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Liban - Éclairage

Le mot d’ordre est désormais donné : mettre un terme à la loi de la jungle

La guerre contre les preneurs d’otages est lancée. Réduit pendant plusieurs mois à rester sur la défensive, subissant les critiques les plus virulentes pour son asthénie apparente, l’État, sous l’impulsion du président Sleiman, a décidé de contre-attaquer en vue de la restitution de son prestige, mais surtout pour mettre un terme à la loi de la jungle qui règne depuis un certain temps.
D’ailleurs, le ministre de l’Intérieur n’avait pas tout à fait tort en annonçant haut et fort, un peu maladroitement toutefois, la fin, d’ici à une semaine, du cauchemar des Libanais, terrorisés par une bande de ravisseurs qui sévissent depuis quelque temps en toute impunité.
Le spectacle des services de l’ordre – toutes couleurs confondues – réunis à la manière d’une grande famille en vue du bien commun était on ne peut plus rassurant il y a quelques jours, même lorsque l’on connaît les divisions politiques profondes qui marquent la scène sécuritaire dans son ensemble, à l’image d’ailleurs de la plate-forme politique qui la soutient.
C’est à croire que la question des otages en général (les otages en Syrie et ceux qui se trouvaient aux mains des Moqdad) et celle des otages en vue d’une rançon, plus particulièrement, ont fini par unifier les différentes composantes des services sécuritaires autour d’un seul et même objectif, tant il est vrai que cette pratique nouvellement introduite dans le paysage libanais était devenue menaçante pour tout le monde et surtout pour les fondements de l’État.
Tout en reconnaissant que l’unification des efforts et l’échange des renseignements ont permis de joindre les efforts et les volontés en vue d’un dénouement relativement fructueux jusque-là, les autorités sécuritaires admettent toutefois que la question qui les préoccupe, la prise d’otages, reste tout de même un sujet politiquement neutre, ce qui explique en partie l’enthousiasme avec lequel les services ont agi en vue du règlement de ce dossier. « Nous sommes certes unifiés autour d’une même cause. Nous ne sommes pas pour autant des photocopies les uns des autres », confie par un euphémisme un responsable sécuritaire.
Rejoignant les affirmations d’une source proche de la Sûreté, le responsable rejette en bloc les accusations d’inertie dirigées contre l’État, qui, comme la belle au bois dormant, « vient juste de se réveiller une fois que le phénomène des rançons a pris de l’ampleur », soulignait encore un observateur.
Que ce soit dans le cadre de l’affaire des Moqdad, tombés l’un après l’autre dans le filet de la justice, ou des deux gangs principaux qui sont derrière les prises d’otages (Mohammad Ali Masri et Hassan Abbas Jaafar), les services de sécurité ne pouvaient agir sur-le-champ, d’autant que des vies humaines étaient en jeu, assurent les autorités sécuritaires d’une même voix. Il a donc fallu un travail de surveillance, de collecte de renseignements, voire parfois de ruse, pour dépister les malfaiteurs, les identifier et les localiser, tout en prenant garde de ne jamais mettre en danger les otages. Il fallait également peaufiner les plans d’attaque.
C’est ce qui s’est passé avec les Moqdad dont l’arrestation a été décidée par l’État dès le premier défi lancé aux autorités, assure une source informée. C’est le même scénario qui se réitère maintenant avec les rapts à rançon, l’armée ayant déjà localisé et arrêté quelques-uns des exécutants. Pour les autres, ce n’est qu’une question de temps, promet un responsable sécuritaire, qui affirme que les deux gangs sont désormais « traqués et sur la défensive ».
La riposte devait en outre être soutenue par une décision politique « pour renflouer la détermination des forces de l’ordre et leur assurer la couverture nécessaire », surtout qu’un sergent-chef, Ali Nasrallah, est décédé dans le cadre de sa mission, alors qu’il se trouvait à 100 mètres du domicile de Hassan Abbas Jaafar, le commanditaire de l’un des deux gangs impliqués dans les opérations de rapt.
