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Lifestyle - Entretien

Hanane el-Cheikh sourit en racontant Salman Rushdie

La romancière libanaise est une proche de l’écrivain britannique d’origine indienne qui vient de publier ses Mémoires de réclusion, « Joseph Anton »...

Hanane el-Cheikh.

Dans son dernier roman intitulé Joseph Anton, Mémoires, Salman Rushdie évoque longuement un ami cher, l’intellectuel palestinien Edward Saïd, et relate un dîner chez Graham Green, où se trouvait notamment Hanane el-Cheikh, dont le nom figure également dans l’index de remerciements. La romancière libanaise, qui vit à Londres, a témoigné pour L’Orient-Le Jour, racontant l’écrivain indien annobli par la reine et qui a uni, dans le titre de ses Mémoires de réclusion, les noms de deux écrivains qu’il admire, Joseph Conrad et Anton Tchekov.
À propos du dîner chez Green, elle précise: «Juste une semaine avant qu’il ne fasse l’objet de la fatwa le condamnant à mort pour ses Versets sataniques en 1989, Salman Rushdie avait été convié à dîner par l’écrivain britannique Graham Greene avec un douzaine d’autres auteurs, dont Michael Ondaatje (Le patient anglais) et le Nigérien Ben Okri. C’était l’époque de la sortie en anglais de mon roman, L’Histoire de Zahra. Rushdie avait conversé avec tout le monde et il m’avait notamment parlé de sa grande amitié avec Edward Saïd et m’avait dit qu’il suivait le mouvement littéraire de notre région.»
Plus tard, conviée à une soirée-hommage à Edward Saïd, Hanane el-Cheikh avait été étonnée qu’on lui demande de garder son passeport sur elle. À son arrivée, elle revoit Rushdie qui était passé à la phase de haute sécurité. Autour de lui, une vingtaine de personnes qui discutent de la fatwa. Ses auteurs ont-ils bien lu le texte, se demandait-on? Hanane el-Cheikh relève qu’un pays arabe ne l’aurait pas condamné de cette manière. Rushdie lui demande de lui envoyer le roman qu’elle achève Poste restante Beyrouth. Il en fera un compte-rendu dans The Independant, en se référant au nouveau roman libanais. S’établit alors entre eux et leurs familles respectives des liens amicaux. Rushdie aimait participer à Londres à des rencontres entre gens de lettres qu’organisait régulièrement Graham Greene. À ce sujet, il écrit dans Joseph Anton: «Greene était intéressé de retrouver des écrivains d’origine non britannique établis à Londres, tels que Michael Ondaatje, Ben Okri, Wally Montgane Serote, Hanane el-Cheikh.» Ailleurs, il mentionne la présence du poète Adonis dans des réunions avec des intellectuels.

« Naughty but nice »
«Salman Rushdie était et reste très intéressé par la littérature des pays du tiers-monde qu’il lit en traductions et encourage, quand il le peut, les auteurs. C’est grâce à Edward Saïd qu’il a regardé dans cette direction. Une autre de ses qualités, la modestie : il avait accepté de partager avec moi l’estrade lors de la présentation d’un de mes ouvrages. Et comme, bien sûr, les gens allaient vers lui pour faire signer ses livres qu’ils avaient amenés avec eux, il leur disait que ce n’était pas son jour aujourd’hui. Esprit brillant, sans aucun doute, mais cultivant aussi un grand sens de l’humour. C’est lui qui a crée l’expression “Naughty but nice” à l’époque où il travaillait dans une boîte de publicité, Ogilvy and Mather», raconte encore la romancière.
En Angleterre, on n’appréciait pas beaucoup que l’État déploie tant de précautions pour la sécurité de Salman Rushdie, ni le fait qu’il ne ratait aucune occasion de parler longuement. «À sa décharge néanmoins, les très longs moments de solitude et d’isolement forcés qu’il vivait. Seuls ses pensées et son art lui ont permis de survivre dans ces conditions. En définitive, c’est un homme courageux, sans peur aucune de dévoiler sa réalité et la réalité des autres», affirme Hanane el-Cheikh. À noter que sa famille portait un autre nom que son père (né Khwaja Muhammed Din Khaliqi Dehlavi) a changé pour celui de Rushdie, inspiré d’Ibn Rushed (Avérroès). Quand Hanane el-Cheikh lui avait dit que cent intellectuels arabes et musulmans allaient publier en France, à son intention, un recueil d’articles pour la liberté d’expression, sous le titre Pour Rusdhie, il s’était écrié «Why poor me?» (Pourquoi pauvre de moi!)...
Par ailleurs, Hanane el-Cheikh fait partie de ceux à qui Salman Rushdie a envoyé le manuscrit de Joseph Anton avant sa publication. «Je l’ai lu comme un thriller», dit-elle. C’est-à-dire qu’elle n’arrivait pas facilement à interrompre la prenante lecture de cette décennie de vie si particulière de Joseph Anton, alias Salman Rushdie.
Pour le critique du New York Times, «il y a le Swift des Voyages de Gulliver, le Candide de Voltaire, le Tristram Shandy de Stern... Il me semble que Salman Rushdie est un nouveau membre de cette compagnie».
Un pur moment de bonheur.
Dans son dernier roman intitulé Joseph Anton, Mémoires, Salman Rushdie évoque longuement un ami cher, l’intellectuel palestinien Edward Saïd, et relate un dîner chez Graham Green, où se trouvait notamment Hanane el-Cheikh, dont le nom figure également dans l’index de remerciements. La romancière libanaise, qui vit à Londres, a témoigné pour L’Orient-Le Jour, racontant...

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