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Liban

Vague de condamnations après le renvoi par la SG de 14 Syriens, Joumblatt réclame le limogeage de Abbas Ibrahim

Le renvoi par le Liban de 14 ressortissants syriens mercredi soir, livrés aux autorités syriennes en dépit du bon sens, a provoqué hier une vague de condamnations. Le plus virulent a sans doute été le chef du Front de la lutte nationale, Walid Joumblatt, qui a réclamé hier que des « mesures disciplinaires » soient prises à l’encontre du directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, allant jusqu’à « sa démission s’il le faut ».
Seuls les Marada ont fait bande à part, prenant en soirée la défense du directeur de la Sûreté et attaquant M. Joumblatt de front. « Appliquer la loi est-il devenu un acte criminel odieux ? L’ingérence d’ambassadeurs dans le processus de décision libanais est-il devenu un acte souverain aux yeux de certains politiciens souverainistes ? Si seulement le directeur de la Sûreté générale pouvait émettre une circulaire expulsant certains politiciens qui ont toujours servi les intérêts des ennemis du Liban », a noté le parti de Sleimane Frangié.
Le chef du PSP avait tiré à boulets rouges sur le directeur de la Sûreté générale dans la journée après l’expulsion des 14 ressortissants, dont quatre opposants au régime syrien.
« Voilà que le directeur de la Sûreté générale offre une preuve supplémentaire de son allégeance totale au régime syrien. Après son aventure policière avec l’arrestation de Chadi Mawlaoui, qui avait failli allumer un incendie à Tripoli et dans le Nord et plonger le Liban dans une grande discorde confessionnelle, le voilà maintenant qui livre 14 ressortissants syriens qui s’étaient réfugiés au Liban, fuyant la répression menée par le régime, parmi lesquels quatre activistes syriens, le tout sous prétexte qu’ils sont réclamés par la justice syrienne sous divers chefs d’accusation », a indiqué M. Joumblatt dans une déclaration publiée sur le site Internet de son parti, le PSP.
« Il serait peut-être utile de rappeler au général (Ibrahim) que la Syrie du temps du Baas et de ce qu’il est convenu d’appeler la stabilité n’a jamais réellement connu le concept de justice indépendante, à l’instar de tous les régimes despotiques. Qu’en serait-il alors à cette étape où tous les garde-fous d’ordre moral et politique sont tombés chez ce régime, qui excelle dans le meurtre, le despotisme et la répression sans pitié ni clémence ? » s’est interrogé M. Joumblatt.
« Le général (Ibrahim) ne sait-il pas que le sort de ces derniers ne sera pas de bénéficier d’un procès équitable devant un tribunal disposant de l’air conditionné, mais qu’ils seront liquidés immédiatement avant même qu’un chef d’accusation ne soit retenu contre eux ? D’autant qu’il s’agit de chefs d’accusation variés et fabriqués de toutes pièces, qui sont totalement conformes aux méthodes traditionnelles du régime syrien dans l’élimination et l’annihilation de tous ses opposants ou de tous ceux qui se mettent en travers de ces schémas diaboliques ? N’est-il pas de notre droit de nous demander, en tant que Libanais, qui nous protège aujourd’hui si un service de sécurité libanais qui dispose de missions sécuritaires importantes est toujours sous la houlette des services de renseignements syriens à Damas ? » a-t-il poursuivi.
« Nous rejetons fermement le fait de livrer tout citoyen syrien qui s’est réfugié au Liban sous n’importe quel prétexte. Cela n’entre pas dans le cadre de la politique de la dissociation sur laquelle il y a eu un accord pour protéger le Liban et éviter de le transformer en arène de règlements de comptes régionaux. Cela constitue au contraire un alignement sur le régime syrien, sinon une obédience à ce dernier, ce qui nécessite une révision totale de la position politique liée à ce qu’il a été convenu d’appeler “la dissociation” », a souligné Walid Joumblatt.
Et d’ajouter : « C’est pourquoi nous demandons au gouvernement libanais et aux autorités officielles concernées d’éclaircir tous les malentendus dans cette affaire, d’ouvrir une enquête pour déterminer les responsabilités et prendre les mesures disciplinaires qui s’imposent à l’encontre du directeur de la Sûreté générale, jusqu’à sa démission s’il le faut, afin de mettre fin à cette mascarade qui se poursuit et qui est fondée sur le suivisme du Liban et de ses institutions sécuritaires à l’égard du régime syrien défunt. »

