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À La Une - Cérémonie

Kahwagi : L’armée ne permettra à aucune partie politique de la soumettre à un chantage...

Le rendez-vous a beau être annuel, il a revêtu cette année une coloration particulière, notamment à cause du discours d’une rare fermeté du commandant en chef de l’armée. Devant les officiers à la retraite et ceux en fonction, le général Jean Kahwagi a affirmé que l’armée n’acceptera pas d’être soumise à un chantage politique d’où qu’il vienne, tout en assurant qu’elle remplira sa mission de sécurité et de protection des frontières pour empêcher la création de zones tampons et l’infiltration au Liban de la discorde venue de l’extérieur.

La cérémonie au siège du ministère de la Défense.

Dans la grande salle du ministère de la Défense, ils se sont installés, émus et solennels. Cette journée est la leur et la réception organisée par le commandant en chef leur est dédiée. Les officiers à la retraite se saluent en espérant d’année en année se revoir tous, et ils prennent des nouvelles des absents. Ils ne portent plus d’uniforme, mais leur attitude a conservé le maintien un peu raide de leur longue carrière militaire. Dans les fauteuils qui leur sont réservés, ils attendent l’arrivée du commandant en chef qui a décidé de leur rendre hommage une journée par an, le 30 août.
Au nom de la ligue des anciens des forces armées, le général Ibrahim Tannous, lui-même ancien commandant en chef, prononce un discours pour rappeler les sacrifices des présents au service de la patrie et surtout pour remercier le commandement actuel qui perpétue cette journée d’hommage aux anciens. Et c’est ensuite le tour du général Kahwagi, qui a choisi cette cérémonie pour s’exprimer sur les questions d’actualité en cette période particulièrement délicate. Son discours a été d’ailleurs à la hauteur de l’attente des représentants des médias qui avaient bien compris qu’il ne s’agissait pas simplement de couvrir la cérémonie d’hommage aux anciens officiers.


La voix claire et forte, le général Kahwagi a commencé par rendre hommage aux officiers à la retraite qui ont passé une grande partie de leur vie à servir la patrie, et à l’armée, « sans laquelle nous ne serions pas réunis aujourd’hui et nous n’aurions pas eu la chance de servir notre pays »...


La contagion syrienne, la situation à Tripoli, les opérations d’enlèvements, la situation au Sud et la sécurité des frontières, le général Kahwagi a évoqué tous les thèmes ainsi que le cas du député Mouïn Merhebi sans le nommer.
Le message est clair : l’armée n’acceptera pas qu’on s’en prenne à elle, ni oralement ni dans les actes, ni qu’on profite de la liberté d’expression – qui reste une grande valeur au Liban – pour créer des tribunes contre elle et tenter de provoquer un environnement qui lui est hostile. « Le recours à la justice n’est que la concrétisation de cet engagement », a martelé le commandant en chef de l’armée.


« Les changements politiques et sécuritaires qui se produisent dans certains pays arabes, a déclaré le général
Kahwagi, ont abouti à de grandes difficultés qui se sont développées et ont touché nos frontières. Nous nous sommes trouvés devant de nouvelles missions qui consistent à contrôler nos frontières et à maîtriser la situation provoquée par cette situation nouvelle, notamment l’afflux des réfugiés et les opérations d’enlèvements exécutées à des fins diverses. La solution était depuis le début le renforcement du déploiement de l’armée dans toutes les régions libanaises, surtout dans le Nord, sans négliger les autres, notamment le Sud, avec nos frontières terrestres et maritimes où l’ennemi israélien est à l’affût. »
À ce sujet, le général Kahwagi a assuré que l’armée est prête à défendre les droits libanais légitimes dans la zone économique exclusive. Ce qui requiert un renforcement de la disponibilité de l’armée, ainsi que la coopération avec la Finul et la préservation de la relation avec les habitants du Sud.

