La principale coalition de l'opposition syrienne en exil a fustigé vendredi l'exécution de soldats blessés dans le nord par les rebelles et a appelé ces derniers à rendre des comptes.
"Nous exhortons l'Armée syrienne libre (composée de déserteurs et de civils ayant pris les armes) et les mouvements qui animent la révolution sur le terrain à demander des comptes à quiconque viole les droits de l'Homme", a déclaré à l'AFP Radif Moustapha, en charge des droits de l'Homme au sein du CNS, après que l'ONU a évoqué un possible "crime de guerre". Il a toutefois souligné que, selon lui, "les crimes des combattants de l'opposition (étaient) sans commune mesure avec ceux du régime".
Au moins 28 soldats ont été tués jeudi au combat ou froidement exécutés par les rebelles qui s'étaient emparés de leurs positions près de Saraqeb (nord-ouest), a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Avant d'exécuter un prisonnier, un rebelle lui lance: "Ne sais-tu pas que nous appartenons au peuple de ce pays ?" Terrorisé, le soldat lui répond: "Je jure au nom de Dieu que je n'ai pas tiré", selon une vidéo diffusée par des militants.
L'ONU et des ONG internationales, ont déjà accusé régime et rébellion de "crimes de guerre et contre l'Humanité" en près de 20 mois d'un conflit qui a fait plus de 36.000 morts selon l'OSDH.
"Si nous restons silencieux (face à cela), ces violations graves vont augmenter", a poursuivi Radif Moustapha, rappelant que les principes de la révolution étaient "la liberté, la dignité et le respect des droits de l'Homme".
Haro sur Washington
A deux jours de l'ouverture d'une réunion cruciale des opposants à Doha, le CNS a par ailleurs vivement réagi aux propos de la secrétaire d'Etat Hillary Clinton qui a appelé ce mouvement à s'élargir pour représenter "tous les Syriens".
Le CNS, dans un communiqué, a condamné les projets "visant à passer au-dessus du Conseil ou à créer des instances le remplaçant", les qualifiant de "tentative de nuire à la révolution syrienne en semant les germes de la division".
Pour Georges Sabra, membre du Conseil, "si l'union de l'opposition a pour objectif de négocier avec Bachar el-Assad, cela ne se fera pas et le peuple ne l'acceptera pas".
Le régime syrien affirme que seul un dialogue peut régler le conflit, mais l'opposition, surtout les rebelles sur le terrain, posent comme condition sine qua non à tout dialogue un départ de M. Assad.
Mohammed Sermini, du bureau de presse du CNS, a dénoncé l'ingérence de Washington comme "impérialiste". "Tout amicale et solidaire que soit la partie extérieure, elle n'a pas le droit d'intervenir dans nos affaires. La Syrie doit prendre ses propres décisions".
Mercredi, Mme Clinton a estimé que le CNS ne pouvait "plus être considéré comme le dirigeant visible de l'opposition", et plaidé pour qu'il devienne "une partie d'une opposition élargie" comprenant "des gens à l'intérieur de Syrie et d'autres". En réponse, le CNS a souligné être passé "de 280 à 420 membres, dont 33% issus du mouvement (qui anime sur le terrain) la révolution", et évoque une "hausse de la représentation des membres de l'intérieur".
Mercredi, Mme Clinton a également réclamé une opposition élargie capable de "résister aux extrémistes" islamistes et a indiqué être en possession "d’informations inquiétantes sur des extrémistes qui se rendent en Syrie et tentent de détourner à leurs fins ce qui était jusqu’ici une révolution légitime contre un régime oppressif".
Ce à quoi Abdel Basset Saida, président du CNS a répondu, jeudi : "la communauté internationale est responsable, en raison de son manque de soutien au peuple syrien, de la croissance de l’extrémisme en Syrie". "Dans les zones qui ont échappé au contrôle du régime, c’est le chaos et le désespoir, car le régime poursuit ses attaques. Dans une telle atmosphère, il est naturel que se développe l’extrémisme, qui est la conséquence de l’inaction de la communauté internationale et non la cause", a-t-il ajouté. Critiquant la déclaration américaine, M. Saida a lancé : "La communauté internationale devrait s’en prendre à elle-même : qu’a-t-elle donné au peuple syrien ? Comment a-t-elle aidé les Syriens à stopper la folie meurtrière du régime ?"
Les Etats-Unis, qui réclament un départ de M. Assad, sont restés jusque-là impuissants à trouver une issue à la guerre en raison des profondes divergences avec les Russes, alliés du régime Assad.
Ils comptent beaucoup sur la réunion de dimanche à Doha élargie à des centaines d'opposants, sous l'égide de la Ligue arabe, où pourrait être annoncé un gouvernement en exil avec à sa tête l'opposant en exil Riad Seif, selon des informations non confirmées.
Des violences sans répit
Sur le terrain, les rebelles ont pris le contrôle d'un large périmètre autour de Saraqeb, carrefour stratégique de routes reliant Damas, Alep (nord) et Lattaquié, sur la côte. Avec cette prise, ils coupent quasiment tout accès des troupes au nord où elles sont aux prises avec les rebelles depuis plus de trois mois pour le contrôle d'Alep.
"L'armée s'est retirée de son dernier barrage dans la région de Saraqeb", a indiqué vendredi à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH, une ONG basée au Royaume-Uni qui s'appuie sur un large réseau de militants et de médecins sur place. Les troupes régulières ne tenaient plus que ce barrage, après la prise jeudi de trois autres lors d'attaques rebelles durant lesquelles au moins 28 soldats avaient été tués au combat ou froidement exécutés, selon l'ONG. "En s'emparant de cette région, les rebelles ont quasiment coupé la ligne d'approvisionnnement de l'armée vers le nord. Mais le régime contrôle toujours une partie des provinces de Raqa (nord-est) et de Deir Ezzor (est) et peut faire passer son ravitaillement par ces villes ou par les routes du désert mais c'est bien plus long et compliqué", a-t-il précisé.
L'annonce de la chute d'une nouvelle région clé du Nord aux mains des rebelles survient au lendemain d'une journée particulièrement sanglante pour les troupes du régime avec la perte de 83 soldats dans les combats, selon l'OSDH. 66 civils et 54 rebelles ont péri également jeudi, a précisé l'ONG.
A travers la Syrie, 65 personnes, dont 18 civils, 17 rebelles et 30 soldats, ont péri, selon un bilan provisoire de l'OSDH, alors que les violences ne connaissent pas de répit depuis le début en mars 2011 d'une révolte populaire contre le régime Assad qui s'est militarisée face à la répression.
Comme tous les vendredis, des Syriens ont manifesté dans plusieurs villes du pays à l'appel de militants antirégime, cette fois-ci pour interpeller la "justice internationale" afin qu'elle se saisisse du sort de la ville de Daraya, près de Damas, meurtrie par de nombreux massacres.
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commentaires (3)
Les Révolutionnaires SAINS sont innocents de tout ça ! Ce sont les autres, les Salopards "baassyriens" et chabbîhhahs qui sont Responsables de Tous ces CRIMES-là !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
10 h 24, le 03 novembre 2012