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À La Une - Liban

Quand le Hezbollah se fait l'outil de Téhéran pour menacer Israël

L'Iran dit détenir des photos de bases militaires israéliennes et d’autres sites sensibles envoyées en direct par le drone Ayoub (ou Job) du Hezbollah.

Le fameux drone iranien lancé par le Hezbollah au moment où il est pulvérisé par la défense israélienne.

Que cette information ait été démentie hier par un haut officier de l’armée israélienne est sans importance si l’on examine de près la déclaration du parlementaire iranien Esmail Kowsari (« nous avons aussi la capacité de produire des drones d’attaque », a-t-il martelé) mais aussi du responsable israélien, qui définit le drone Ayoub comme une « démonstration de savoir-faire », sans toutefois cacher ses craintes sur le développement éventuel de « drones suicidaires », qui pourraient être envoyés s’écraser sur des cibles israéliennes.
Le drone Ayoub, outil stratégique militaire, reflète de toute évidence les tensions régionales accrues, mais incarne surtout l’implication logistique et matérielle déclarée du Hezbollah en faveur d’un combat iranien de plus en plus menaçant. De prime abord, les milieux proches du parti de Dieu rejettent toute répercussion de l’affaire du drone et de ses embranchements sur la scène interne. « C’est un message clair que le Hezbollah veut surtout adresser aux protagonistes régionaux : la priorité est de combattre Israël et les rangs doivent rester unifiés à cette fin », affirme à L’Orient-Le Jour une source proche du Hezbollah. Ce message devrait ainsi servir à absorber la crise qui secoue notamment la Syrie.

 

(Pour mémoire : Nasrallah : Le drone abattu en Israël appartient au Hezbollah, et ne sera ni le premier ni le dernier...)


C’est justement le rôle régional du Hezbollah que critique le coordinateur du secrétariat général du 14 Mars, l’ancien député Farès Souhaid. L’affaire du drone porte, selon lui, trois messages. « D’abord, c’est la preuve que la décision de la guerre et de la paix au Liban ne relève pas du Hezbollah uniquement, mais de l’influence iranienne imposée au Hezb, comme l’auront indiqué préalablement les révélations iraniennes sur la présence de pasdaran au Liban et en Syrie », affirme Farès Souhaid à L’Orient-Le Jour. Mais au-delà des arguments habituels qui dénoncent « la transformation du Liban en boîte aux lettres entre l’Iran et Israël », ou encore « le contrôle par le Hezbollah du sort des Libanais et du tournant de leur vie quotidienne », le coordinateur du 14 Mars met l’accent sur un élément concret de la stratégie interne (renouvelée) du Hezbollah. Le drone Ayoub aura en effet « sapé les efforts du chef de l’État qui croyait que la question du dialogue national pourrait assurer une libanisation du Hezbollah », affirme Farès Souhaid. Pourtant, la source proche du Hezbollah a encore invoqué à L’OLJ l’attachement du parti de Dieu au dialogue, qui prouverait sans l’ombre d’un doute son souci pour la stabilité du pays. D’ailleurs, « le Hezbollah aurait pu profiter des heurts récents à Tariq Jdidé et ailleurs pour déclencher la bataille, mais il ne l’a pas fait », déclare la même source.
C’est que cette bataille se situe ailleurs, sur un terrain politique certes dénaturé par les armes, mais qui maintient une façade institutionnelle, entretenue par les centristes sur lesquels le Hezbollah semble vouloir resserrer l’étau, comme le relèvent certains observateurs proches du 14 Mars. D’abord, le président Sleiman avait amorcé une stratégie de défense qui reconnaît l’importance des armes du Hezbollah mais les place sous le commandement de l’armée. Cette directive est court-circuitée par l’affaire du drone Ayoub, en même temps que pèsent les menaces d’assassinat contre le chef du Front de lutte nationale Walid Joumblatt et que se réduit la marge de manœuvre du Premier ministre Nagib Mikati à l’égard du Hezbollah, surtout après l’assassinat du général Wissam el-Hassan.


Mais l’angle du 8 Mars est tout autre, dissimulé derrière une interprétation parcellaire de la position des ambassadeurs occidentaux pour le maintien de la stabilité. « Quelle mainmise du Hezbollah lorsque l’on sait les tiraillements entre lui et les composantes du cabinet sur plusieurs dossiers socio-économiques ? » fait remarquer en outre la source du Hezb. Cela aussi est un argument puisé dans la phase ayant précédé l’assassinat du général Wissam el-Hassan.
Il reste que le meilleur moyen pour le Hezbollah de contrecarrer la chute du régime syrien est de prendre le pouvoir dans l’absolu, au risque de se trouver asphyxié à l’intérieur du territoire libanais.


C’est pourquoi, à l’heure actuelle, le mot d’ordre est à « la lutte régionale », qui rejaillit comme une priorité même dans les discours du Courant patriotique libre, comme l’a annoncé du Canada où il est en visite le député Gebran Bassil, cadre un des concepteurs de la politique de son mouvement. Un discours qui n’a jamais été aussi différent de celui du 14 Mars.


Pour Farès Souhaid en effet, « l’heure en 2005 était à la position syrienne ; aujourd’hui, à l’heure du pré-effondrement du régime syrien, l’ennemi se trouve à l’intérieur du pays, dissimulé dans un habit libanais... ».

 

Pour mémoire

L’ONU dénonce les atteintes syriennes à la souveraineté libanaise et rappelle le Hezbollah à l’ordre

 

L’affaire du drone, « un exploit » très contesté

Que cette information ait été démentie hier par un haut officier de l’armée israélienne est sans importance si l’on examine de près la déclaration du parlementaire iranien Esmail Kowsari (« nous avons aussi la capacité de produire des drones d’attaque », a-t-il martelé) mais aussi du responsable israélien, qui définit le drone Ayoub comme une « démonstration de...

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