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À La Une - Liban- Ressources humaines

Diaspora : quand le rêve libanais se vit ailleurs

Avec 12 millions de Libanais à l’étranger et des transferts d’émigrés à hauteur de 6 milliards de dollars par an, soit 20 % du PNB, le Liban a-t-il intérêt à exporter sa valeur ajoutée ?

Une conférence s’est tenue vendredi à Beyrouth sur le thème du « succès des Libanais dans le monde et leurs facteurs de réussite ». Étaient notamment présents Fouad Zmokhol, le président du RDCL, Georges Achi, président de Bank Audi Syrie, Joe Saddi, président général de Booz.

Charles Achi, al-Walid ben Talal ou encore Fernando Talal... Tous ces Libanais ont un point en commun et même plusieurs. Que ce soit dans le monde des affaires, de la science ou de la politique, tous trois ont concrétisé ailleurs leur rêve de « success story ». Le premier est à la tête du premier projet lancé par la NASA, le second est l’homme d’affaires le plus riche du Moyen-Orient, tandis que le troisième a fraîchement été élu maire de São Paulo au Brésil.

 

Des succès qui ne sont pas des cas isolés dans le monde de la diaspora libanaise. En effet, le Liban est toujours le premier contributeur dans le classement du magazine Arabian Business en termes de personnalités arabes les plus influentes. En juin dernier, il est arrivé en tête du classement avec 85 personnalités influentes. Des succès à gogo qui posent la question de leurs facteurs de réussite. C’est pour répondre à cette interrogation que le Rassemblement des chefs d’entreprise libanais (RDCL), en partenariat avec la faculté de gestion et de management et la faculté des sciences économiques de l’Université Saint-Joseph, a organisé hier une conférence sur ce thème. Étaient notamment présents Fouad Zmokhol, le président du RDCL, Georges Achi, président de Bank Audi Syrie, Joe Saddi, président général de Booz & Company, et Gilbert Ghostine, président de la société Asia Pacific.


Dans un contexte régional de profonds changements, Joe Saddi a insisté sur le rôle des Libanais dans l’avenir de la région. En effet, la zone Moyen-Orient/Afrique du Nord (MENA) a connu ces dix dernières années une croissance exponentielle, soit pratiquement le double de la moyenne mondiale. « Or une des caractéristiques de notre région est la jeunesse de notre population, a précisé Joe Saddi. Un tiers de la population de la région a moins de quinze ans. » Des caractéristiques qui font de l’emploi le véritable enjeu de demain. « Les pays arabes devront créer 75 millions d’emplois d’ici à 2020 », a ajouté le président de Booz & Company. Car si le printemps arabe a bien eu pour cause des raisons politiques, les sources d’inquiétudes économiques y étaient également pour beaucoup. La pression sociale s’est accrue sur nos pays, de plus en plus de jeunes diplômés ne trouvant pas d’emplois à la sortie des universités. Ainsi, la région devrait créer deux fois plus d’emplois par an que les États-Unis, première puissance économique du monde. Un défi de taille, tandis qu’au Liban, notre matière grise décide de s’exporter. « Le capital humain est notre principale valeur ajoutée, a insisté Joe Saddi. C’est un des nombreux facteurs de réussite des Libanais à travers le monde. Nos jeunes sont trilingues, flexibles et s’adaptent très rapidement à n’importe quelle situation. »

Les transferts d’émigrés, une richesse nationale
« Toutes ces années de guerre ont appris aux Libanais à être résilients », considère de son côté Fouad Zmokhol. L’entrepreneur libanais est passionné, ambitieux et doté d’un flair inouï. Indirectement, ce capital humain fait la force du Liban via ses transferts d’émigrés. Le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, a déclaré jeudi que ceux-ci avaient atteint les 6 milliards de dollars en août, un chiffre qui représente près de 20 % du PNB, soit le premier flux de capital au Liban, ainsi qu’une part importante de la balance des paiements.


Georges Achi a de son côté comparé ces transferts aux revenus pétroliers pour les pays arabes, ces derniers étant également des sources de financement continus et stables. « Au Liban, en 2010, les transferts d’émigrés représentaient quelque 1 890 dollars par habitant. À titre de comparaison, ces transferts étaient de l’ordre de 93 dollars pour l’Égypte », a indiqué le président de Bank Audi Syrie.


Pour Gilbert Ghostine, le succès des Libanais dans le monde commence dès le plus jeune âge au sein de sa propre famille. « On a tous vu des Libanais se sacrifier pour que leurs enfants soient diplômés », a-t-il expliqué. Selon l’homme d’affaires, le Libanais a l’instinct pour transformer les risques en opportunités. « Nous avons grandi dans l’adversité, indique-t-il. La guerre nous a rendus experts dans la gestion de l’incertitude et des risques. »
Mais pour Joe Saddi, « si la diaspora contribue effectivement aux transferts d’émigrés, ce serait une honte que de ne pas essayer de retenir nos talents. On s’exporte alors que notre propre maison est en ruine », a-t-il déploré. Tel n’est pas l’avis de Georges Achi pour qui « il n’y a pas de ressentiment à voir nos enfants partir réussir ailleurs, c’est ce qui a permis au Liban de renaître tant de fois de ses cendres. N’ayez pas peur de rêver. Le plus étonnant dans la vie, c’est que les rêves sont réalisables », a-t-il conclu.

 

 

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