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À La Une - Tunisie

A Tunis, les islamistes manifestent pour l'"assainissement" du pays

"Il existe une crise profonde. Le gouvernement a essayé de toutes les manières de mettre la main sur le secteur des médias".

Les sympathisants du parti Ennahda réclament une purge dans les administrations des membres du RDC. Photo datée du 31 août. Zoubeir Souissi/Reuters

Plus d'un millier de personnes, essentiellement des sympathisants du parti islamiste au pouvoir Ennahda, ont manifesté vendredi à Tunis pour appeler le gouvernement à "assainir" le pays des complices du régime déchu en particulier au sein des médias et de l'opposition.

 

La foule, réunie sur la place de la Kasbah où se trouve le siège du gouvernement, réclame une purge accélérée dans les administrations, les médias et le monde politique des membres du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti du président déchu Zine El Abidine Ben Ali, selon un journaliste de l'AFP.

 

"RCD dégage", "Le peuple veut l'assainissement de la justice", "Le peuple veut l'assainissement des médias", pouvait-on lire sur les pancartes des manifestants, qui brandissaient aussi des drapeaux tunisiens et d'Ennahda.

"Les médias ne rapportent pas la vérité sur les accomplissements du gouvernement dans les régions", a dénoncé Riadh Chaïbi, un haut responsable d'Ennahda, s'adressant à des manifestants.

 

Les islamistes sont en conflit ouvert avec plusieurs médias publics après avoir nommé des proches à leur tête, faisant craindre aux rédactions l'ingérence du pouvoir politique dans leurs lignes éditoriales.

En cause aussi, les poursuites engagées pour atteinte à l'ordre public et aux bonnes mœurs contre deux artistes qui risquent cinq ans de prison pour avoir exposé des œuvres jugées offensantes pour l'islam, alors que les actions violentes organisées par la mouvance salafiste restent impunies.

 

Ennahda assure simplement écarter des personnalités corrompues de l'ancien régime.

 

M. Chaïbi a aussi attaqué l'Appel de la Tunisie, le parti de l'ancien Premier ministre Béji Caïd Essebsi, chef du deuxième gouvernement post-révolutionnaire, qui gagne en popularité et où, selon les islamistes, les partisans de l'ancien régime seraient légion.

"L'Appel de la Tunisie est le nouveau RCD!", a-t-il lancé, accusant ce mouvement d'être "contre-révolutionnaire". "Nous œuvrons pour que l'Assemblée nationale constituante adopte une loi empêchant les RCDistes de faire de la politique pendant 10 ans", a-t-il ajouté.

 

La manifestation a été organisée via les réseaux sociaux par un mouvement informel baptisé "Ekbes" (Magne-toi), proche d'Ennahda, et nombre de participants sont venus de province à bord d'autocars, a constaté le journaliste de l'AFP.

Le 1er septembre, un premier rassemblement de ce type avait réuni quelques centaines de personnes. Ekbes vise à "activer les réformes, à faire juger les corrompus et à assurer au peuple tunisien que ceux qu'il a choisis ne resteront pas les bras croisés face aux ennemis de la révolution", déclarait en début de semaine le ministre de la Justice, Noureddine Bhiri.

 

 

Chantage et violences

Dans un entretien avec le magazine français Le Nouvel Observateur, la journaliste tunisienne Hanène Zbiss, dénonce les chantages et violences que subit la presse et l'instrumentalisation des salafistes par le gouvernement.

 

"Il existe une crise profonde. Le gouvernement a essayé de toutes les manières de mettre la main sur le secteur des médias à travers des nominations arbitraires à la tête des médias étatiques", a-t-elle déclaré. "Ce gouvernement se comporte comme le clan Ben Ali. Il s'accapare le pouvoir, ne voit que ses intérêts, veut museler la presse, utilise des manières de chantage, n'a aucun programme et n'a que cette soif de pouvoir qui le pousse à tout faire pour gagner les prochaines élections", dit-elle.

 

Sur l’échiquier politique, du côté de l'opposition, l'on rivalise également de superlatifs pour attaquer les islamistes d’Ennahda qualifiés de "parti Etat" ou de "dictature théocratique".

 

Yadh Ben Achour, juriste respecté qui a dirigé en 2011 une instance chargée de réaliser les objectifs de la révolution, ne mâchait pas ses mots dans un entretien au quotidien La Presse fin août. "Oui, nous risquons dans peu de temps de nous retrouver dans une dictature pire que celle (du régime déchu) de Ben Ali, une dictature théocratique. Oui nous risquons de perdre l'un des acquis les plus chers de la révolution : la liberté d'expression", jugeait-il.

 

Toute la semaine, des journaux ont multiplié éditoriaux et tribunes accusant les islamistes de visées hégémoniques au lieu de se concentrer sur la nouvelle Constitution, dont la rédaction semble avoir pris des mois de retard.

 

"Le gouvernement, avec son parti dominant, verse dans l'hégémonie et outrepasse ses prérogatives. Chargé d'expédier les affaires courantes et de traiter les situations urgentes, il s'occupe à accaparer tous les pouvoirs", s'insurge La Presse.

Le Quotidien dénonce lui "une stratégie de pourrissement du parti Etat, Ennahda en l'occurrence, visant à neutraliser tous ses rivaux à des fins électorales".

 

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Plus d'un millier de personnes, essentiellement des sympathisants du parti islamiste au pouvoir Ennahda, ont manifesté vendredi à Tunis pour appeler le gouvernement à "assainir" le pays des complices du régime déchu en particulier au sein des médias et de l'opposition.
 
La foule, réunie sur la place de la Kasbah où se trouve le siège du gouvernement, réclame une purge accélérée...

commentaires (3)

Ben qu'ils "manifestent", et alors ! D'autres, "Laïcs" et nombreux, manifesteront contre......ça c'est la Démocratie.

Antoine-Serge KARAMAOUN

06 h 34, le 08 septembre 2012

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Commentaires (3)

  • Ben qu'ils "manifestent", et alors ! D'autres, "Laïcs" et nombreux, manifesteront contre......ça c'est la Démocratie.

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    06 h 34, le 08 septembre 2012

  • Assainir ou empuantir...

    SAKR LEBNAN

    04 h 39, le 08 septembre 2012

  • Ah le rêve du "Grand Soir"

    Henoud Wassim

    09 h 13, le 07 septembre 2012

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