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À La Une - Présidentielle US

L’électorat blanc, clé de la Maison-Blanche pour Romney

Des études montrent qu’à part les minorités, les résultats peuvent varier selon les hommes et les femmes.

Le candidat républicain à la Maison Blanche, Mitt Romney, en campagne le 11 octobre 2012 à Asheville, en Caroline du nord. Rainier Ehrhardt/Getty Images/AFP

Si la course à la Maison-Blanche n’a jamais semblé aussi ouverte entre Barack Obama et Mitt Romney, le candidat républicain sait qu’à l’inverse du président démocrate sortant, un seul groupe d’électeurs détient la clé qui lui permettra d’y entrer : les hommes blancs. Le constat est clivant, le pari politique un peu risqué, mais il est frappé du sceau d’une logique implacable : en 2008, lors de l’élection de Barack Obama aux dépens de John McCain, 90 % des votes républicains étaient blancs, selon les sondages sortis des urnes.


La tendance n’a pas changé depuis : Mitt Romney est largement distancé dans les sondages dans la communauté afro-américaine, à la traîne chez les Hispaniques et dominé chez les femmes, même s’il bénéficie d’autant d’intentions de vote que son rival au niveau national. Or, l’évolution démographique des États-Unis n’est pas favorable aux républicains, puisque la proportion d’hommes blancs diminue et qu’il leur faut donc faire le plein dans cette catégorie de population pour avoir une chance de l’emporter à la présidentielle.


Pour compliquer la tâche de Mitt Romney, les hommes blancs sont beaucoup plus conservateurs que la moyenne et un sondage Ipsos/Reuters montre qu’ils ont des attentes de plus en plus différentes du reste de la population. Autrement dit, difficile pour le candidat républicain de parvenir à la fois à satisfaire sa base électorale et à l’élargir pour en être moins dépendant.

Moins que McCain
Mitt Romney a donc du souci à se faire. Et ce d’autant que selon un sondage Ipsos/Reuters mené du 1er au 7 octobre, les hommes blancs sont un peu moins nombreux à lui faire confiance (55,5 %) qu’à John McCain il y a quatre ans (57 %). Ce qui n’avait déjà pas empêché ce dernier de perdre l’élection. « Le fait que (Romney) soit à peu près au niveau de McCain montre le travail qu’il lui reste à faire », commente Julia Clark, qui a dirigé l’enquête.


En 2010, lors des élections de « mid-term » au Congrès, les électeurs blancs ont délaissé les candidats démocrates en votant à 60 % contre 38 % en faveur des républicains, alors que l’écart entre les deux camps n’était que de quatre points en 2006. À moyen terme, cette évolution n’est pas dramatique pour les démocrates, dans la mesure où les minorités, en particulier les Hispaniques, voient leur corps électoral augmenter à un rythme beaucoup plus élevé que celui des Blancs. Mais pour Barack Obama, l’électorat blanc reste cette année un enjeu crucial et le président, comme son rival républicain, ne s’y est pas trompé en sillonnant ces dernières semaines l’Ohio et l’Iowa, deux « swing state » à l’industrie sinistrée qui se caractérisent aussi par leur forte population blanche.
Bien sûr, résumer l’élection à de grandes catégories de population est simplificateur. Chez les Blancs âgés de 18 à 29 ans, Barack Obama arrive ainsi légèrement en tête, alors qu’il est largement distancé chez les électeurs de plus de 60 ans (62 % contre 26 % selon le sondage Ipsos/Reuters).

Le précédent Carter
Cela ne veut pas dire que ce n’est pas dans cette dernière catégorie de population que Mitt Romney a la plus forte marge de progression. « Les hommes blancs âgés sont précisément ceux à qui il doit s’adresser », affirme même William Frey, un démographe du Brooking Institute.


Autre distorsion significative au sein de la population blanche, celle entre hommes et femmes. Demandez aux électeurs blancs qui du Parti républicain et du Parti démocrate défend le mieux les classes moyennes, la réponse sera favorable aux premiers. Ajoutez les femmes blanches à l’équation, comme l’a fait le sondage Ipsos/Reuters, et le résultat sera inversé. Ce qui permet en partie de comprendre pourquoi la convention républicaine, où Mitt Romney a été intronisé candidat en août, a cherché à mettre en avant des femmes et des représentants des minorités. Dans le second cas, la bataille semble perdue d’avance pour les républicains.


En 2008, Barack Obama a dominé John McCain de 90 points chez les Afro-Américains, qui ont représenté 12 % de l’électorat. Chez les Hispaniques (10 % des électeurs), le rapport était de deux contre un en faveur du candidat démocrate. Dans la population blanche, l’issue est plus incertaine. Il y a quatre ans, celui qui allait devenir le premier président noir de l’histoire des États-Unis avait séduit 41 % des électeurs blancs. Jamais un démocrate n’avait fait aussi bien depuis Jimmy Carter en 1976. Mais Jimmy Carter n’a pas été réélu.

Si la course à la Maison-Blanche n’a jamais semblé aussi ouverte entre Barack Obama et Mitt Romney, le candidat républicain sait qu’à l’inverse du président démocrate sortant, un seul groupe d’électeurs détient la clé qui lui permettra d’y entrer : les hommes blancs. Le constat est clivant, le pari politique un peu risqué, mais il est frappé du sceau d’une logique...

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