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À La Une - Diplomatie

À Alger, Hollande reconnaît, sans s’excuser, les abus de la colonisation

Certains ont dénoncé le refus de la France de présenter des excuses à l’Algérie.

Bain de foule à Tlemcen hier pour le président français François Hollande et son homologue algérien Abdelaziz Bouteflika. Philippe Wojazer/Reuters

Cinquante ans après l’indépendance de l’Algérie, François Hollande a reconnu solennellement hier à la tribune du Parlement algérien les « souffrances que la colonisation française » a infligées à ce pays. « Je reconnais ici les souffrances que la colonisation a infligées au peuple algérien (...), pendant 132 ans, l’Algérie a été soumise à un système profondément injuste et brutal », a lancé le président français dans un discours historique devant les deux Chambres du Parlement algérien réunies. De nombreux Moudjahidine, combattants d’une guerre de libération sanglante et cruelle qui avait mis fin à 132 années de colonisation française, siègent encore dans ce Parlement qui l’a applaudi debout à l’issue de son discours. François Hollande avait cependant prévenu dès mercredi, au premier jour d’une visite d’État de 36 heures en Algérie, qu’il n’entendait ni faire acte de « repentance » ni présenter des « excuses ». Une dizaine de partis politiques algériens, dont quatre islamistes, ont d’ailleurs dénoncé en amont de cette visite « le refus des autorités françaises de reconnaître, excuser ou indemniser, matériellement et moralement, les crimes commis par la France coloniale en Algérie ». Toutefois, certains parlementaires ont qualifié d’ « avancée » le discours du président français, tandis que les médias francophones algériens saluaient la « page tournée » par le dirigeant.

Meilleur accueil
François Hollande a en outre promis d’« accueillir mieux » les Algériens qui demandent des visas pour se rendre en France, afin que ces demandes ne deviennent pas un « parcours d’obstacles, ou pire encore une humiliation ». « Nous avons besoin que se poursuivent et même s’amplifient les allers-retours des étudiants, des entrepreneurs, des artistes, des familles, bref tous ceux qui animent la relation » entre la France et l’Algérie, a-t-il fait valoir. La France attend de l’Algérie « qu’elle ouvre plus largement ses portes aux Français qui souhaitent se rendre sur votre territoire », a poursuivi François Hollande. Il a évoqué ceux qui « ont des souvenirs, des attaches familiales, affectives ou des projets professionnels ou personnels à réaliser », dans une allusion aux pieds-noirs et harkis notamment.
Le président français a également promis d’autres ouvertures en direction de la jeunesse algérienne, cette fois, avant de s’adresser directement aux étudiants algériens dans l’après-midi à l’université de Tlemcen, 580 km plus à l’ouest. Il a ainsi évoqué la mise en œuvre à l’échelon méditerranéen d’un système d’échanges universitaires similaire à Erasmus, le programme européen d’échange d’étudiants, la création de quatre « instituts d’enseignement supérieur de technologie » algériens, sur le modèle des IUT français, et celle d’une maison de l’Algérie à la cité universitaire internationale à Paris.

Socle de vérité
Le discours de François Hollande « n’a occulté ni le passé ni l’avenir », a estimé en réaction le ministre algérien des Affaires étrangères Mourad Medelci. La relation franco-algérienne à laquelle le président français aspire, a-t-il dit, doit reposer sur un « socle de vérité », car « rien ne se construit sur des dissimulations, dans l’oubli ou le déni ». Et cette vérité, a-t-il souligné, passe par la reconnaissance des « injustices », des « massacres » et de « la torture ». Et comme Jacques Chirac en 2005, François Hollande a reconnu le massacre de Sétif perpétré le 8 mai 1945, « le jour même où dans le monde triomphaient la liberté et la justice, la France manquait à ses valeurs universelles ». Mais le chef de l’État a évoqué aussi ceux de Guelma et de Kherrata qui demeurent de la même manière « ancrés dans la mémoire et dans la conscience des Algériens ».
De son côté, l’historien Jean-Luc Einaudi, spécialiste de la guerre d’Algérie, a jugé que le discours du président, s’il comportait certains points « positifs », n’était « pas inédit ». Rappelant que Nicolas Sarkozy avait lui aussi dit en décembre 2007 que le « système colonial a été profondément injuste, contraire aux valeurs de la République », il a estimé que les propos de François Hollande ne constituaient « pas une grande innovation ».
(Source : AFP)
Cinquante ans après l’indépendance de l’Algérie, François Hollande a reconnu solennellement hier à la tribune du Parlement algérien les « souffrances que la colonisation française » a infligées à ce pays. « Je reconnais ici les souffrances que la colonisation a infligées au peuple algérien (...), pendant 132 ans, l’Algérie a été soumise à un système profondément...

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