Rechercher
Rechercher

Culture - En librairie

Beyrouth, marque déposée ?

« Beirut Inc. » de Fouad Khoury, ou 110 images et presque autant de citations, propose une réflexion sur les espaces urbains d’un centre-ville qui a vécu diverses mutations.

Fouad Khoury, autoportrait d’un artiste photographe.

Dans l’ouvrage de Fouad Khoury, Beyrouth est une ville quasi étrangère, pimpante et fière comme la maquette d’un architecte visionnaire et rêveur. Elle reçoit des échos lointains de l’autre Beyrouth, celle que nous côtoyons au quotidien, avec son côté anarchique et défraîchi, à l’urbanisme sauvage, aux embouteillages monstres.


Une couverture d’un bleu électrique s’ouvre sur deux pages noires avant de dérouler plus d’une centaine d’images photographiques prises la plupart dans «Downtown Beirut». Entre la statue des Martyrs et celle de l’Émigré, une ville ou plutôt sa partie la plus rénovée déploie ses lumières, ses magasins, ses promeneurs, ses bâtisses flambant neuves.
D’abord, il y a les images devenues emblématiques de Beyrouth. La mosquée el-Amine avec ses coupoles bleues, une vue aérienne du Grand Sérail, un horizon barré de grues, des fouilles archéologiques envahies par les herbes folles.
Puis zoom sur les personnes qui sillonnent le centre-ville. Un profil de femme, une cigarette savourée au soleil, sur la terrasse d’un café, une grosse montre en acier au poignet au premier plan... Ailleurs, trois jeunes femmes (il semble que les femmes aiment faire des razzia shopping par groupes de trois), puis trois autres, et trois autres... Mêmes silhouettes élancées, mêmes jambes fuselées et bronzées, mêmes sandales à plateforme, mêmes chevelures blondes lisses, mêmes sacs Chanel, mêmes montres Rolex, mêmes Range Rover noires, mêmes expressions immobiles du visage. Promeneuses ou mannequins échappés des vitrines des magasins attenants?


D’un autre côté, autour de la place de l’Étoile, les enfants jouent sous l’œil morne des nounous sri-lankaises et
philippines.
«Parce que Beyrouth est devenue une marque déposée.» Ce cri du cœur et d’alarme est lancé par Fouad Khoury, photographe, directeur et producteur de films documentaires et publicitaires. «Ces photos ne sont pas imaginées ou construites. Elles sont le fruit du hasard, d’un moment, d’une époque.»


Khoury soulève ainsi, à travers ses clichés, de nombreuses questions à caractère social et démographique. «Les Libanais peuvent-ils se permettre de louer un appartement à Beyrouth? Les divisions sociales ne sont pas apparentes, mais le résultat de circonstances. Le centre de Beyrouth n’appartient pas au Libanais moyen. Mais cela aurait dû l’être.»


Dans un témoignage datant de 2005, Mansour Rahbani écrit à propos de Beyrouth prise pour cible photographique par Khoury: «Charmante et hideuse à la fois. C’est une ville, un village et une rue. Toutes les périodes historiques y ont laissé des traces, sans vraiment pouvoir posséder son âme.»
«Neuf fois détruite et neuf fois reconstruite, elle renaît de ses cendres tel le Phénix. C’est la ville des combattants pour la liberté dans une région où les murs rivalisent de hauteur», note Rajeh Khoury dans l’introduction de l’ouvrage.
Beyrouth, ou plutôt son centre-ville, sont-ils devenus marque déposée?

 

Lire aussi

Les grandes dates de l’histoire architecturale du Liban, par Gebran Yacoub 

 

Samer Mohdad, conteur en images des mutations de Beyrouth

 

« Beyrouth Objets trouvés »... dans un album-coffret
Dans l’ouvrage de Fouad Khoury, Beyrouth est une ville quasi étrangère, pimpante et fière comme la maquette d’un architecte visionnaire et rêveur. Elle reçoit des échos lointains de l’autre Beyrouth, celle que nous côtoyons au quotidien, avec son côté anarchique et défraîchi, à l’urbanisme sauvage, aux embouteillages monstres.
Une couverture d’un bleu électrique s’ouvre...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut