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Liban - Liban

Le nouveau code de la route laisse espérer une amélioration de la sécurité des usagers

Préparé par la YASA entre 2003 et 2005, à la demande de Mohammad Kabbani, président de la commission parlementaire des Travaux Publics, des Transports, de l’Énergie et de l’Eau, le nouveau code de la route a été publié dans le « Journal officiel » en octobre dernier.

L’adoption de la nouvelle loi ne marque que le début du chemin qui mène vers des routes plus sûres, et toute la question est maintenant de faire en sorte que ce code soit respecté. Ibrahim Tawil/ Archives

Après s’être mobilisée des années durant pour sensibiliser la société à la sécurité routière, la YASA s’est vu confier la mission de rédiger un nouveau code de la route. Celui en vigueur date de 1967 et il était devenu obsolète. « Dans les années 1960, il y avait environ 55 000 voitures dans le pays, aujourd’hui, il y en a près d’un million et demi, nous explique le président de la YASA, Ziad Akl, et malgré cette importante évolution, nous avons toujours le même code de la route ! »


En effet, la situation sur les routes du pays n’a jamais paru aussi mauvaise que ces dernières années. Elle a même empiré depuis la dernière décennie. Le nombre de morts s’élève en moyenne à 850 par an, et le nombre de blessés à plus d’une dizaine de milliers. Les causes de ce chaos sont multiples : l’inconscience et la mauvaise formation des conducteurs, le laxisme des autorités, les mauvaises infrastructures, etc.


En 2005, la commission parlementaire s’est donc penchée sur le nouveau texte. « Nous avons fait face à beaucoup de résistances, surtout de la part de ceux qui profitent de ce système corrompu », affirme le député Mohammad Kabbani, avant de poursuivre : « Ce texte n’est pas parfait, mais il constitue déjà une grande évolution pour notre pays. »
Alors que l’ONU a proclamé pour 2011-2020 la « décennie pour la sécurité routière », le Liban vient donc d’adopter une loi prônant un changement global et structurel du code de la route. Tous les secteurs se rattachant au transport sont ainsi appelés à être réformés. En voici les principaux changements :

 Un système de permis à points et de sanctions proportionnelles
Le nouveau texte prévoit un système de permis à points. Chaque conducteur en disposerait de douze. Chaque infraction entraînerait, proportionnellement à sa gravité, un retrait de points. La perte complète de ces derniers signifierait un retrait du permis. Une formation spéciale de six mois dans une    auto-école serait alors nécessaire afin de le récupérer.
Pour ce faire, l’élaboration d’une base de données informatique est prévue pour pouvoir suivre la situation de chaque conducteur.

Un apprentissage de la conduite plus rigoureux
L’apprentissage de la conduite est l’un des plus gros problèmes, si ce n’est le principal, de la sécurité routière au Liban. Il n’existe pas de réelle formation à la conduite. La plupart des Libanais se contentent d’« acheter » leur permis et d’apprendre « sur le tas ». Ceci a été rendu possible compte tenu de l’importance de la corruption dans le milieu des auto-écoles.


Le nouveau texte prévoit donc un meilleur encadrement de ce milieu, et les examinateurs devront suivre une formation spéciale afin d’obtenir une licence. Celle-ci devra être renouvelée régulièrement pour pouvoir enseigner la conduite. De plus, l’apprenti conducteur, afin d’obtenir son permis, devra passer deux épreuves, l’une théorique, l’autre pratique. La méthode d’apprentissage sera définie à l’avance par un conseil supérieur de la sécurité routière et devra être respectée à la lettre. Les cours de conduite se feront dans des voitures spécialisées à double commande. « Il y aura une période de transition pour que les auto-écoles puissent s’adapter au nouveau système », précise Mohammad Kabbani.
Dès l’année prochaine, le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur prévoit de multiplier les actions de sensibilisation à la sécurité routière et au respect du nouveau code de la route dans les écoles. À terme, le but est d’en intégrer progressivement l’apprentissage au programme officiel de l’Éducation afin de sensibiliser et éduquer les Libanais dès le plus jeune âge.

 Une politique plus ferme de l’État
Pour pouvoir faire respecter ce code, des réformes sont prévues au sein de l’administration. Ainsi, par exemple, une section spécialisée dans la sécurité routière sera créée au sein des FSI. Cette section aura pour mission de former de véritables agents de la sécurité routière afin de mieux contrôler les routes. On ne devrait plus pouvoir enfreindre impunément les règles sur la route, et les motos seront enfin obligées de se soumettre au nouveau code. La lutte contre l’alcoolisme au volant sera notamment l’une des priorités des autorités. De plus, le contrôle technique devrait être respecté plus rigoureusement. Parallèlement, les amendes ont été revues à la hausse afin de dissuader les automobilistes d’enfreindre la loi.


