Alors que le Liban entre dans une période incertaine, notamment concernant les élections législatives et la mission du prochain gouvernement, la Syrie elle aussi entame une nouvelle phase de violence avec des préparatifs militaires intensifs en vue d’une bataille que l’opposition voudrait décisive sur le terrain. Toutefois, des milieux diplomatiques occidentaux à Beyrouth affirment que de plus en plus de pays européens se posent des questions sur l’opposition syrienne et sa fiabilité, surtout depuis que les informations sur l’influence grandissante des groupes islamistes affiliés à el-Qaëda se précisent. La France et la Grande-Bretagne qui étaient les pays les plus décidés à armer l’opposition syrienne, en dépit de l’opposition de pays comme l’Allemagne et l’Autriche par exemple, hésitent désormais à aller de l’avant. Des pistes avaient été étudiées pour doter les armes européennes de puces qui permettraient de les localiser avec précision, mais même ainsi, il semble de plus en plus difficile pour l’Europe de fournir des armes sophistiquées aux groupes salafistes du type de ceux qu’ils combattent au Mali et ailleurs. D’autant que le Front al-Nosra en Syrie a clairement reconnu être relié au groupe d’el-Qaëda en Irak et a déclaré son allégeance au chef d’el-Qaëda Ayman al-Zawahiri.
Cette déclaration met carrément les Occidentaux au pied du mur et des sources diplomatiques européennes à Beyrouth reconnaissent que pour l’instant la confusion est grande sur la politique à adopter en Syrie. Ces mêmes sources révèlent que l’idée de certains pays européens était de rééditer le scénario adopté en Serbie. Lorsque les Européens et les Américains avaient commencé à armer sérieusement l’opposition, le président serbe avait pris peur et il avait accepté de conclure un accord qui a finalement abouti à son départ et plus tard à son arrestation. Mais en Syrie, la situation est beaucoup plus complexe, reconnaissent les sources diplomatiques occidentales. D’une part, sur le terrain, ce sont les groupes affiliés à el-Qaëda qui sont les plus forts au sein de l’opposition et, de l’autre, le régime semble déterminé à mener la guerre jusqu’au bout, fort de son alliance avec l’Iran et la Russie. Dans ce contexte, doter l’opposition d’armes sophistiquées aurait pour résultat de renforcer les extrémistes et de susciter de nouvelles vagues de violences, sans pour autant faire chuter le régime ou le contraindre à la reddition. En même temps, ne pas armer l’opposition équivaut à permettre au régime de conserver son avantage et peut-être même de le renforcer. Or, sans même marquer des percées décisives sur le terrain, il se comporte en vainqueur, que serait-ce alors si l’opposition ne bénéficie pas d’une aide qualitative et quantitative ?
Les milieux diplomatiques précités reconnaissent que l’Occident – si l’on peut s’exprimer ainsi – se trouve devant un grand dilemme, d’autant que tous les pronostics véhiculés par la Turquie, sur une chute rapide du régime, ou même sur sa fragilité et son manque de cohésion, se sont avérés faux. De même, les sanctions de plus en plus sévères imposées à l’Iran n’ont pas poussé ce pays à réduire les aides fournies au régime syrien qui continue ainsi de recevoir tout ce dont il a besoin pour se maintenir. Les mêmes milieux rejettent catégoriquement la thèse de l’existence d’un plan préétabli pour déstabiliser la Syrie, précisant que le déclenchement de la révolte en Syrie a surpris tout le monde. Son prolongement aussi. Ils se demandent aujourd’hui comment faire pour ne pas avoir à composer avec un régime « qui traite aussi sauvagement » sa population, tout en n’ayant pas non plus à favoriser une opposition placée dans la mouvance d’el-Qaëda...
Dans le cadre de cette réflexion franche, les sources diplomatiques reconnaissent aussi que toutes les tentatives pour unifier l’opposition ont échoué jusqu’à présent, alors qu’en face, le régime montre une certaine cohésion, et en dépit de la perte de contrôle sur une bonne partie du territoire, l’appareil de l’État continue à fonctionner.
Mais il n’est pas pour autant question pour l’Occident de baisser les bras. C’est ainsi que les États-Unis qui ont déjà, selon de nombreux rapports confidentiels, des hommes sur le terrain seraient en train de revoir leurs plans pour effectuer des opérations ciblées à l’intérieur du territoire syrien. Mais les sources diplomatiques précitées affirment que l’administration est, elle aussi, dans le flou. D’autres sources estiment pourtant que la prolongation de la guerre en Syrie aurait du bon, dans le sens qu’elle épuise toutes les parties qui y sont directement impliquées, notamment l’Iran, même si elle provoque un surplus de victimes et de tragédies. Faute d’une autre solution dans l’immédiat, il faut toutefois se contenter de veiller à ce que le conflit ne déborde pas vers d’autres pays, et c’est là qu’intervient la volonté de calmer le jeu au Liban, au moins pour les quelques mois à venir.
commentaires (5)
Moi,ma réflexion diplomatique est très simple...VOUS NOUS FAITES TOUS CHIER....les iraniens,les saoudiens,les syriens,les egyptiens...et tous les autres....wlek frekoua baa...
GEDEON Christian
05 h 34, le 14 avril 2013