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À La Une - Société

Pourquoi se marier quand on peut vivre ensemble ?

Actuellement, nombreux sont ceux qui vivent en concubinage. La nécessité de se marier ne s’impose plus avant de s’installer en couple. Pour diverses raisons, ils inaugurent leur vie à deux sans éprouver le besoin d’attendre la célébration religieuse ou civile pour s’épanouir sexuellement. Mais cette forme d’union reste encore fortement condamnée par notre société.

Bien que le sujet soit toujours tabou, vivre en couple au Liban où la religion est profondément ancrée est devenu une indéniable réalité sociale qui tend à se répandre. Venue d’ailleurs, cette tendance en séduit plus d’un. Devant le nombre de ceux qui partagent leur vie sans être mariés et en l’absence de statistiques précises, force est de constater l’évolution de la mentalité. On ne regarde plus le mariage de la même façon. Le concubinage semble devenir une pratique qui choque de moins en moins et ne se limite pas à une tranche d’âge déterminée. Plusieurs facteurs contribuent à son développement.
Les jeunes veulent toujours entreprendre les meilleures études. Entre 20 et 30 ans, la plupart d’entre eux dépendent encore de leurs parents et beaucoup aspirent à une certaine indépendance sans en avoir tous les moyens. Ils souhaitent mener une vie d’adulte autonome sans y arriver. Certains étudiants désirent se mettre en couple bien avant de pouvoir fonder matériellement une famille. Ils n’hésitent pas à quitter le Liban pour cohabiter librement dans « des capitales plus permissives », en attendant que leur situation s’améliore et qu’ils économisent de l’argent. D’autres choisissent de rester et n’hésitent pas à bousculer les traditions pour vivre ensemble.
«Nous avons eu le coup de foudre dès notre première rencontre », se souvient Carla, jeune étudiante de 23 ans. « Nous avons décidé de nous installer ensemble. Comme nous habitions chacun seul pour poursuivre nos études à Beyrouth, cette situation n’a pas causé de problèmes. Au contraire, elle nous a arrangés financièrement », explique-t-elle. Imad, son compagnon du même âge, juge qu’il est « nécessaire de prendre du temps pour mieux se connaître, se découvrir et mûrir son amour avant de se passer la bague au doigt ».
Toutefois, le choix du concubinage n’est pas une mince affaire dans notre société, qui voit encore dans la cohabitation hors mariage un « acte immoral ». « Raison pour laquelle nous avons préféré taire notre relation à nos parents », confie Imad.

L’épanouissement de la femme
L’autonomie professionnelle et financère de la femme est un autre facteur ayant favorisé les unions libres. Le professionnalisme « au féminin » gagne du terrain au Liban. Les Ève d’aujourd’hui accumulent les diplômes et brillent dans leurs carrières. Le gain pécuniaire est le secret de leur indépendance financière. Sûres d’elles-mêmes, exigeantes, elles sont en quête d’amour, d’autonomie, et dépassent de plus en plus les tabous et les interdits des relations sexuelles hors mariage. Peu soucieuses du « qu’en-dira-t-on », nullement pressées de se mettre la corde au cou, elles aspirent à la réalisation de leur épanouissement personnel et affichent leur « libéralisme ». Elles assument le mariage à l’essai.
Diane, jeune médecin de 33 ans, est issue d’une famille conservatrice. Elle fait partie de celles qui ont choisi de braver les interdits. Amoureuse d’un collègue et séduite par l’idée du concubinage, elle s’installe en ménage avec Karl. « Nous avons tenu à cohabiter avant de nous lier, pour être sûrs l’un de l’autre, de notre volonté de faire notre chemin ensemble dans la vie, de notre aptitude à vivre ensemble et, surtout, pour évaluer les dangers que présente la vie à deux au quotidien », déclare Diane. « Nous ne voulons pas tomber dans le piège de l’idéalisation de l’amour, source principale d’échecs et de souffrances au sein des couples », ajoute-t-elle. « Il est très fréquent après une période d’état de grâce, que les effets bénéfiques de la vie en couple s’estompent et que les déceptions amoureuses prennent le dessus », poursuit la jeune femme qui considère que le choix « d’essayer présente moins de contraintes et permet plus de souplesse et d’autonomie ».
«Au Liban, la société condamne le concubinage », déplore-t-elle, avant de marteler : « Mensonge et hypocrisie !
Que de jeunes entretiennent une relation amoureuse complète en catimini ! Que de filles recourent à la chirurgie réparatrice de l’hymen pour “sauver l’honneur” tout en satisfaisant leurs désirs ! Pourquoi se voiler les yeux et ne pas accorder l’importance qu’il faut à la sexualité dans le couple ? La vie sexuelle est à la base d’énormes conflits, de tensions, voire de ruptures. Elle révèle bien l’harmonie ou le désordre de notre vie intérieure. Pourquoi alors ne pas oser et briser le tabou ? »
Dans ce contexte, beaucoup de couples qui choisissent de vivre sous le même toit avant le mariage suivent l’esprit libéral qui privilégie l’épanouissement individuel au détriment des normes sociales. Il est devenu presque inconcevable qu’un homme et une femme puissent trouver le bonheur et l’entente sans vie sexuelle, clé de voûte du couple. Toute la recette du bonheur se résume-t-elle à la simple formule de « bien-être sexuel » ?

La phobie de l’engagement
Si pour certains le concubinage est une étape prémariage, pour d’autres, il représente un mode d’union qui permet surtout d’éviter les responsabilités conjugales. Quoi de plus difficile que de s’engager? Il s’agit sans doute d’un problème lancinant, peut-être plus important que les autres. Nous vivons dans la culture de l’éphémère. Tout change si vite. Les techniques évoluent à pas de géant. Nous avons en matière de mariage « les réflexes » du consommateur. Dès qu’un portable est acheté par exemple, il est déjà dévalué. Il faut toujours être « à la page » technologiquement. Pourquoi dès lors acheter aujourd’hui et s’engager avec un « matériel » alors qu’on pourra trouver plus perfectionné et moins cher le lendemain ? C’est un peu la même logique qui est suivie par ceux qui hésitent à s’engager. Pourquoi me lier dès maintenant ? Et si je trouvais mieux que cette personne qui est bien, que j’aime bien, mais avec qui j’ai peur de m’engager toute une vie ?
L’engagement qui consiste à se donner entièrement fait terriblement peur. On veut s’engager sans s’engager, donner de son temps mais pas tout son temps, se dévoiler mais à moitié, donner son corps mais pas sa vie. L’enjeu est là : être marié en restant célibataire.
Bien que le sujet soit toujours tabou, vivre en couple au Liban où la religion est profondément ancrée est devenu une indéniable réalité sociale qui tend à se répandre. Venue d’ailleurs, cette tendance en séduit plus d’un. Devant le nombre de ceux qui partagent leur vie sans être mariés et en l’absence de statistiques précises, force est de constater l’évolution de la...

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