Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Sommet des non-alignés

Morsi critique Téhéran sans ménagement

Le président égyptien dénonce le soutien iranien au « régime oppressif » syrien, qui a « perdu sa légitimité ».

Le président égyptien Mohammad Morsi a dénoncé hier le « régime oppressif syrien qui a perdu sa légitimité », provoquant le départ temporaire de la délégation syrienne présente au sommet de Téhéran, ce qui a conduit le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Moallem, à accuser l’Égypte d’encourager le bain de sang dans son pays. Behrouz Mehri/AFP

Les positions iraniennes sur la crise syrienne ont été contestées sans ménagement hier, à l’ouverture du sommet des non-alignés à Téhéran, par le nouveau président islamiste égyptien Mohammad Morsi. L’Iran, qui défend farouchement le gouvernement du président Bachar el-Assad, a été pris à contre-pied par M. Morsi, qui a dénoncé « le régime oppressif qui a perdu sa légitimité », comparant la situation en Syrie avec la révolution égyptienne qui a balayé l’ancien président Hosni Moubarak en 2011.


« La révolution en Égypte était un pilier du printemps arabe, elle a commencé quelques jours après la Tunisie, a été suivie par la Libye et le Yémen, et aujourd’hui la révolution en Syrie (vise) le régime oppressif » de ce pays, a déclaré M. Morsi. « Notre solidarité avec la lutte que mènent les Syriens contre un régime oppressif qui a perdu sa légitimité est un devoir moral et une nécessité politique et stratégique », a-t-il ajouté. Il a toutefois réitéré sa volonté « à travailler avec toutes les parties pour faire en sorte que le sang s’arrête de couler » en Syrie. Le président égyptien avait tendu la main à Téhéran à la mi-août en proposant la création d’un comité régional quadripartite pour tenter de trouver une solution à la crise syrienne, comprenant l’Égypte, l’Iran, l’Arabie saoudite et la Turquie. Cette initiative avait été bien accueillie par Téhéran, qui voudrait jouer un rôle dans la résolution de cette crise en dépit de l’hostilité des États-Unis et de l’opposition syrienne, jugeant que l’Iran est discrédité par son soutien inconditionnel à Damas.

Colère de Moallem
Les déclarations de M. Morsi ont provoqué la colère et le départ de la délégation syrienne, emmenée par le Premier ministre Waël al-Halaqi. « La délégation syrienne a quitté la salle pour protester contre le contenu du discours de Morsi qui (...) est une ingérence dans les affaires intérieures syriennes et (...) une incitation à la poursuite du bain de sang en Syrie », a déclaré le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Moallem, qui faisait partie de la délégation. Pour leur part, les États-Unis ont salué les « fortes » critiques exprimées par M. Morsi contre la Syrie.


En outre, en marge du sommet, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad et M. Morsi ont discuté du conflit en Syrie et des relations bilatérales rompues depuis plus de trente ans, a rapporté le vice-ministre iranien des Affaires étrangères. « Ils ont insisté sur la nécessité de régler la crise syrienne par la voie diplomatique et d’empêcher toute intervention étrangère », a déclaré Hossein Amir Abdollahian à une télévision iranienne. « Ils ont aussi discuté des moyens d’élever le niveau des relations diplomatiques entre les deux pays », selon lui, alors que M. Morsi est le premier chef d’État égyptien à visiter Téhéran depuis la rupture des relations entre les deux pays. L’Iran a rompu ses relations avec l’Égypte en 1980, peu après la révolution islamique, pour protester contre la conclusion des accords de paix israélo-égyptiens l’année précédente par le président Anouar al-Sadate. « L’Iran considère l’Égypte comme son partenaire stratégique » et est prêt à « apporter son aide au peuple égyptien dans tous les domaines », a déclaré M. Ahmadinejad, selon un communiqué de la présidence iranienne diffusé peu après et repris par l’agence IRNA. Toujours selon ce communiqué, M. Morsi a également déclaré que « l’Égypte considérait l’Iran comme un partenaire stratégique ». M. Morsi a quitté Téhéran peu après sa rencontre avec M. Ahmadinejad, après avoir transmis à l’Iran la présidence tournante du Mouvement des pays non alignés.


Par ailleurs, le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, devait présenter hier à Téhéran un plan destiné à mettre fin à la crise syrienne, articulé autour de la fin des violences et la formation d’un gouvernement d’unité dont Bachar el-Assad pourrait faire partie, a indiqué son porte-parole, Ali Moussaoui. M. Maliki devait également appeler le régime syrien au dialogue avec l’opposition et à des élections organisées sous l’égide de la Ligue arabe, selon M. Moussaoui. « Cette initiative est une version plus élaborée d’une proposition présentée par l’Irak lors du sommet de la Ligue arabe (en mars dernier à Bagdad) à plusieurs dirigeants de la région », a-t-il souligné. L’Irak, qui partage 600 km de frontière avec la Syrie, s’est abstenu depuis le début de la crise d’appeler au départ de M. Assad, préférant mettre l’accent sur la fin des violences.

Lire aussi

À Téhéran, Sleiman et Ahmadinejad d’accord sur « la nécessité d’épargner au Liban les répercussions de la crise syrienne »

 

Et

Les rebelles syriens disent avoir abattu un avion de l’armée

 

Les positions iraniennes sur la crise syrienne ont été contestées sans ménagement hier, à l’ouverture du sommet des non-alignés à Téhéran, par le nouveau président islamiste égyptien Mohammad Morsi. L’Iran, qui défend farouchement le gouvernement du président Bachar el-Assad, a été pris à contre-pied par M. Morsi, qui a dénoncé « le régime oppressif qui a perdu sa...

commentaires (2)

Enfin un "frère musulman" éclairé genre AKP.

Antoine-Serge KARAMAOUN

06 h 00, le 01 septembre 2012

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • Enfin un "frère musulman" éclairé genre AKP.

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    06 h 00, le 01 septembre 2012

  • Un gouvernement de transition, où ceux aux mains trempées de sang ne participeraient pas, et ni les pays qui s'y sont ingérés directement en approvisionnant le régime oppressif en armes, pourrait guider, sous l'égide et la supervision des Nations Unies, la Syrie vers des élections libres et démocratiques.

    SAKR LEBNAN

    00 h 28, le 31 août 2012

Retour en haut