Néanmoins, il serait réducteur de limiter le nouveau code de la route aux changements cités plus haut. En effet, sur près de 400 articles, environ 200 sont nouveaux.
« Le texte adopté n’est pas aussi ambitieux que ce que nous espérions initialement, mais une bonne partie du chemin a été faite », affirme le président de la YASA. Il nous précise que si le document ne va pas aussi loin qu’il le souhaitait, c’est simplement par réalisme. « Nous étions assez sceptiques quant à l’application de la loi si les changements étaient trop brutaux. Nous préférons garantir l’application d’un texte plus proche de la réalité du terrain dans un premier temps. » En effet la YASA espère que ce n’est que le début d’une modernisation et d’une amélioration régulière du code de la route.

L’application du texte
L’adoption de la nouvelle loi ne marque que le début du chemin qui mène vers des routes plus sûres, et toute la question est maintenant de faire en sorte que ce code soit respecté. Il faut donc que les responsables politiques et la société œuvrent main dans la main. « Une vingtaine de décrets ministériels doivent déjà être pris pour assurer l’application du texte », estime pour sa part Ziad Akl.


Toujours est-il que le processus a déjà été lancé. Le nouveau texte prévoit la création d’un conseil supérieur de la sécurité routière. Ce conseil doit rassembler tous ceux qui sont concernés par la sécurité sur les routes. Il aura à sa tête le président du Conseil qui travaillera avec des représentants des ministères de l’Intérieur et des Municipalités, des Travaux Publics et des Transports, de la Justice, et de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur. Il y aura aussi des représentants de la société civile, dont notamment des juges, des représentants des auto-écoles, des ingénieurs, des assurances, des ONG qui œuvrent pour la sécurité routière, etc.


Le rôle de ce conseil est d’assurer l’application du code de la route. Il devra définir les principales politiques de sécurité routière, les cadres et les méthodes pour l’apprentissage de la conduite et l’examen du permis.


En ayant un organe unique en charge de la sécurité routière, le texte impose une responsabilisation des responsables politiques et de la société. Aucun ministère ne pourra renvoyer la responsabilité des problèmes sur les routes libanaises sur un autre comme c’est le cas aujourd’hui, considère Mohammad Kabbani. Tous les ministères et la société civile travailleront ensemble pour l’amélioration de la situation.


Mais il va de soi que pour que l’application de ce code soit possible et pour que nos routes deviennent plus sûres, les mœurs des Libanais doivent changer. Selon la YASA, si l’Etat doit veiller au respect du nouveau code, il faut avant tout que la société prenne conscience de l’enjeu. C’est pour cela que l’ONG relance dès la rentrée ses campagnes de sensibilisation.


Même si l’objectif peut sembler extrêmement difficile à atteindre, voire utopique, les fondations sont en place. C’est un défi que la société libanaise se lance. Loin de toute l’agitation politique, les Libanais se mobiliseront-ils pour épargner des centaines de vie ?

Après s’être mobilisée des années durant pour sensibiliser la société à la sécurité routière, la YASA s’est vu confier la mission de rédiger un nouveau code de la route. Celui en vigueur date de 1967 et il était devenu obsolète. « Dans les années 1960, il y avait environ 55 000 voitures dans le pays, aujourd’hui, il y en a près d’un million et demi, nous explique le...

commentaires (4)

R I E N à ESPÉRER !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

03 h 18, le 15 novembre 2012

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Commentaires (4)

  • R I E N à ESPÉRER !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    03 h 18, le 15 novembre 2012

  • Je ris ! en connaissance de cause...

    SAKR LEBNAN

    02 h 28, le 15 novembre 2012

  • A bon ...c'est une surprise rigolote ... ! ça veut dire qu'avant ce nouveau code ..il y avait un ancien code ...? je n'avais pas remarqué ! peut 'être c'était à l'époque phénicienne...?

    M.V.

    00 h 03, le 15 novembre 2012

  • Je rêve ! Mais il faut avant tout sécuriser les routes ! Les refaire, les redessiner, bien les délimiter avec des marquages au sol, aménager l'environnement pour rendre bien visibles les panneaux indicateurs, bref, il y a un boulot monstre à faire avant de faire appliquer la moindre des mesures énoncées ici ! On va apprendre aux gens par exemple à ne pas couper une ligne blanche continue alors qu'il n'en existe pas ! Ils veulent absolument faire les choses à l'envers. Quelle incompétence à tous les niveaux, c'est dramatique.

    Robert Malek

    20 h 23, le 14 novembre 2012

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