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À La Une - La situation

Téhéran et Damas s’éclipsent, Riyad revient en force

Tammam Salam, pressenti par le 14 Mars et Walid Joumblatt, est assuré d’être nommé Premier ministre à l’issue des consultations qui débutent aujourd’hui.

Les tractations en cours depuis quelques jours à Beyrouth et à Riyad ont débouché hier sur le soutien du 14 Mars et du bloc joumblattiste à la candidature de Tammam Salam pour le poste de Premier ministre. REUTERS/Mohamed Azakir

Après trois ans d’absence, l’Arabie saoudite revient en force sur la scène libanaise à la veille des consultations parlementaires que doit entamer aujourd’hui le président de la République, Michel Sleiman, pour la désignation d’un Premier ministre.


Ce retour s’opère avec d’autant plus d’assurance que pour l’instant, il ne rencontre pas de résistance réelle dans le pays, le camp hostile à l’influence saoudienne, le 8 Mars, paraissant contraint d’avancer en rangs dispersés à cet égard.
Les tractations en cours depuis quelques jours à Beyrouth et à Riyad ont débouché hier sur le soutien du 14 Mars et du bloc joumblattiste à la candidature de Tammam Salam, député de Beyrouth et fils de l’une des figures les plus emblématiques du Liban politique d’avant-guerre, Saëb Salam, plusieurs fois Premier ministre lui-même.
S’il n’est pas membre du bloc parlementaire du Futur, M. Salam n’en est pas moins un proche du camp haririen et, bien entendu, de la monarchie saoudienne, avec laquelle son père entretenait d’excellents rapports.


C’est donc fort de la bénédiction du chef du courant du Futur, Saad Hariri, qu’il est allé hier rencontrer à Riyad, et du soutien de l’Arabie saoudite – il aurait selon certaines informations été reçu également par le prince Bandar ben Sultan, numéro un de la sécurité dans son pays – que M. Salam aborde la phase des consultations à Baabda. Celles-ci doivent s’achever demain.


Aussitôt après son retour d’Arabie, le député de Beyrouth s’est joint à la réunion élargie du 14 Mars qui se tenait à la Maison du Centre, à Wadi Abou Jmil, sous l’égide du chef du bloc du Futur, Fouad Siniora. À l’issue des discussions, ce dernier a annoncé la ratification de la candidature de M. Salam « à l’unanimité » des participants.
« Nous souhaitons que M. Salam puisse bénéficier du plus large soutien national de la part de l’ensemble des forces politiques au Liban », a ajouté M. Siniora, reflétant ainsi l’espoir assez répandu d’une forme de consensus autour du prochain gouvernement.


Le nom du prince Bandar a été évoqué aussi hier soir par le chef du PSP, Walid Joumblatt, dans le cadre des tractations qui ont débouché sur le soutien à M. Salam. Sauf que M. Joumblatt s’est employé à se présenter comme étant lui-même la cause du ralliement à M. Salam. Interrogé par Marcel Ghanem, de la LBC, le chef druze a affirmé que jusqu’à la fin, M. Hariri était resté attaché à la candidature de l’ex-directeur général des FSI, le général Achraf Rifi, qui vient de prendre sa retraite, au poste de Premier ministre.

 

(Lire aussi : Le PSP présente ses candidats aux législatives sur la base de la 1960)


« Malgré toute mon amitié pour le général Rifi, je ne pouvais avaliser ce choix, parce qu’il aurait été perçu comme une provocation (par le 8 Mars) », a souligné M. Joumblatt qui a loué la « modération » de M. Salam et annoncé par la même occasion son refus de participer à un cabinet « monochrome », qu’il soit du 14 ou du 8 Mars, et son soutien à un gouvernement d’ « union nationale » qui aurait pour tâche d’ « organiser le désaccord » entre les Libanais.
Se présentant toujours comme étant au « centre », le député du Chouf semble ainsi vouloir essentiellement amortir le choc de ce qu’il faut bien considérer comme étant son retour dans le giron de l’ancienne majorité. Il cherche ainsi à ne pas rompre avec le Hezbollah ni, bien sûr, avec le président de la Chambre, Nabih Berry.


Mais, fondamentalement, au sujet de l’avenir du Hezb, le chef du PSP ne parvient plus à se distinguer du 14 Mars que sur le timing de ce qui, au final, doit être accompli à ses yeux, c’est-à-dire la mise de son arsenal sous contrôle de l’État. En revanche, il ne se prononce pas sur l’adoption par le prochain cabinet de l’équation armée-peuple-résistance, chère au Hezbollah, et vante les vertus de la déclaration de Baabda, qui se situe aux antipodes de cette trilogie.
Troisième manifestation en une journée du retour en force de Riyad dans la politique libanaise, aux dépens de l’axe irano-syrien, les contacts tous azimuts entamés par l’ambassadeur saoudien à Beyrouth, Ali Awad Assiri, reçu hier par le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, par le président de la Chambre, Nabih Berry, et par le Premier ministre sortant, Nagib Mikati.


Aussitôt connu le soutien de la nouvelle majorité recomposée à M. Salam, M. Mikati devait annoncer en quelque sorte le retrait de sa propre candidature, surtout pour ne pas paraître incarner le choix du 8 Mars, lequel s’est retrouvé hier soir sans candidat.


À en croire des sources proches du gouvernement sortant, les désaccords persistent au sein de ce camp sur la marche à suivre. Chaque groupe s’avance pratiquement tout seul. Ainsi, le bloc de M. Berry serait tenté de se rallier explicitement à la candidature de M. Salam. Le Hezbollah, de son côté, enverrait son bloc parlementaire à Baabda et ne s’opposerait pas à cette candidature, sans toutefois y souscrire de façon expresse. Quant au bloc du Changement et de la Réforme, il s’orientait clairement hier vers l’annonce d’un boycottage des consultations. Des pressions de dernière minute l’auraient amené à reporter sa décision à aujourd’hui.


Selon les sources précitées, le Hezb tenterait de persuader le bloc aouniste de mettre de l’eau dans son vin, jusqu’à accepter de participer au prochain gouvernement sous une forme « adoucie », « non provocante », c’est-à-dire excluant les ministres du type Gebran Bassil.


Si cette information se confirmait, cela signifierait essentiellement que le Hezbollah a déjà procédé, quant à lui, à une petite retraite tactique. Cela n’empêche pas certains de ses porte-voix habituels, comme l’ancien conseiller présidentiel Mohammad Obeid, de prévenir qu’un refus d’entériner la « trilogie » dans la prochaine déclaration ministérielle serait assimilé par le Hezb à un casus belli.


Ce sera probablement l’enjeu de la prochaine bataille autour du gouvernement.

 

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