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À La Une - Violences

Egypte : l'opposition rejette l'appel de Morsi à un dialogue "vide de sens"

Le Front du salut national annonce une nouvelle manifestation, le Sénat autorise armée à participer au maintien de l'ordre.

Des manifestants évacuent un camarade blessé près de la place Tahrir, au Caire, le 28 janvier 2013, lors d'affrontements avec les forces de l'ordre. AFP PHOTO/MOHAMMED ABED

La principale coalition de l'opposition égyptienne a rejeté lundi un appel du président islamiste Mohamed Morsi à un dialogue national pour tenter de résoudre la crise que vit le pays après des jours de violentes émeutes.

 

"Nous ne participerons pas à un dialogue vide de sens", a affirmé lors d'une conférence de presse Mohamed ElBaradei, figure de proue du Front du salut national (FSN), qui regroupe plusieurs mouvements et partis en majorité de gauche et libéraux. "Nous sommes totalement d'accord au sein du Front. Il faut remédier aux racines du problème que nous vivons, pas aux symptômes. La solution n'est pas sécuritaire, elle est politique", a-t-il ajouté après une réunion du FSN, à laquelle participaient aussi l'ancien patron de la Ligue arabe Amr Moussa et le troisième homme de la présidentielle de l'an dernier, Hamdeen Sabbahi.

 

Le Front réclame notamment que le président Morsi assume la responsabilité des violences de ces derniers jours, qui ont fait 47 morts en tout, et annonce la formation d'un gouvernement d'union nationale, selon M. Sabbahi.

"Nous aspirons au dialogue, mais il n'y a pas de garanties pour que celui-ci soit un succès (...) alors que le sang coule", a dit M. Sabbahi lors de la même conférence de presse.

 

Le FSN a en outre appelé dans un communiqué le "peuple à descendre dans toutes les places Tahrir vendredi 1er février pour (...) réaliser les objectifs de la révolution" et protester contre la mort de dizaines d'Egyptiens dans les affrontements.

 

Dimanche soir, M. Morsi avait appelé dans un discours à la nation les représentants des forces politiques, de l'opposition comme de partis islamistes le soutenant, à un dialogue à 18H00 locales (16H00 GMT) au palais présidentiel au Caire.

 

 

Profonde division

Le pays est de nouveau en crise après la mort de 46 personnes en trois jours dans des violences dans les provinces de Port-Saïd, Suez et Ismaïliya, qui longent le canal de Suez. Dans ces trois provinces, M. Morsi a décrété l'état d'urgence et un couvre-feu nocturne pour 30 jours.

 

Ces affrontements reflètent la profonde division du pays mais aussi la persistance de l'hostilité d'une grande partie de la population envers la police, accusée de violations systématiques des droits de l'Homme.

 

S'il a appelé au dialogue, le président a également menacé dans un discours au ton offensif de prendre d'autres mesures exceptionnelles si les violences persistaient. "Je le ferai pour l'intérêt de l'Egypte. C'est mon devoir et je n'hésiterai pas un instant", a-t-il martelé.

 

Le Sénat égyptien a d'ailleurs ratifié lundi le projet de loi autorisant les autorités à déployer l'armée dans les rues pour participer avec la police au maintien de l'ordre, a annoncé l'agence officielle Mena. Cette loi permet à l'armée d'"appuyer les services de police (...) dans le maintien de l'ordre et la protection des installations vitales de l'Etat jusqu'à la fin des élections législatives et chaque fois que le demandera le Conseil de défense nationale", présidé par le chef de l'Etat, selon l'agence.

 

En signe de défi, des habitants de Port-Saïd ont bravé le couvre-feu et l'état d'urgence entrés en vigueur dans la nuit de dimanche à lundi en manifestant et ont dit se préparer à de nouveaux rassemblements lundi, selon des témoins.

Au Caire, de petits groupes de manifestants se sont heurtés toute la nuit aux forces de l'ordre aux abords de la place Tahrir. La police a annoncé lundi la mort d’un manifestant dans ces affrontements.

 

Les heurts les plus meurtriers ont eu lieu à Port-Saïd, où 37 personnes ont péri après la condamnation à mort samedi de 21 supporteurs du club de football local Al-Masry pour leur implication dans des violences ayant fait 74 morts en 2012 après un match contre le club cairote d'Al-Ahly.

 

Dimanche, plusieurs milliers de personnes ont participé à Port-Saïd aux funérailles d'une partie des victimes de samedi, en scandant pour beaucoup des slogans hostiles aux autorités islamistes. Selon des témoins, des coups de feu d'origine indéterminée ont résonné pendant que les dépouilles étaient transportées vers le cimetière, provoquant un mouvement de panique puis des scènes d'émeute.

Dans le même temps, deux policiers tués samedi à Port-Saïd ont eu droit à des funérailles militaires au Caire. Mais des policiers en colère ont empêché le ministre de l'Intérieur Mohamed Ibrahim d'y participer, selon l'agence Mena.

 

 

Analyse

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La principale coalition de l'opposition égyptienne a rejeté lundi un appel du président islamiste Mohamed Morsi à un dialogue national pour tenter de résoudre la crise que vit le pays après des jours de violentes émeutes.
 
"Nous ne participerons pas à un dialogue vide de sens", a affirmé lors d'une conférence de presse Mohamed ElBaradei, figure de proue du Front du salut national...

commentaires (1)

L'appel au dialogue de Morsi sera opposé à une fin de non recevoir. Le peuple égyptien est déterminé à aller jusqu'au bout. La révolution est loin d'être terminée car Morsi n'incarne ni avancée sociale ni liberté.

Robert Malek

06 h 04, le 28 janvier 2013

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Commentaires (1)

  • L'appel au dialogue de Morsi sera opposé à une fin de non recevoir. Le peuple égyptien est déterminé à aller jusqu'au bout. La révolution est loin d'être terminée car Morsi n'incarne ni avancée sociale ni liberté.

    Robert Malek

    06 h 04, le 28 janvier 2013

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