Un groupe de 78 Libanais (orthodoxes) de différents horizons socioprofessionnels ont adressé hier une lettre ouverte au président de la République Michel Sleiman et au président de la Chambre, Nabih Berry, mettant en garde contre les dangers que le projet de loi du « Rassemblement orthodoxe » (le projet Ferzli) pourrait avoir sur la notion d’appartenance libanaise, la convivialité, la Constitution et l’accord de Taëf. Les signataires ont exprimé leur rejet de toute implication dans le projet de l’« Alliance des minorités » et leur attachement à la déclaration de Baabda. Aussi ont-ils appelé le président de la République à poursuivre sa lutte contre ce projet dangereux et le président de la Chambre à ne pas le soumettre à l’ordre du jour d’une séance plénière de la Chambre.
Parmi les signataires de cette lettre ouverte, les anciens ministres Fouad Boutros, Tarek Mitri et Ibrahim Najjar, l’ancien député Gabriel Murr, Mme Chadia Ghassan Tuéni, et plusieurs personnalités publiques, magistrats, avocats, hommes d’affaires, professeurs, journalistes, dont l’ancien membre du Conseil constitutionnel Sélim Azar, l’ancien bâtonnier Ramzi Joreige, Antoine Haddad, Hazem Saghieh, Antoine Courban, Walid Kassir, Samir Abdel Malak, Élias Moukheiber, ou encore Mme Gisèle Khoury-Kassir et Mlle Michelle Gebrane Tuéni.
Les signataires ont appelé tous les citoyens libanais qui le souhaitent à s’associer au texte en le signant par mail, à l’adresse suivante : petition.orthodoxe@gmail.com, sur Facebook sur la page suivante : https://www.facebook.com/PetitionOrthodoxe ou sur Twitter en le signalant au compte suivant : @petitionorthodoxe.
Voici le texte intégral de la lettre ouverte :
« Excellences,
Le projet de loi électorale dit « loi orthodoxe » continue de peser de tout son poids sur le débat autour de la réforme électorale au Liban, notamment par le biais de la possibilité de son inscription à l’ordre du jour de la Chambre des députés en séance plénière.
Face à une telle éventualité, nous soussignés, citoyens libanais, réaffirmons notre refus total de ce projet de loi car :
1. Il jette les bases d’un régime politique inédit qui discrimine les citoyens libanais selon des catégories identitaires et n’exprime pas une volonté nationale. Par ailleurs, il fait du mandat représentatif du député de la nation une représentativité religieuse et confessionnelle. En cela, ce projet de loi viole tous les principes et tous les fondements du régime parlementaire libanais, de la Constitution et du document d’entente nationale de Taëf.
2. Il menace gravement l’unité du Liban dans la mesure où il considère les groupes confessionnels comme autant de corps électoraux achevés, séparés les uns des autres, faisant office d’entités politiques indépendantes les unes des autres.
3. Il s’inscrit, quant à ses présupposés, dans un cadre régional plus large fondé sur l’idée d’une hypothétique « alliance des minorités » qui remettrait gravement en cause l’existence même du Liban et son rôle au sein du monde arabe. En outre, il entraîne le Liban, bon gré, mal gré, dans la politique des axes stratégiques régionaux, en opposition avec la « déclaration de Baabda » qui constitue, à nos yeux, le meilleur bouclier de défense du Liban en ces moments cruciaux que connaît notre région.
C’est pourquoi, nous déclarons notre opposition formelle à tout projet fondé sur des bases confessionnelles et sectaires et portant atteinte à notre vivre-ensemble. Nous dénonçons de même toute initiative, d’où qu’elle vienne, qui prétendrait représenter une des familles spirituelles libanaises et toute manœuvre qui viserait à exercer une représentativité indue d’une telle communauté dans un but d’opportunisme politicien, d’intérêts factieux et d’exercice du pouvoir.
C’est pourquoi nous vous appelons, Monsieur le Président de la République, à demeurer ferme dans votre opposition à ce projet dangereux, en usant de tous les pouvoirs et de tous les moyens constitutionnels dont vous disposez, ainsi que de votre ascendant moral.
C’est pourquoi, aussi, nous vous appelons, Monsieur le Président de la Chambre des députés, à ne pas inscrire à l’ordre du jour d’une séance plénière de la Chambre un tel projet, qui porte gravement atteinte au texte et à l’esprit de la Constitution libanaise. »
Avec l’expression de notre respect
Les 78 signataires (par ordre alphabétique) : Raja Abdallah, Shirine Abdallah, Samir Abdel Malak, Najwa Abi Haïdar, Tilda Abou Rizk, Michel Akl, Asma Andraos, Rana Andraos, Touma Arida, Georges Asseily, Sélim Azar, Lea Baroudi, Dimitri Bekhazi, Fouad Boutros, Mara Boutros, Rima Boutros, Bernard Bridi, Cyril Bustros, Sabine Bustros, Caline Chaya Chaoul, Karim Chaya, Nabil Chaya, Antoine Courban, Robert Debbas, Viviane Debbas, Georges Dick, Nevine Emad, Bechara Fatteh, Roula Fatteh, Ziad Fatteh, Zeina Fatteh Bridi, Élie Fawaz, Chryssoula Fayad, Élie Fayad, Nicole Fayad, Wissam Fayad, Élie Gharzouzi, Abdallah Haddad, Antoine Haddad, Raymond Haddad, Roger Haddad, Roy Haddad, Michel Hajji Georgiou, Marwan Iskandar, Ramzi Joreige, Jad Jureidini, May Kamar, Marlene Kanaan, Walid Kassir, Bechara Khairallah, Gisèle Khoury Kassir, Joelle Majdalani Abi Nassif, Georges Massouh, Tarek Mitri, Catherine Moukheiber, Élias Moukheiber, Lina Moukheiber, Jihad Mouraccadeh, Carole Murr, Gabriel Murr, Jyad Murr, Corinne Nader, Ibrahim Najjar, Nicolas Rbeiz, Amal Saad Watt, Ghada Saghieh, Hazem Saghieh, Alda Sayegh Chahine, Nayla Sayegh Chkaibane, Sabine Sursock, Cyril Trad, Bassam Tuéni, Chadia Ghassan Tuéni, Fady Tuéni Bustros, Imad Tuéni, Michelle Tuéni, Samir Tuéni, Kamal Yazigi.
commentaires (7)
Si cette loi "forte" dite orthodoxe et je crois que c'est là son vrai rôle, pouvait faire comprendre aux Libanais qu'il est temps de sortir du passé et de l'impasse politique que génère la loi dite de 1960 et qu'il serait temps, comme l'avait indiqué dès la première heure le CPL et notre Généralissime, de faire du Liban une circonscription unique suivant un suffrage proportionnelle comme cela se fait dans les pays laïcs et modernes.. Alors cette loi est la bienvenu et est salutaire.
Ali Farhat
12 h 15, le 06 avril 2013