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La valeur écologique et économique de la forêt méditerranéenne typique

« 40 millions d’arbres » pour le Liban

Au cours de la semaine foretière, une représentante de la société civile, Patricia Sfeir, a fait une présentation d’un grand projet de reboisement libanais, parrainé par le ministère de l’Agriculture.
Pour plus de clarifications sur ce projet, nous avons interrogé Chadi Mehanna, qui représentait le ministère de l’Agriculture au congrès. Nous lui avons demandé s’il était logique de vouloir reboiser 70000 hectares dans un contexte de changements climatiques importants et de désertification croissante, des thèmes largement abordés lors du congrès.
«Il est tout à fait logique de le faire, répond M. Mehanna. Il est prouvé scientifiquement que les forêts favorisent l’absorption de l’eau de pluie, ce qui diminue le ruissellement vers la mer. Or c’est ce que nous observons actuellement au Liban: dès qu’il pleut, toutes les routes sont inondées en raison du ruissellement. Le reboisement est donc essentiel.»
L’expert fait état d’une étude présentée lors du congrès, qui a montré que la direction du vent s’inverse quand les superficies de forêts diminuent en région méditerranéenne: en l’absence de forêts, le vent pousse l’humidité vers la mer; or la forêt attire le vent et garde l’humidité dans sa zone. « Cela prouve une fois de plus que la disparition de la forêt a un impact sur la sécheresse, poursuit-il. D’où le projet des 40 millions d’arbres qui a été conçu pour lutter contre la désertification, lancé par le ministère de l’Agriculture suivant une approche participative, en collaboration avec d’autres ministères et le secteur privé. Un comité interministériel a été formé en Conseil des ministres, avec des représentants du secteur privé, notamment l’Association des banques. Nous avons déjà finalisé le règlement interne administratif et financier.»
Le directeur du développement rural et des ressources naturelles au ministère assure qu’il s’agira là du principal plan de reboisement du Liban à l’avenir. «L’une des premières activités sera l’établissement d’une carte de reboisement du pays, précise-t-il. En effet, ce qui se fait actuellement est un reboisement totalement anarchique et fragmenté, et le taux de survie des plants est très bas.»
De nombreuses critiques ont été formulées par les participants au congrès lors de la présentation de ce plan, notamment la recommandation de s’assurer que ces terrains à reboiser ne changeront pas d’utilisation d’ici à quelques années et que la population locale se sente partenaire du projet. En tiendra-t-il compte? «Ce sont des paramètres que nous intégrons déjà à notre travail, répond-il. En fait, les 70000 hectares dont nous parlons sont exclusivement des terrains gouvernementaux et municipaux. Nous devons juste définir lesquels, ce que nous ferons grâce à l’assistance de la Banque mondiale et de l’Union européenne. Il y a un travail de cartographie à faire, de manière à choisir les lots cadastraux avec précision. Ainsi les donateurs, certaines banques par exemple, pourront choisir la région et l’espèce qu’ils veulent planter, et nous leur indiquerons les lots qu’ils peuvent parrainer, sous la supervision des gardes forestiers du ministère de l’Agriculture. La diaspora pourra également être impliquée: le ministre de l’Agriculture Hussein Hajj Hassan fera bientôt une tournée en Amérique du Sud pour promouvoir l’huile d’olive libanaise et le projet de reboisement.»

Projet GIZ sur le changement climatique
Outre cette perspective de reboisement, le Liban profite aujourd’hui de plusieurs projets régionaux sur la forêt. «Il y en a deux principalement, explique Chadi Mehanna. Le premier est mis en place par la GIZ (coopération allemande) pour six pays de la région MENA: l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, la Turquie, le Liban et la Syrie. C’est un projet sur l’adaptation des politiques forestières aux changements climatiques. Ce programme soutient au Liban la réalisation du Programme forestier national qui inclut toutes les parties concernées par les forêts, la société civile ou l’administration. Un autre projet est financé par le Fonds français de l’environnement mondial (FFEM), pour les mêmes pays: l’objectif est d’optimiser les biens et services qu’offre la forêt. Au Liban, nous avons choisi deux sites, Jabal Moussa (Kesrouan) et Qammouha (Nord).»
Alexander Kastl Reinhard, directeur du projet sur la gestion forestière et le changement climatique à la GIZ, nous explique l’intérêt de l’Allemagne, qui n’est pas un pays méditerranéen, dans cette région du monde. «L’Allemagne, dont le gouvernement finance le GIZ, fait partie de l’UE, or celle-ci a une politique de voisinage avec l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, explique-t-il. Cela signifie que l’Allemagne est intéressée par de bonnes relations avec les pays de la région MENA, qui est, de plus, connue pour être un sanctuaire de biodiversité. D’autre part, le changement climatique, dans cette région du monde, aura un impact particulièrement dramatique. Voilà pourquoi le gouvernement allemand a voulu contribuer à minimiser ses répercussions qui ne se limiteront pas aux forêts, mais s’étendront à tous les aspects de la vie, notamment la culture, l’infrastructure et le bien-être des populations... C’est ce qui pourrait aggraver la situation sociopolitique de ces dernières.»
Il poursuit: «Nous devons explorer comment la gestion des forêts, avec tous les services qu’elles rendent aux populations, peut contribuer à faire face au changement climatique à venir, à assurer la sécurité alimentaire et protéger les ressources hydrauliques qui sont utilisées pour l’irrigation. Voilà pourquoi la GIZ pense que la gestion des forêts a un rôle substantiel à jouer dans le développement durable des populations locales.»
M. Reinhard s’est dit très satisfait des résultats de la semaine forestière. «Je sens que ce que nous avons vu au cours de cette troisième semaine forestière méditerranéenne est le résultat d’efforts qui traduisent de bonnes intentions et une concertation efficace entre les pays, dit-il. Quand les décideurs politiques voient que tant d’organisations internationales sont impliquées dans ce processus, ils comprendront que les problèmes liés aux forêts sont communs à beaucoup de pays, et cela attirera leur attention sur cette question. Le succès de cette semaine forestière nous laisse entrevoir un avenir brillant. »
Au cours de la semaine foretière, une représentante de la société civile, Patricia Sfeir, a fait une présentation d’un grand projet de reboisement libanais, parrainé par le ministère de l’Agriculture.Pour plus de clarifications sur ce projet, nous avons interrogé Chadi Mehanna, qui représentait le ministère de l’Agriculture au congrès. Nous lui avons demandé s’il était...