Siniora
Même son de cloche chez l’ancien Premier ministre Fouad Siniora qui a affirmé, à l’issue d’une réunion avec l’ambassadeur d’Arabie saoudite, Ali Assiri : « C’est inquiétant et suspect. Cela survient après l’affaire de Tripoli et l’arrestation suspecte de Chadi Mawlaoui sous prétexte soi-disant de maîtriser les parties extrémistes de la ville et qui a fini par déchaîner leur courroux. Ce que la Sûreté générale a fait est un acte condamnable par le cœur et par l’esprit simultanément. »
« On ne peut pas livrer 14 personnes à un régime qui tue son peuple comme nous en sommes témoins au quotidien, pour quelque prétexte que ce soit. Nous savons aussi, en raison d’un précédent, que certains réfugiés ont été remis à Damas et ont été immédiatement exécutés. Cela contrevient à la Déclaration universelle des droits de l’homme et à toutes les chartes », a poursuivi M. Siniora.
Et d’ajouter : « Prétexter un accord entre le Liban et la Syrie à ce niveau ne saurait être considéré comme un prétexte suffisant pour livrer ces personnes arrêtées par la Sûreté générale au régime syrien, d’autant que nous savons quel sera leur sort. La Sûreté générale ne devrait pas se suffire du communiqué qu’elle a publié (voir encadré) et qui exprime d’une manière inadmissible la méthode qu’elle a suivie. En tant que courant du Futur, nous rejetons ce qui s’est produit et que nous jugeons inadmissible. Cela devrait faire l’objet de discussions sérieuses à plus d’un niveau. »

Fatfat
Sur un ton aussi virulent que celui de Walid Joumblatt, le député Ahmad Fatfat a estimé que « quelles que soient les raisons invoquées, livrer ces personnes signifie les envoyer à une mort certaine, compte tenu des circonstances actuelles en Syrie ». « Qui assume la responsabilité de ce crime ? Cela a-t-il été fait de concert avec le ministre de l’Intérieur, le Premier ministre et le président de la République ? Ou bien la Sûreté générale est de nouveau un satellite des services de renseignements syriens? Le général Abbas Ibrahim est-il redevenu un employé sous les ordres du général Ali Mamelouk ? Est-ce cela, la politique de dissociation? Les officiers de la Sûreté générale savent-ils qu’il y a dans cette affaire une contravention à la Déclaration universelle des droits de l’homme et qu’ils devront répondre un jour de leurs actes devant la justice internationale ? » a demandé M. Fatfat.
Il a enfin appelé le gouvernement à « clarifier sa position au sujet de ce crime odieux et à sanctionner les responsables au plus tôt pour que cela ne se reproduise plus ».
Interrogé pour sa part sur l’affaire, le député Khaled Daher a indiqué qu’il avait contacté le ministre de l’Intérieur la semaine dernière pour arrêter une opération qui consistait pour la Sûreté générale à livrer sept ressortissants syriens aux autorités de Damas. « Je lui ai dit que cela était honteux. Il m’a répondu que cela était interdit, que nul ne serait livré et qu’il allait lui-même prendre les mesures qui s’imposent pour empêcher cela », a indiqué M. Daher.

Les Forces libanaises
Les Forces libanaises ont également condamné cet acte, estimant que nul ne pourrait protéger les droits de ces 14 personnes en présence d’un tel régime à Damas. « Les prétextes qui ont été avancés sont suffisants pour qu’ils soient déférés devant la justice libanaise, et pas le contraire, surtout au vu des drames et des malheurs qui se produisent en Syrie. Il s’agit d’un alignement sur le régime syrien contre la majorité du peuple syrien et sape toutes les valeurs en relation avec les droits de l’homme, les usages et les pactes internationaux », ont noté les FL dans un communiqué.
Le renvoi par le Liban de 14 ressortissants syriens mercredi soir, livrés aux autorités syriennes en dépit du bon sens, a provoqué hier une vague de condamnations. Le plus virulent a sans doute été le chef du Front de la lutte nationale, Walid Joumblatt, qui a réclamé hier que des « mesures disciplinaires » soient prises à l’encontre du directeur de la Sûreté générale, le...

commentaires (2)

C'est ignoble d'exercer la force imbécile au pouvoir,au détriment des droits de l'homme ,ce général s'il a un minimum de respect pour son devoir ...doit démissionner ,il déshonore la SG et le Liban!

M.V.

03 h 48, le 03 août 2012

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Commentaires (2)

  • C'est ignoble d'exercer la force imbécile au pouvoir,au détriment des droits de l'homme ,ce général s'il a un minimum de respect pour son devoir ...doit démissionner ,il déshonore la SG et le Liban!

    M.V.

    03 h 48, le 03 août 2012

  • HONTE AU LIBAN ! Il n'y a pas un pays au monde qui livre des citoyens réfugiés chez lui à leur pays en guerre civile et qu'ils avaient fui. C'est les envoyer à une FIN plus que certaine...

    SAKR LEBNAN

    01 h 43, le 03 août 2012

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