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À La Une - Reportage

Dans la vieille ville d'Alep, la ligne de front au milieu du souk déserté

"Ici, le régime n'ose pas lâcher de bombes, il ne veut pas se mettre à dos les commerçants".

Des Syriennes dans un quartier commercial de la ville d'Alep le 21 septembre 2012. AFP /MIGUEL MEDINA

"A gauche, le marché aux épices. En face, la mosquée des Omeyyades. Mais n'y entrez pas, elle est sur la ligne de front": Abou Mohammed, chef rebelle syrien, profite d'une accalmie dans les combats pour jouer les guides touristiques dans la vieille ville d'Alep.

 

La ligne de front est une ruelle qui borde la mosquée, large d'à peine un mètre. Au bout, sont postés les tireurs embusqués de l'armée régulière qui tirent sur tout ce qui bouge.

 

Accroupis derrière un mur, un franc-tireur rebelle manie un bâton équipé d'un morceau de miroir et tente d'abattre les soldats qu'il entr'aperçoit dans sa petite glace.

 

A Alep, la capitale économique du nord de la Syrie, les combats ont débuté mi-juillet. Depuis, rebelles et soldats s'affrontent à coups de roquettes et de bombardements aériens dans de nombreux quartiers.

Mais dans la vieille ville, autrefois le coeur touristique de la cité, les affrontements se jouent à l'arme légère pour le contrôle d'une ruelle, d'un hammam, d'une mosquée ou d'une église.

 

En arpentant les ruelles où tous les magasins ont baissé leur rideau de fer, un rebelle raconte l'histoire du "plus grand souk du Moyen-Orient".

Il fait visiter les salles du Hammam al-Nahasin, construit au 13ème siècle, où quelques rebelles se reposent sur les matelas disposés dans de petites alcôves.

En empruntant des chemins de traverse pour éviter les balles des tireurs embusqués positionnés à peine 5O mètres plus loin, il évoque les Ottomans, les mamelouks et propose une visite de l'ancien consulat français.

Autour de lui, ses camarades en armes et en treillis frappé du sigle de l'Armée syrienne libre (ASL, rebelles) montrent les étals d'étoffes et de broderies installés en enfilade sous des galeries couvertes où plus aucun badaud ne passe.

 

Un peu plus loin dans le marché fantôme, quelques commerçants se hasardent. Ils sont venus récupérer des marchandises qu'ils fourrent dans de grands sacs avant de disparaître rapidement. Aucun n'accepte de parler à la presse.

Tout semble intact. "Aucun homme de l'armée libre n'a touché à quoi que ce soit, les commerçants doivent retrouver leur boutique telle qu'ils l'ont laissée", explique Abou Mohammed. "Nous ne sommes pas les terroristes que décrit le régime", insiste-t-il.

 

Les autorités qui depuis le début du mouvement en mars 2011 ne reconnaissent pas la contestation, accusent des "bandes terroristes armées" de semer le chaos dans le pays.

A chaque croisement, de petits groupes rebelles sont positionnés. Ils assurent la surveillance en sirotant du thé.

 

Epargnés par les pillages ou les destructions, les ruelles commerçantes ont aussi échappé aux bombardements aériens qui défigurent de nombreux quartiers d'Alep.

"Ici, le régime n'ose pas lâcher de bombes, il ne veut pas se mettre à dos les commerçants", explique Abou Mohammed. "Parce que s'ils commencent à financer la rébellion, la situation va changer radicalement".

 

Au détour d'une ruelle, deux boutiques ont essuyé les tirs d'obus de mortier de l'armée. Du bâtiment de deux étages encore fumant plus d'un jour après le bombardement, il ne reste qu'une structure métallique et quelques pierres.

 

Furtivement, un commerçant passe, un énorme sac sur le dos. Dans le ciel, on aperçoit des hélicoptères à haute altitude.

"Tant qu'ils sont aussi hauts, nous sommes en sécurité. Ils ne visent pas la la vieille ville, ils sont en route pour d'autres quartiers", assure Abou Mohammed.

 

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