Même si ce communiqué est une réponse quasi directe aux pays du Golfe qui n’ont de cesse de recommander à leurs ressortissants d’éviter le Liban (voire de leur interdire carrément le déplacement...), la démarche de la troupe, pour touchante et patriotique qu’elle soit, n’en reste pas moins inquiétante – troublante, même... Il est vrai, cela dit, que la stagnation économique assez terrible en ces temps de fête et qui a frappé de plein fouet l’activité commerciale dans la capitale est notamment due au boycott du Liban par ces ressortissants du Golfe en question.
Notre correspondant au palais Bustros, Khalil Fleyhane, cite une source diplomatique qui explique que les pays du Golfe ont peur pour l’intégrité physique de leurs ressortissants ; qu’ils soient kidnappés par des miliciens, notamment les familles des pèlerins chiites otages en Syrie, qui multiplient les menaces après avoir établi un barrage armé sur la route menant à l’aéroport Rafic Hariri (lire en page 3). Voilà, dit cette source, ce qui a poussé les autorités concernées de ces pays à publier des instructions somme toute très strictes que leurs ambassades à Beyrouth se sont chargées de diffuser pleinement. Des instructions qui ne concernent pas que les touristes désireux de se rendre au Liban, mais qui exigent de ceux qui y sont déjà présents, ainsi que les hommes d’affaires et les étudiants, de quitter immédiatement le territoire libanais.
La question qui se pose est lourde : pourquoi ces interdictions n’ont-elles pas été levées alors que les autorités libanaises se sont répandues en promesses rassurantes ?
De nombreux ambassadeurs arabes accrédités à Beyrouth sont d’accord pour reconnaître que le danger est toujours aussi prégnant pour leurs ressortissants, qui risquent d’être utilisés comme moyens de pression pour que les pays du Golfe cessent leur soutien tous azimuts aux rebelles syriens.
Quant aux responsables libanais, ils sont eux aussi divisés en deux. Les uns assurent que les craintes des pays du Golfe sont totalement exagérées et répètent qu’aucun rapt de ressortissants arabes n’a eu lieu récemment ; quant aux autres, ils pensent que cela reste fort plausible à l’aune du comportement de certains groupuscules armés dans les rues, tant à Tripoli qu’à Saïda, ou n’importe où d’ailleurs...
Mais ce qui frappe, c’est que le gouvernement n’a rien fait encore par rapport à cela, que rien n’a été discuté avec les capitales du Golfe. Rien, absolument rien, surtout au niveau diplomatique...
Ce qui explique peut-être le communiqué de l’armée...
commentaires (4)
Nous vous protégerons contre qui ? Un peu flou . Antoine Sabbagha
Sabbagha Antoine
06 h 36, le 24 décembre 2012