« Je ne veux plus me taire »

Selon vous, quelle sont les plus graves atteintes aux droits ou à la condition de la femme dans votre pays ?
La femme libanaise se considère émancipée mais elle n’a, en fait, aucun droit. Nous sommes encore à un stade très arriéré. Les lois sont discriminatoires pour la femme. Elles ne la protègent pas, et c’est très grave. Elle peut se faire battre par son mari sans qu’on ne dise rien, elle peut subir un harcèlement verbal mais devra se taire, elle ne peut pas donner la nationalité ni à son partenaire ni, pire encore, à ses enfants. Je comprends les problèmes politiques derrière tout ça, mais cela reste un crime très grave. Au Liban, l’homme croit vraiment que la femme lui appartient, qu’elle n’est qu’une de ses possessions, et tout cela parce que la femme se tait. C’est à nous de foncer pour obtenir nos droits, et surtout en politique. J’en ai marre. Je ne veux plus me taire. Il n’est pas normal que la représentation des femmes au Parlement soit de trois pour cent seulement. C’est une équation qu’il faut changer.

Le fait d’être une femme a-t-il favorisé votre carrière ou l’a-t-il handicapée ?
D’un côté, cela m’a aidé en tant que femme, car cela fait partie des éléments de mon succès. Mais d’un autre côté, cela ne m’a pas beaucoup aidé. On a voulu m’arrêter dans mon élan quelque part, me faire taire, m’attaquer, car on ne veut pas que la femme s’émancipe. Mais je suis très forte, et toutes les remarques à mon sujet, comme quoi je donnerais une fausse image de la femme libanaise, sont mal placées. Au Liban, on vit dans le mensonge et l’hypocrisie. Quand j’étais mannequin, tout le monde m’acceptait. Dès que j’ai ouvert la bouche pour parler, on m’a attaquée. Cela résume toute la situation.

Auriez-vous préféré être un homme ?
Jamais de la vie. Je suis très heureuse en tant que femme, et être femme ne ma jamais empêchée de faire ce que je veux.

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