Le legs des siècles de lumière révolus
Le premier livre imprimé au Moyen-Orient ? Il est niché dans son coffre. « Je me rappelle avoir passé des journées entières à combler les lacunes de ce psautier syriaque, premier livre imprimé au couvent de mar Antonios Kozhaya en 1610, avec du papier japon », indique Essine Gemayel, responsable de l’atelier de conservation du patrimoine écrit. Un travail de titan se déploie et un nouveau défi s’impose à chaque réception de livres ou de manuscrits. « La première édition en arabe du livre de médecine d’Avicenne, Libri quinque canonis medicine (Loi de la médecine), paru en 1593, côtoie la première édition de la Bible éditée à Vienne en 1555 ainsi que des manuscrits musulmans du fiqh. Notre but ne se limite plus aux manuscrits syriaques des moines maronites. C’est la région du Moyen-Orient dans son intégralité et sa richesse interculturelle qui constitue notre eldorado », souligne Mme Gemayel.
Des conditions draconiennes pour une conservation optimale
Prendre en charge des collections familiales ou personnelles, à l’instar de celle de Youssef el-Saouda, personnalité qui a joué un rôle important dans l’indépendance du Liban, implique la mise en branle d’une kyrielle de mesures pour préserver les livres et les manuscrits. « Le thermo-hygromètre dont est équipé le centre doit indiquer une température de 18 °C accompagnée d’une humidité de 50 %. Une température élevée et un fort taux d’humidité favorisent la croissance des bactéries. C’est pour cela que nos manuscrits sont gardés au frais », confie Essine Gemayel, qui ajoute : « Les murs antisismiques, les portes coupe-feu, la peinture antifongique des murs sont les précautions prises pour une meilleure préservation du patrimoine écrit. Le gaz FM200, quant à lui, est un détecteur de fumée au cas où un incendie menacerait. »
La sauvegarde des livres rares et anciens s’avère le noyau dur de la tâche à laquelle s’attelle une équipe d’experts au sein de la bibliothèque centrale de l’USEK, en l’absence d’une bibliothèque nationale libanaise. Le patrimoine oriental respire alors à travers les pores de cet atelier, et l’identité lutte, même enfermée entre quatre ais, contre son anéantissement.
Maya KHADRA
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