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Liban - Témoignage

Une rescapée du monastère Saint-Jacques en Syrie raconte sa fuite vers le Liban

Si, au Liban, la fête de Noël a été célébrée sans problème, cela n’a pas été forcément le cas en Syrie, où, à part à Damas, les chrétiens ont préféré garder généralement profil bas. Plus encore, le monastère Saint-Jacques-le-Mutilé l’a échappé belle. Situé à 90 km au nord de Damas, sur la route internationale qui relie Hama, Homs, Alep et la capitale syrienne, ce monastère est un peu en dehors de la bourgade de Qara et il a failli être pris d’assaut par un groupe de miliciens islamistes. Une famille libanaise qui était réfugiée dans ce monastère a pu s’en échapper et raconte avec émotion une expérience qu’elle n’est pas près d’oublier.
Accueillie et prise en charge par des instances religieuses chrétiennes, la femme qui est venue au Liban en catastrophe, avec son mari et sa fille, raconte, sous le couvert de l’anonymat, que tout a commencé vendredi. Un imam de Homs avait été invité à prononcer un prêche pendant la prière. Les haut-parleurs avaient été branchés au maximum et toute la région a pu entendre les propos de l’imam qui appelait les fidèles à refuser de participer aux célébrations de Noël. L’imam haranguait les jeunes en leur demandant de se réveiller « car les chrétiens sont des renégats parce qu’ils ont donné un fils à Dieu ». Il les a même appelés à respecter la fatwa de La Mecque qui « interdit aux musulmans de participer aux cérémonies de Noël » et se rappeler que l’islam est « implanté sur cette terre pour toujours ».
Dans l’après-midi suivant le prêche, des jeunes décident d’attaquer le monastère tout proche. Le gardien voit ainsi arriver des voitures de type 4x4, avec à leur bord des jeunes barbus brandissant des kalachnikovs dont le bout sortait des fenêtres aux vitres baissées. Ils crient « Allah-o-Akbar », tirent en l’air et encerclent le monastère qui abrite une quarantaine de personnes, dont six moines, dix nonnes, trois enfants en bas âge, la famille chrétienne et quatre autres familles sunnites de Koussayr ayant perdu leurs maisons à la suite des combats dans cette localité. Le gardien s’empresse de contacter par téléphone la supérieure réfugiée au Liban. Celle-ci appelle à son tour le nonce apostolique à Damas qui lui demande de cacher ses pensionnaires, parce qu’il est difficile de les évacuer dans de telles circonstances.
Tout ce monde se dirige alors vers un refuge emménagé depuis quelque temps et un prêtre belge de la communauté célèbre aussitôt la messe pour calmer et occuper les esprits. L’idée est donc de ne pas paraître pour ne pas irriter encore plus les jeunes miliciens. Entre-temps, à cause du nonce apostolique, un premier comité de négociation est envoyé sur place pour tenter d’obtenir le départ des miliciens. Mais ceux-ci lui tirent dessus et deux personnes sont blessées. Le nonce n’abandonne pas pour autant la partie et, quelque temps plus tard, un autre comité est envoyé. Cette fois, les jeunes ne tirent plus et acceptent l’idée de la négociation. Celle-ci dure trois heures à l’issue desquelles les miliciens se retirent.
Pour cette fois, le monastère et ceux qui y résident en sont sortis indemnes, mais désormais la peur est omniprésente. C’est pourquoi cette famille a préféré s’enfuir et se réfugier au Liban. La femme est convaincue que l’attaque du monastère n’est que partie remise. « Désormais personne ne peut plus rien pour nous, dit-elle. Et le meilleur conseil qu’on nous ait donné est de fuir les lieux. Pourtant, la convivialité islamo-chrétienne est notre particularité en Syrie depuis des siècles. Mais aujourd’hui, on veut déformer notre histoire, notre passé et compromettre notre avenir. La situation est en train de devenir intenable et les chrétiens sont les plus fragilisés... »
Pour cette famille, pas question pour l’instant de rentrer en Syrie. Selon certaines informations, les prêtres et les religieuses non syriens du monastère vont aussi être évacués dans les plus brefs délais, alors que la communauté dont ils relèvent a toujours prôné la coexistence entre les religions et les communautés, et qu’elle est implantée en Syrie depuis plusieurs décennies. Aujourd’hui, ils sont piégés dans leur couvent, à la merci des groupes extrémistes, car la guerre est en train de passer par là et de tout balayer sur son passage pour ne laisser que ruines matérielles et spirituelles... dans l’indifférence générale.

S. H.
Si, au Liban, la fête de Noël a été célébrée sans problème, cela n’a pas été forcément le cas en Syrie, où, à part à Damas, les chrétiens ont préféré garder généralement profil bas. Plus encore, le monastère Saint-Jacques-le-Mutilé l’a échappé belle. Situé à 90 km au nord de Damas, sur la route internationale qui relie Hama, Homs, Alep et la capitale syrienne, ce...

commentaires (6)

Et ils le disent apres la Syrie , le Liban

Talaat Dominique

08 h 17, le 01 janvier 2013

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Commentaires (6)

  • Et ils le disent apres la Syrie , le Liban

    Talaat Dominique

    08 h 17, le 01 janvier 2013

  • Et le dilemme ! Bachar ou ces satanés ? Il faut choisir !

    SAKR LEBNAN

    07 h 01, le 31 décembre 2012

  • Les 2 se valent... Tant qu'ils s'entretuent...ils nous oublient Vivement que Bachar dégage pour que les rebelles s'entretuent...

    jean-Pierre EL KHOURY

    06 h 58, le 31 décembre 2012

  • Tout le calvaire de ces réfugiés au monastère est provoqué directement par un "imam" halluciné et criminel, qui, dans un prêche, crache son venin contre Noel, incite les jeunes à la violence et déverse son hystérie contre la célébration commune traditionnelle de cette fête par les citoyens syriens de diverses confessions. Il y a le précédent odieux de cheikh Youssef el-Qardaoui, dérangé par les petits arbres de Noel et les petites décorations pour l'occasion, dans les vitrines de villes de pays musulmans ! De tels "imams" et de tels cheikhs sont les plus nocifs à l'islam même, qu'ils présentent comme religion de la haine et de la violence. Qu'ils aillent en enfer avec leur haine. C'est là leur place.

    Halim Abou Chacra

    06 h 02, le 31 décembre 2012

  • Y en a encore pour penser que les islamistes ne sont qu'un épiphénomène en Syrie? faut arrêter le Lexomil ,les gars...réveillez vous...ces gens là sont des fous furieux.

    GEDEON Christian

    05 h 22, le 31 décembre 2012

  • Ce qui m'a le plus choqué cette petite phrase: " La supérieure réfugiée au Liban" Se passe de tous commentaires Pavla Riga

    Riga Pavla

    01 h 08, le 31 décembre 2012

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