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À La Une - Éclairage

Les tensions à Tripoli font craindre une recrudescence de la menace salafiste

La tension est à son paroxysme à Tripoli et tout le monde s’attend à une prochaine bataille, qui semble « imminente », assurent certains observateurs dans la capitale du Nord.
 Depuis quelques jours, le climat est de plus en plus chargé, et la tension a atteint un nouveau sommet avec la nouvelle attaque menée par des groupuscules sunnites contre des camions-citernes devant transporter du mazout en Syrie, pour le compte du régime au pouvoir. Pour la troisième fois consécutive, les protestataires se sont ainsi déchaînés contre 7 véhicules qu’ils ont brûlés au cours des dernières vingt-quatre heures, avant d’inscrire avec des bombes de peinture noire sur les camions-citernes le nom du Front al-Nosra. 


Depuis quelques jours, des informations circulent sur l’érection de remblais entre les quartiers rivaux de Bab el-Tebbaneh et Jabal Mohsen, une information que nuance toutefois une source de l’armée ainsi que des habitants de Tripoli, qui précisent que ces remblais ont été érigés depuis un certain temps. Selon une source tripolitaine proche du 14 Mars, « il n’y a rien d’apparent en matière de barricades ou de préparatifs à une nouvelle bataille. Cela dit, personne ne sait ce qui se passe derrière les portes des maisons. Tout le monde s’attend à une nouvelle escalade, mais personne n’en connaît le timing réel ».
C’est également l’avis d’autres habitants de la capitale du Nord qui affirment avoir la nette impression que « quelque chose couve sous la cendre et qu’une nouvelle bataille est désormais inévitable ».
« Il faut toujours avoir en tête le fait que Tripoli est une représentation à échelle réduite de ce qui se passe en Syrie. Toute la problématique syrienne vient s’y répercuter comme une caisse de résonance », rappel un combattant alaouite à L’Orient-Le Jour. 


Parmi les ingrédients qui ont nourri l’escalade ces derniers jours, le discours enflammé et « suffisamment provocateur », d’après les sunnites, du chef du Parti démocrate arabe, Ali Eid. Ce dernier avait menacé dans des termes à peine voilés de transposer à Tripoli les violences de la ville syrienne de Homs. Pour le combattant alaouite, qui est un proche sympathisant du chef du Parti arabe démocrate, ce dernier a en effet « été un peu trop loin, en rajoutant à une situation déjà assez tendue de l’huile sur le feu ».
Le combattant affirme toutefois comprendre les propos de Ali Eid qui, dit-il, est très « déçu » par les multiples provocations perpétrées par les sunnites, notamment les « slogans hostiles et humiliants adressées au président Bachar el-Assad et à notre communauté dans son ensemble », explique-t-il, avant de réitérer l’idée que les alaouites sont dans une position « défensive » et qu’ils n’initieront jamais des accrochages avec leurs voisin du quartier rival.
Haussant un peu plus le ton hier, le porte-parole du parti alaouite, Abdel Latif Saleh, a menacé de « trancher la main de ceux qui s’aventureraient à attaquer Jabal Mohsen ». Ses propos survenaient alors qu’un employé alaouite de la municipalité venait, selon lui, d’être « kidnappé et torturé par les salafistes ». 


Autre rebondissement qui pourrait avoir des développements inquiétants dans les prochains jours, les poursuites engagées par le commissaire du gouvernement près le Tribunal militaire, le juge Sakr Sakr, contre 10 individus accusés d’appartenir à un groupuscule armé et au front al-Nosra. Parmi les accusés, le tristement célèbre jeune militant islamiste Chadi al-Mawlaoui, que le Premier ministre, Nagib Mikati, avait auparavant pris sous sa protection après sa brève arrestation par la Sûreté générale.
La réponse de Mawlaoui ne s’est pas fait attendre : « Je refuse les accusations tout comme je refuse de comparaître devant les juges car je n’ai pas confiance dans la justice », a-t-il assuré hier soir devant les chaînes de télévision, donnant un avant goût du bras de fer qui s’annonce entre les autorités et les groupuscules islamistes qui le couvrent.
Pointant du doigt ce qu’il considère être des crimes bien plus graves, le jeune militant a bravé les responsables soutenant qu’il se plierait éventuellement aux convocations de la justice si elles devaient s’avérer justifiées, d’une part, et surtout si l’enquête judiciaire devait aboutir dans l’affaire des deux cheikhs assassinés au Akkar. Mawlaoui réclame également que justice soit faite à l’égard du « parti du diable » (le Hezbollah) qui, a-t-il dit, devrait également rendre compte de ses actions en Syrie.


Les récents développements à la frontière syro-libanaise et les menaces proférées jeudi soir par Damas, qui a promis de « frapper les bandes armées qui continuent à s’infiltrer en Syrie via la frontière commune pour combattre aux côtés des rebelles », risquent d’achever d’envenimer le climat tendu entre les deux communautés sunnite et alaouite, d’autant que les islamistes ont menacé d’enclencher un véritable mouvement de résistance salafiste si le régime syrien s’aventurait en territoire libanais.

 

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