Il a fallu donc redonner confiance aux forces de l’ordre et reprendre le flambeau avec, cette fois-ci, une couverture obtenue de l’ensemble des forces politiques. Quant à la question de savoir pourquoi l’armée s’est substituée aux Forces de sécurité intérieure pour l’accomplissement de cette mission, la source explique que la première est non seulement mieux formée, mieux équipée, elle peut également accéder plus facilement à certaines régions, à Baalbeck, dont « la couleur communautaire s’allie mieux aux couleurs de l’armée ». Tout aura été dit dans cette phrase lapidaire et expressive.
Si les services de sécurité sont confiants quant au dénouement prochain de ce dossier, ils ne le sont pas autant pour les otages chiites qui se trouvent en Syrie. Selon une source proche du dossier, les autorités turques disposent de moyens suffisants pour pouvoir faire pression et parvenir à la libération des otages. Il faut toutefois garder à l’esprit le fait que les intérêts turcs sont très importants, et sont rendus encore plus problématiques par les complications de la crise syrienne, relève cette source. D’où la difficulté à extraire ce dossier de la géopolitique régionale actuelle.
Cela dit, se dépêche de rassurer le responsable, il faut savoir que les autorités turques sont régulièrement en contact avec les ravisseurs et s’enquièrent régulièrement de l’état de santé des otages qui sont très bien traités. Une bonne distance a déjà été franchie et une solution devrait pouvoir émerger bientôt, assure le responsable, soulignant toutefois qu’il reste « prudemment optimiste » sur cette affaire.
Dernier hic enfin en matière sécuritaire, le tsunami islamiste consécutif au film islamophobe qui, de l’avis d’un responsable, s’est désormais résorbé. Après avoir été déversée dans la rue, en débordant souvent des cadres de la loi et de la bienséance, la colère a été apaisée, croit savoir la source. À Tripoli, c’est l’opinion publique qui s’est avérée être le meilleur gendarme et le meilleur juge, puisque celle-ci s’est élevée unanimement contre la violence dévastatrice qui a choqué l’islam modéré de la ville. Quant aux personnes arrêtées dans le cadre de cette affaire, elles relèvent d’un groupe panaché qui rassemble pêle-mêle des personnes recherchées par la justice, des jeunes au chômage et quelques excités convaincus que c’est grâce au vandalisme qu’ils pourront défendre la religion et le Prophète.
Mais le pire est passé, affirme la source, qui se dit convaincue qu’après cette journée de précaution ultime, les intérêts français notamment ne seront plus visés, à moins que ce ne soit l’œuvre d’une cinquième colonne qui se dissimulerait sous le masque de l’islamisme et qui chercherait en fait à déstabiliser le Liban.
La guerre contre les preneurs d’otages est lancée. Réduit pendant plusieurs mois à rester sur la défensive, subissant les critiques les plus virulentes pour son asthénie apparente, l’État, sous l’impulsion du président Sleiman, a décidé de contre-attaquer en vue de la restitution de son prestige, mais surtout pour mettre un terme à la loi de la jungle qui règne depuis un certain...

commentaires (3)

Et qui, Svp, balance tout cette Masse de poudre aux yeux, ya hassértééhh ? Ce "gouvernement?" libanais, yâ waïylééhh !

Antoine-Serge KARAMAOUN

04 h 03, le 23 septembre 2012

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Commentaires (3)

  • Et qui, Svp, balance tout cette Masse de poudre aux yeux, ya hassértééhh ? Ce "gouvernement?" libanais, yâ waïylééhh !

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    04 h 03, le 23 septembre 2012

  • À entendre et ne pas croire ! À voir pour en juger !

    SAKR LEBNAN

    02 h 48, le 22 septembre 2012

  • "Mettre un terme à la loi de la jungle", aux républiques des voyous ? A la bonne heure !

    Halim Abou Chacra

    02 h 25, le 22 septembre 2012

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