L’espionnage et le terrorisme
Le commandant en chef de l’armée a affirmé que la troupe continuera à démanteler les réseaux d’espionnage et de terrorisme, comme celui qui a été récemment découvert et qui sévissait contre les banques.
« L’armée a pour objectif d’être à la hauteur des défis actuels, a encore déclaré
Kahwagi. Nous regrettons toutefois que son attitude sage lors des derniers événements sécuritaires (enlèvements, coupures de routes et affrontements à Tripoli) ait été interprétée par certains comme une faiblesse. Ceux-ci ont pris l’institution militaire pour cible et ont cherché à manipuler les sentiments des citoyens. Mais l’armée continuera d’assumer la responsabilité de la sécurité des Libanais et des étrangers vivant au Liban. Elle traitera avec fermeté tous les dossiers sécuritaires, sans se soumettre aux désirs de ceux qui veulent faire couler le sang à des fins politiques étroites, loin de l’intérêt national. »


Kahwagi est revenu sur l’initiative de l’armée visant à établir des ponts entre les parties concernées sur le terrain, assurant qu’il s’agit d’une démarche dictée par la sagesse qui ne remet pas en cause son engagement à assurer la sécurité à Tripoli et à répondre aux sources de feu. « À ce sujet, l’armée a informé toutes les parties politiques qu’elle est en mesure de frapper douloureusement tous les individus armés, quelles que soient leurs allégeances, à condition qu’elles cessent clairement de les couvrir au lieu d’utiliser un langage ambigu », a-t-il précisé.


« L’armée, a déclaré, Kahwagi, est déterminée à exécuter son plan militaire sur la scène interne et, en dépit de ses moyens modestes, elle œuvre à contrôler les passages frontaliers pour empêcher la discorde de s’y infiltrer et de provoquer un retour en arrière au Liban. L’armée ne permettra jamais l’établissement de zones tampons échappant à l’autorité de l’État qui montreraient que le Liban devient partie au conflit, alors qu’il veut rester à l’écart... »
Kahwagi a encore déclaré que l’armée ne permettra à aucune partie politique d’exercer un chantage sur elle et qu’elle souhaite en même temps établir de bonnes relations avec toutes les forces politiques, car elle croit à la diversité du Liban. « L’armée ne permettra pas non plus à n’importe quelle partie de l’utiliser comme paravent, de chercher à utiliser ses positions dans son intérêt propre ou de l’entraîner dans un camp ou un autre. Elle est engagée sous l’autorité de l’État uniquement », a-t-il dit.


Le commandant en chef de l’armée a été encore plus précis, affirmant que certains ont mal interprété le silence de l’institution militaire face aux attaques qui l’ont visée et qui ont été véhiculées par les médias, en pensant qu’il s’agit d’un signe de faiblesse. « Désormais, elle ne gardera plus le silence lorsqu’elle est attaquée. Son recours à la justice n’est que l’expression de son respect envers les institutions et elle espère que toutes les forces politiques suivront cet exemple. Si nous tenons beaucoup au respect de la liberté d’expression au Liban, nous n’accepterons pas qu’elle soit utilisée pour promouvoir des idées destructrices et pour favoriser l’émergence d’un environnement hostile à l’armée et aux institutions de l’État en général... »


Kahwagi a renouvelé l’engagement de l’armée à garantir le bon déroulement des échéances qui attendent la nation, ajoutant que la troupe restera le bouclier qui préserve la stabilité du pays et y défend les valeurs de la démocratie, de la liberté et de la justice.


Son discours terminé, le commandant en chef de l’armée a salué un à un les officiers actuels et à la retraite avant d’accorder une attention particulière aux journalistes. Mais il ne leur dira rien de plus que ce qu’il y avait dans son discours qui constitue un avertissement clair à tous ceux qui pensent pouvoir instaurer le chaos au Liban en affaiblissant l’armée. Le message sera-t-il reçu ?

 

Pour mémoire

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