidera du genre d’État qu’il veut. » Le Front al-Nosra avait cependant des partisans dans la province d’Idleb comme à Bineche, où des banderoles proclamaient : « Le peuple islamique veut un califat islamique. »

 

(Lire aussi: Deux courants se partagent les « zones libres » d’Alep)


Rejet de l’extrémisme
Toutefois, plusieurs brigades de la rébellion syrienne ont rejeté l’adhésion du Front jihadiste el-Nosra au réseau extrémiste el-Qaëda, estimant que la priorité était de combattre le régime et appelant à un islam « modéré ». « Ici, en Syrie, nous avons lancé le jihad (guerre sainte) contre le régime (...), pas pour prêter allégeance à X ou Y et pas pour qu’on impose sur nos frères et notre peuple des choses malgré eux », a fait savoir hier dans un communiqué le Front islamique de libération de la Syrie, qui regroupe une vingtaine de bataillons islamistes sous l’autorité de l’Armée syrienne libre (ASL), comme le Liwa al-Tawhid, Liwa al-Islam ou les brigades al-Farouk. « Prêter allégeance à des gens qui ne savent rien de notre situation ne peut pas servir notre peuple et notre nation », estime également le communiqué. « Ô moujahidine, le Front islamique de libération de la Syrie vous appelle à unifier vos rangs (...) et à suivre le chemin de la modération qu’a toujours connue la Syrie. »
Toujours à ce sujet, des discussions « informelles » en vue d’un classement du Front al-Nosra, actif en Syrie, comme « organisation terroriste » ont débuté à Londres lors de la réunion mercredi et jeudi du G8 et doivent se poursuivre à l’ONU, a indiqué hier Philippe Lalliot, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. Selon lui, une option possible est l’inscription d’al-Nosra sur la liste du comité des sanctions, en vertu de la résolution 1267 de l’ONU qui concerne el-Qaëda. Les quinze membres du Conseil de sécurité siègent dans ce comité.

 

(Lire aussi : L’adhésion d’el-Nosra à el-Qaëda, un « cadeau » pour le régime)


Dix millions de dollars
Enfin, le président des États-Unis, Barack Obama, a jugé jeudi soir que la guerre en Syrie avait atteint un point « crucial », recevant dans le bureau Ovale le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon. M. Obama a aussi plaidé pour que les États-Unis et les Nations unies « coopèrent, non pas à un règlement complet de la crise, mais au moins à une amélioration pour la population syrienne et (...) vers une transition politique ». Avant de recevoir M. Ban, M. Obama avait ordonné dans un mémorandum à son gouvernement l’allocation d’une somme pouvant aller « jusqu’à 10 millions de dollars pour fournir de l’aide médicale et alimentaire à la Coalition de l’opposition syrienne et au Conseil suprême militaire » syrien (CSM), qui chapeaute les rebelles de l’ASL.
(Sources : agences et rédaction)

 

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Réflexions diplomatiques sur la situation en Syrie..., l'article de Scarlett Haddad

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